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Offre publique d’assainissement à Fada N’Gourma : la mairie et les associations se serrent les coudes

L’insalubrité est un véritable cancer pour l’Afrique mais reste paradoxalement le parent pauvre des politiques publiques. Cette situation est d’autant plus patente dans les villes moyennes. C’est pourquoi les collectivités territoriales, comme celle de Fada N’Gourma, appuyées de leurs partenaires au développement, multiplient les initiatives pour améliorer l’assainissement et le cadre de vie des populations. Soumay BOLLY, agent communal de l’eau et assainissement dans la commune de Fada, nous explique la situation. Entretien.

Comment s’organise l’assainissement en général et la gestion des déchets en particulier dans la ville de Fada ?
Le secteur connaît la présence d’une multitude d’acteurs qui appuient la mairie dans l’assainissement de la ville de Fada. De ces acteurs, l’on peut citer, entre autres, les structures opérationnelles comme les associations, l’Etablissement public communal pour le Développement (EPCD) - qui intervient comme structure technique de coordination -, les entreprises locales et les bailleurs de fonds.

Comment ces différents acteurs travaillent-ils concrètement sur le terrain ?
On note une importante contribution des associations et d’entreprises locales dans une moindre mesure. Par exemple, la gestion des déchets ménagers est assurée par une coordination des structures associatives d’assainissement qui regroupent huit associations. Celles-ci sont chargées du nettoyage des grandes artères de la ville de Fada et de l’entretien au niveau des infrastructures marchandes telles que la gare routière et le marché central. Au niveau de la gare routière, la mairie avait contractualisé cette activité avec une structure locale du nom de l’Africaine des Services pour le nettoyage et l’évacuation des déchets au niveau du marché. « Mais aujourd’hui, avec les défaillances, c’est l’association des commerçants du marché central qui a pris la relève, avec l’appui technique et le suivi de l’EPCD. » Au niveau de la gare routière, la contractualisation a été faite avec Canta services, qui est chargée du nettoyage et de l’évacuation des déchets solides au niveau de la gare routière ainsi qu’au niveau du marché à bétail. Les nettoyages se font essentiellement les lundi, mercredi et vendredi.

Nous observons à certains endroits de la ville la présence de dépôts sauvages. Pensez-vous que la population collabore suffisamment avec les associations d’assainissement ?
La présence des dépôts sauvages découle du mauvais comportement des riverains. Tous les endroits sont bons pour certains : parcelles non viabilisées, abords des murs, etc. Cela s’explique par l’accroissement de la taille de la ville. Les ménages qui ne sont pas abonnés à un service d’enlèvement des ordures en arrivent à les évacuer dans la rue. Or la participation de la population est vraiment indispensable pour la réussite de la politique communale d’assainissement. Heureusement, la collaboration est fructueuse entre l’administration communale et les associations. C’est évident qu’il y a des résistances du côté des populations. Mais il est important pour la mairie de continuer d’accompagner le développement de ces associations d’assainissement car ce sont elles qui, en première ligne, font les démarches auprès des ménages dans les quartiers pour les encourager à souscrire à leur service d’enlèvement des ordures ménagères en mettant à leur disposition des demi-bacs. Nous sommes actuellement en partenariat avec les partenaires techniques et financiers pour créer des sites de stockage des déchets par quartier où peuvent être rassemblés les déchets, qui sont ensuite acheminés vers Koaré, la décharge finale située à la sortie de Fada.

A travers l’EPCD, la mairie procède régulièrement à la formation des associations en marketing social. Avec l’accroissement de la ville, le besoin de renforcer la sensibilisation des riverains s’impose. D’autant plus que payer pour évacuer ses ordures ménagères ne fait pas partie de leurs habitudes.

Certains dépôts sauvages sont ainsi visibles aux abords de certaines grandes voies.

Et les boues de vidange ?
Côté latrines, il y a des vidangeurs manuels qui sont en train de se structurer pour mettre en place une association afin de pouvoir agir dans les règles de l’art. La mairie dispose maintenant d’un camion vidangeur dans la ville de Fada. Ce qui facilite les choses. Dans le temps, la marie faisait appel à des vidangeurs qui venaient de Koupéla ou de Ouaga. Et même là, il fallait qu’il y ait de gros demandeurs comme l’ENEP, le centre hospitalier régional avant qu’ils ne se déplacent. Cette difficulté est maintenant levée.

Arrive-t-on à stériliser et réutiliser ces boues au niveau local dans l’agriculture ?
Le traitement des boues de vidange ne se fait pas dans les règles de l’art car une fois la vidange effectuée, les boues sont immédiatement sollicitées par les maraîchers et les agriculteurs. Ces boues-là sont ensuite déversées dans les champs où elles sont juste séchées et utilisées. Nous travaillons à sensibiliser les acteurs pour qu’ensemble on adopte les bonnes pratiques hygiéniques en la matière.

