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Abdulaye LOMPO, maire de Diapangou : « Que les autorités prennent à bras-le-corps le problème de l’insécurité et de l’accessibilité de la région de l’Est, pour lui permettre d’amorcer un nouvel élan de développement. »

La commune de Diapangou, située à une vingtaine de kilomètres de Fada, est l’une des six communes de la province du Gourma. A l’instar des autres communes de la région de l’Est, elle a été exposée à l’impact de la double crise sanitaire et sécuritaire que connaît le Burkina Faso. Civitac a obtenu une interview avec son premier responsable, le maire Abdulaye LOMPO. Avec lui, il a entre autres été question de l’insécurité et de la gestion de la maladie à Coronavirus dans sa commune.

Bonjour, Monsieur le Maire. Comment vous portez-vous et vivez ces difficiles moments de crise sanitaire dans votre commune ?
Bonjour. Sur le plan santé, je me porte bien. Dans l’ensemble de la commune, sur le plan sanitaire, il n’y a également pas de problème. C’est vrai que la Covid-19, nous l’avons vécue à un moment, comme l’ensemble des Burkinabè, mais il faut dire que de façon réelle nous n’avons pas eu de cas déclaré dans la commune. Et à ma connaissance, à l’heure où je vous parle, dans la région de l’Est, jusque-là, il n’y a pas eu de cas déclaré non plus. Mais disons quand même que nous l’avons vécue avec l’ensemble des Burkinabè puisque toutes les mesures qui ont été prises l’ont été sur tout le territoire national. Or nous avons vécu ces mesures qui, du reste, ont joué sur l’ensemble des activités que nous menions en son temps dans la commune.
La crise a aussi pesé sur la population de la commune de façon générale, parce que toutes les activités étaient au ralenti, notamment les activités économiques. Vous convenez avec moi que nous avons pris une mesure communale ici pour fermer les différents marchés ainsi que les débits de boissons afin de pouvoir réduire la propagation du virus, d’autant plus qu’on ignorait comment la situation pouvait évoluer. Toute l’économie en son temps a été paralysée pendant un mois et demi. Pour me résumer, de façon directe nous n’avons pas eu de cas, mais pour ce qui est des mesures que le gouvernement a prises, nous les avons appliquées au niveau local. Donc nous avons subi les effets négatifs de cette maladie.

Nous avons subi les effets négatifs de la Covid-19.

Avec l’allègement des mesures restrictives au niveau national et la reprise des cours, comment la commune de Diapangou s’organise-t-elle pour faire face à cette nouvelle étape dans la lutte contre la Covid-19 ?
Effectivement, l’allègement était à deux niveaux : au niveau national, mais également au niveau local. Localement, la mairie de Diapangou a pris des mesures d’allègement, notamment en rouvrant les marchés, juste après l’ouverture du grand marché de Ouagadougou. Outre cela, avec les débits de boissons, bien avant qu’on autorise leur réouverture, nous avons fait des rencontres avec les différents gérants de maquis, pour attirer leur attention sur la nécessité de respecter les mesures en vigueur, afin de limiter la propagation de la maladie. Et cela en disposant notamment de dispositifs de lave-mains et en faisant en sorte que les différents clients soient à des distances d’un mètre. C’est autant de démarches, de rencontres de sensibilisation que nous avons faites avec le monde économique ici pour éviter la maladie. Ou que, même si elle venait dans la région, la commune de Diapangou soit épargnée.

Nous assistons depuis quelque deux semaines à la reprise des cours pour les élèves en classe d’examen. Cette reprise est-elle effective à Diapangou ?
Absolument. Elle est bien effective.

Quelles sont les mesures prises dans ce sens ?
Avec la décision gouvernementale de rouvrir les écoles sur le territoire national, l’ensemble des 26 écoles qui sont dans ma commune, c’est-à-dire qui comportent des classes de CM2, ont été rouvertes aussi et les enfants ont disposé de deux masques. Les écoles ont également été dotées de boules de savon, mais le problème se pose au niveau des lave-mains. Le protocole qui a été signé avec les parents d’élèves stipulait que ce sont ces derniers qui devaient apporter ces lave-mains aux écoles. Malheureusement, avec leur capacité de mobilisation financière, beaucoup n’ont pas pu répondre. Nous avons pu également apporter un appui à ce niveau à certaines écoles qui nous ont saisi sur la question. Je peux citer par exemple l’Ecole primaire B, qui nous a fait la demande et nous avons répondu favorablement. Nous avons cinq collèges et trois lycées, dont le lycée départemental, et deux lycées privés, et tous ont bien repris les cours. C’est vrai, dans un premier temps ces CEG-là ont bénéficié d’un cache-nez par élève, mais à l’heure où je vous parle les élèves sont à deux cache-nez. Les parents d’élèves également ont fait des efforts pour trouver quelques lave-mains pour ces écoles, même si cela reste insuffisant. Donc, actuellement, les classes d’examen de 3e et de Tle ont bien repris et tout se passe bien pour le moment. On s’adapte tant bien que mal.

On s’adapte tant bien que mal.

Peut-on en dire de même des centres de santé et formations sanitaires ?
Absolument. Avec nos partenaires nous avons pu trouver des lave-mains pour nos cinq (05) CSPS, du savon, du gel hydroalcoolique, et d’autres matériels sanitaires et d’entretien pour les appuyer dans la lutte contre la propagation du virus.

