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Mesures d’accompagnement prises par le président du Faso : les Koudougoulais réagissent

Depuis l’entrée de la maladie à Coronavirus 2019 ou Covid-19 (acronyme anglais de Coronavirus disease 2019) au Burkina Faso, les plus hautes autorités de notre pays ont pris des mesures drastiques pour lui barrer la route. En plus de ces mesures, le président du Faso a annoncé, le 2 avril 2020, des mesures d’accompagnement pour permettre à la population de surmonter les difficultés. Pour savoir comment les citoyens ont accueilli ces mesures, nous avons promené notre micro dans la ville de Koudougou. Voici la réaction de certains d’entre eux.

Ulrich BADO

Pour les mesures d’accompagnement prises par le président du Faso le 2 avril dernier, il faut dire que c’était une attente des populations, parce qu’avec l’apparition du Covid-19 et les mesures de restriction des libertés qui sont intervenues, naturellement les populations attendaient des mesures d’accompagnement, afin que les différentes mesures de protection qui ont été édictées soient respectées. Mais ça a mis du temps avant de venir. Toutefois, mieux vaut tard que jamais, comme le dit un adage.

Le président a pris un certain nombre d’engagements qu’on peut saluer, mais ces mesures, à mon sens, sont insuffisantes et ne touchent pas la grande majorité de la population. Pour les populations qui sont touchées, les mesures sont vagues, puisque, quand on prend sur les plans de l’eau et de l’électricité, il a fait cas des factures qui seront supportées par l’Etat. Mais nous savons tous qu’avec la Sonabel la grande majorité des ménages utilise le cash power. C’est une insuffisance à mon sens qui a amené les citoyens à critiquer et c’est ce qui a commandé que le ministre de l’Energie sorte pour faire une clarification. Mais là aussi on ne sait pas quand la mesure prendra effet et quels sont les ménages qui vont en profiter.

Pour ce qui concerne l’eau, on a précisé la tranche sociale qui sera prise en compte. Mais quand on prend le cas de Koudougou, bien que des ménages payent les factures, nous voyons que chaque année il y a des périodes où il y a une pénurie d’eau : les ménages sont obligés de se rendre au niveau des puits ou des pompes à motricité humaine pour pouvoir se procurer le précieux liquide. À ce niveau-là, donc, l’attente véritable est que l’eau soit disponible pour les ménages. Vous avez vu les images de Djibo où il y a une ruée vers l’eau, parce les gens sont en train de forer la terre pour espérer avoir l’eau de consommation. Nous savons que l’eau est importante dans le cadre de la lutte contre cette maladie. Le lavage des mains sera-t-elle une réalité, si les ménages peinent à avoir de l’eau pour consommer ?

Concernant l’autre aspect des mesures d’accompagnement, je m’attendais plus à ce que le président essaie de desserrer le front social en faisant un clin d’œil aux syndicats qui sont en lutte actuellement, parce qu’on a besoin de l’accompagnement de tous pour faire face à la maladie : les agents de santé, la sécurité, les enseignants et bien d’autres. Comment est-ce qu’un agent de santé peut être motivé à son lieu de travail quand il sait qu’il y a une certaine répression qui est engagée contre lui ?

Justin ZONGO

Pour moi, par rapport à ces mesures d’accompagnement-là, il faut se dire la vérité : ça ne répond pas aux besoins fondamentaux des populations, parce qu’avec l’avènement de cette maladie, beaucoup de citoyens ont vu leur activité se stopper. Et la majeure partie des mesures d’accompagnement qui ont été prises ne leur permet pas de répondre aux besoins de leur famille, parce qu’on les a privés de leurs activités qui leur permettaient, au jour le jour, de pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Et aujourd’hui on jette à la face de ces gens-là des « mesurettes », à la limite ce sont des mesures en réalité qui enrichissent le clan qui anime le pouvoir. En tout cas moi, je ne vois pas en quoi le plan de riposte peut permettre aux populations de tenir. La majorité de la population n’a pas accès à l’eau potable et à l’électricité et on dit que les loyers seront gratuits dans des marchés qui sont déjà fermés. On n’avait pas besoin de leur dire ça, ça devrait être automatique. Aujourd’hui on devrait prendre des mesures qui pourront permettre aux populations d’avoir accès à la nourriture, parce que c’est le premier élément essentiel. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose sur les prix des produits de première nécessité - parce qu’on voit que les prix ont commencé à augmenter et le gouvernement ne dit rien par rapport à cela. Le citoyen, s’il est enfermé chez lui, ce dont il a besoin c’est de la nourriture d’abord, alors que si cette nourriture n’est pas accessible, quelles que soient les mesures qu’on va prendre, à un moment donné il va braver les mesures du gouvernement pour sortir chercher à manger. Pour moi les mesures actuelles sont contre-productives.

Sayouba KARAMBIRI

En ce qui me concerne, je pense que ce sont des mesures qui ont été prises pour arranger les tenants du pouvoir, parce que les populations ne se sentent pas concernées ; elles s’attendaient à une décantation de la situation à travers les mesures que le président du Faso a prises, mais malheureusement dans le contenu ce sont ceux qui sont devant qui en bénéficient. Ce matin, j’étais sur le terrain, et au niveau des bornes-fontaines les gérants ont dit qu’ils ont reçu des instructions, et que c’est une barrique d’eau qu’on peut donner à chacun, même à ceux qui viennent payer pour aller vendre. Personne ne peut avoir plus d’une barrique par jour. Je trouve que cela est injuste, parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui poussent les barriques d’eau pour vendre et ils vivent de ça. Si on refuse de leur vendre l’eau, qu’est-ce qu’ils vont devenir ?

L’autre aspect, c’est la question de la suspension des salaires. Le président du Faso ne s’est pas prononcé là-dessus. Et sur le plan de riposte, la grosse partie de l’enveloppe va servir à prendre en charge ceux qui sont malades et confinés à travers la location des hôtels et autres.

S. Désiré YAMÉOGO

Par rapport aux mesures d’accompagnement prises par le président du Faso, c’est à travers les réseaux sociaux que j’en ai eu vent. Mais jusque-là au niveau de la population on ne sent rien. Pour moi les mesures prises n’avantagent pas les populations. Qu’est-ce qu’ils ont pris comme mesures pour les populations, à part qu’on leur dit de se laver les mains ? C’est vrai que si on se lave les mains on peut lutter un peu contre la maladie, mais il faut avoir des mesures sociales.

Pour ce qui est de la gratuité de l’eau et de l’électricité, moi, je paie toujours mon eau et mon courant. Et même dans ça on n’a pas l’électricité ; chaque jour c’est les coupures d’électricité. Au niveau également de l’eau c’est la même chose ; donc vraiment ça pose problème. Ce ne sont pas des mesures qui peuvent accompagner les populations dans la lutte contre le Covid-19.

Zacharia TÉNÉ

Comme appréciation, je trouve de façon globale positives les mesures qui ont été prises par le président du Faso par rapport au Covid-19. Je crois que les mesures sont en train d’être analysées par les spécialistes pour voir la faisabilité et l’application concrète, et nous attendons l’application de ces mesures pour aider les populations.

Propos recueillis par Michel YAMÉOGO, modérateur Civitac, Koudougou

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