Vous avez expliqué que la sensibilisation tient une place importante dans vos activités. Comment la mairie assure-t-elle cette sensibilisation ?
Il y a plusieurs types de de sensibilisation de proximité qui se font. La mairie opère par exemple des visites à domicile durant lesquelles des boîtes à images aident à illustrer les villes propres et moins propres, etc. Et l’attitude à adopter pour atteindre le degré ville propre. Nous avons également des sensibilisations de masse et des assemblées générales dans les secteurs. Les associations d’assainissement ont pour charge également de planifier et de conduire des activités de sensibilisation. Et ensemble, nous arrivons à passer de bons messages.

De plus, des journées de salubrité (JDS) par secteur puis au niveau de la ville sont organisées afin d’amener les populations à adopter des attitudes adéquates. Au niveau du grand marché également des JDS sont organisées une fois par mois où les commerçants ainsi que les structures associatives sont impliqués et mobilisés avec des moyens de transport pour l’évacuation des déchets.

Dans le domaine du palais de justice, qui était une zone non viabilisée, la mairie a organisé une campagne d’enlèvement des ordures qui a connu un succès. Quatre-vingts (80) tonnes de déchets ont été acheminées vers le site final. Des plaques ont été implantées pour dissuader les populations riveraines de jeter les ordures dans la nature.

Nous avons noté une grande propreté au Lycée provincial Diaba-Lompo. Comment se présente le dispositif au niveau des établissements scolaires d’enseignement ?
Dans les écoles, la mairie, à travers l’Association des parents d’élèves, est à pied d’œuvre depuis des années pour assurer un lieu sain, d’autant plus que ce sont des lieux d’éducation. Interviennent également des ONG et fondations pour sensibiliser les élèves par le biais de théâtres-fora, des causeries-débats, des films, des émissions radiophoniques. Les établissements sont régulièrement dotés en latrines, en urinoirs, en bacs à ordure, etc. Et cette précaution s’est accentuée avec la venue de la maladie à Coronavirus.

La police de l’eau veille au grain pour sensibiliser et interpeller.

Lui arrive-t-elle d’émettre des sanctions ?
Non. Juste des interpellations. C’est le cas des ménages qui font la vidange de leur W.-C. et déversent la boue dans la rue ou devant leur concession. Nous voulons des ménages modèles dans la ville. Donc une fois que nous avons la notification d’un cas pareil, on rencontre le chef de ménage pour échanger et demander, échéance à l’appui, d’enlever les déchets. Et dans la majorité des cas, les gens coopèrent et prennent les dispositions pour évacuer avant le délai.

Vous avez parlé de ménages modèles ?
Oui. Beaucoup d’ouvrages d’assainissement ont été réalisés dans la ville de Fada. Donc une famille qui dispose déjà d’une latrine, d’une douche avec un puisard est d’office considérée comme un ménage modèle. Nous incitons donc les autres ménages à visiter ces ménages modèles. Cette technique a souvent marché. Après la visite, des chefs de ménage manifestent l’intérêt et souscrivent pour des infrastructures d’assainissement adéquates chez eux.

Et comment se fait la gestion de la propreté des infrastructures d’eau ?
Vous savez que dans la réforme de l’eau, l’Etat délègue son pouvoir aux directions régionales qui le délèguent, à leur tour, aux collectivités territoriales. Dans la commune urbaine de Fada, les forages sont gérés par l’ONEA, avec lequel elle a signé un contrat d’affermage. Comme l’ONEA ne peut pas gérer seul tout ce patrimoine, les populations bénéficiaires se sont organisées pour créer des petits comités de surveillance. Ceux-ci désignent des gérants, souvent composés d’hommes ou de femmes du troisième âge. Ces comités sont formés en plénière ou sur le terrain sur les mesures et règles d’hygiène à observer. Dans les villages, ce sont les Associations des usagers de l’eau (AUE) qui ont la charge de la gestion du patrimoine hydraulique qui se trouve dans leur village. Ces AUE contractualisent avec un gestionnaire qui est sur place, qui sensibilise, qui veille à ce que les gens ne montent avec des chaussures au niveau du forage, ou fassent la lessive à proximité du forage, etc. Maintenant si le gestionnaire rencontre des difficultés, il en touche un mot au président de l’AUE qui s’organise avec les autres membres pour résoudre le problème. Les problèmes techniques liés au fonctionnement du forage sont gérés par l’agent réparateur, accrédité au niveau communal.

Rencontrez-vous des difficultés en tant qu’agent communal chargé de l’assainissement ?
Absolument. Les difficultés sont inhérentes à toute activité. Il faut nécessairement être sur le terrain régulièrement pour rester en contact avec les acteurs opérationnels. Et cela n’est pas facile. En outre, face aux personnes récalcitrantes, si l’agent n’est pas assez posé d’esprit, il peut entrer dans le décor. Les difficultés financières pour la sensibilisation sur le terrain sont également à relever. Malgré tout cela, nous travaillons pour que les populations aient des infrastructures de qualité.

Avez-vous un mot de fin ?
Nous demandons une synergie d’action entre les différents acteurs qui interviennent dans la commune. Il est important de renforcer les cadres de concertation entre les différents acteurs pour optimiser l’offre et éviter de faire des doublons sur le terrain. Nous remercions les partenaires qui nous aident à améliorer l’assainissement et le taux d’accès à l’assainissement et à l’eau potable aux populations de notre région.

Entretien réalisé par Tûwênd-Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, région de l’Est

     

 

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