Monsieur le maire, nous allons évoluer sur un autre sujet, qui est celui de l’insécurité dans la région de l’Est. Quel est l’impact de cette situation sur votre commune ?
C’est vrai. Je crois que le second problème… non ! Je dirais même que l’insécurité est le premier problème de la région. Nous la vivons de façon plus touchante parce que des communes voisines ont été attaquées. Et vous convenez avec moi qu’en dehors de nos communes d’ailleurs, comme Diapangou, Tibga et Diabo, quand vous prenez le reste des communes de la région, pratiquement elles toutes ont été touchées par ce phénomène de l’insécurité. N’oubliez pas que nous sommes à côté de Fada, et vous avez suivi avec moi que des villages de la commune de Fada, notamment Tanwalbougou, Nagré, Natchabouali, ont été attaqués. Or ces villages abritaient nos ressortissants. Donc avec cette insécurité-là, il y a eu un reflux de ces ressortissants qui sont revenus dans la commune de Diapangou, et actuellement nous en dénombrons près de 2 000. J’avoue que ce n’est pas facile. Donc avec les partenaires et la diaspora, nous nous sommes organisés et nous avons collecté quelques vivres et quelques matériels de première nécessité pour eux, mais le problème demeure entier parce qu’on est loin de pouvoir satisfaire ces revenants-là qui ne demandent d’abord qu’à manger, à s’habiller et même à se loger. C’est vrai qu’on a pu aussi replacer des enfants dans certaines écoles, mais j’avoue que ce n’est pas facile, surtout que nous entrons dans une période hivernale. Ces gens sont venus, les mains nues, ils n’ont rien. Donc il faudrait que les partenaires nous appuient encore pour qu’on puisse traverser cette saison hivernale. Donc l’insécurité a vraiment un grand impact sur la commune de Diapangou. Même si nous n’avons pas été victimes d’une attaque [terroriste], nous subissons les difficultés liées à ça.

Il faudrait que les partenaires nous appuient encore pour qu’on puisse traverser cette saison hivernale.

Le Plan communal de développement de votre commune est dans une procédure de relecture depuis septembre 2019. Au regard de cette situation et des difficultés que vous avez évoquées plus haut, arrivez-vous toujours à mener des activités ?
Effectivement. Bien que ce ne soit pas facile, un certain nombre d’activités sont en cours.

Pouvez-vous brièvement nous dire quels sont vos projets de développement en chantier ?
Les grands projets concernent les secteurs sociaux, c’est-à-dire l’éducation, la santé et l’approvisionnement en eau potable. Présentement, nous venons de terminer la construction de deux CSPS de la commune, d’un dépôt de médicaments génériques (MEG) ; dans un autre CSPS, nous avons construit des logements pour infirmiers. Concernant l’éducation, nous allons bientôt démarrer le chantier d’un CEG dans un village et d’un dispensaire dans un autre village de la commune. Et il y a également un certain nombre de forages en chantier. Le mois de mai dernier, nous étions à 16 forages positifs, dont 11 pour le moment positifs. Sur le plan de l’élevage, nous avons en cours des forages pastoraux. Avec un partenaire qui est Tree Aid, nous sommes en train de renforcer une zone sylvo-pastorale que nous avons délimitée, avec la construction de forages et de boulis. Le secteur de l’agriculture n’est pas en reste. Nous sommes en train de faire un périmètre irrigué dans un village à l’entrée de Fada autour de 21 millions de francs CFA. C’est autant de chantiers en cours. C’est vrai que ce n’est pas aussi simple, mais ce n’est pas pour autant que les activités ne se mènent pas.

Avez-vous un message à lancer ?
Oui, j’en ai. Au gouvernement, je souhaite qu’il prenne à bras-le-corps le problème sécuritaire de la région de l’Est. Mais présentement le débat porte beaucoup plus sur les prochaines échéances électorales. J’avoue que si la situation que nous avons à l’Est continue comme ça, je ne suis pas convaincu qu’il y aurait élection dans toutes les communes de la région. Je souhaite donc que le gouvernement puisse se pencher sérieusement sur ce problème. Ensuite, nous avons également un autre problème, celui lié à l’accessibilité de notre zone. Quand vous arrivez de Ouagadougou, à partir de Gounghin, vous sentez que le reste de la région est difficile d’accès. Je souhaite donc que de façon prioritaire on puisse accorder de l’importance à ces deux défis parce que l’insécurité, ça freine le développement ; et quand on n’a pas de route aussi, il n’y a pas de développement. Je pense que si ces deux défis sont relevés d’ici là, la région de l’Est pourra amorcer un nouvel élan de développement. Je souhaite donc que les autorités s’y mettent pour que ces deux problèmes soient réglés.

Je souhaite que les autorités prennent à bras-le-corps le problème de sécurité.

Au niveau communal, j’invite les gens à continuer dans l’entente, parce que sans dialogue, sans concertation on ne peut pas réussir. Même s’il y a des difficultés, la meilleure chose à faire, c’est de se concerter, car de la concertation jaillie la lumière pour le développement. Que chaque citoyen puisse donner ce qu’il peut donner pour le développement de la commune et qu’également nous puissions, chacun à son niveau, partager ce que nous avons avec les personnes déplacées internes (PDI), nos parents qui ont été victimes de l’insécurité et qui sont revenus à nous. Nous devons les supporter parce qu’ils en ont besoin. Surtout qu’ils ont été traumatisés, nous devons les soutenir pour qu’ils puissent traverser ces moments difficiles.

Propos recueillis par Tûwênd-Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, région de l’Est

     

 

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Du 02 au 03 février 2024.

Atelier bilan sur la mise en œuvre de l’axe 1 de DEPAC-3 avec les collectivités territoriales partenaires du programme les plus touchées par la crise sécuritaire

Jeudi 11 janvier 2024 à Ouagadougou

Cadre de Concertation Communal (CCCo) de TITAO sur la résilience de la santé et l’eau potable dans un contexte de crise sécuritaire

Lundi 18 décembre 2023 à la direction régionale de l’environnement du Nord

 

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