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Récupération de la ferraille : un gagne-pain à protéger et à valoriser

La récupération de la ferraille s’est imposée depuis deux décennies comme une activité incontournable dans nos cités. Petites et moyennes villes, villages, campements et hameaux de culture, nul endroit n’est épargné. Il n’est pas rare de croiser des enfants, le plus souvent des écoliers, qui veulent se faire quelques sous, sillonner rues et champs, sacs en main, fouillant de fond en comble les poubelles en ville ou le tampouré (dépôt d’ordures ménagères derrière les maisons) au village à la recherche de métaux. Les vieux morceaux de fer, de plomb ou d’aluminium ne sont pas épargnés. Ces métaux sont ensuite pesés auprès de petits ou moyens collectionneurs pour 75 CFA le kilogramme. Ces derniers, à leur tour, vendent leur « collection » à des grands collectionneurs.

Un secteur prometteur mais négligé
Inoussa LANKOANDÉ, installé au secteur 1 de Fada, est l’un des trois grands collectionneurs de ferraille et de plastiques dans la ville de Yendabri. Il pratique cette activité de façon informelle depuis une vingtaine d’années. Son entrepôt a l’air d’une cage au trésor. Devant la cour, la « marchandise », bien empilée dans des sacs de 100 kg ou dans de vieilles moustiquaires, est entreposée dans de vieux camions. A l’intérieur, en plein milieu de la cour, divers morceaux de fer, de vieilles pièces d’engins à deux roues, de frigos, de vieux fourneaux en fer sont entassées sens dessous dessus. A gauche, deux hommes s’activent dans un petit atelier de confection de fourneau, de tamisiers et autres objets utilitaires ménagers. A droite, une belle collection de marmites est bien visible. Sur cet espace de travail, une demi-douzaine de jeunes garçons, tout en sueur, coulent l’aluminium pour fabriquer d’autres marmites.

Toute cette petite entreprise de valorisation existe grâce aux vieux métaux recueillis. Et M. LANKOANDÉ, la cinquantaine révolue, a pris du temps avant d’en arriver là. Il explique : « J’ai commencé l’activité de récupération avec les vieilles chaussures que je collectais pour aller vendre au Nigeria. […] Et puis le besoin du fer s’est manifesté. J’ai donc abandonné les chaussures au profit de celui-ci, plus rentable. Pendant plus de 15 ans, la ferraille récupérée était alors transportée à Lomé, au Togo, pour la vente. Mais depuis la création de Cimetal [ndlr. entreprise spécialisée en métaux de construction], je vends maintenant mon fer à Ouagadougou. »

Des sacs empilés, prêts à être embarqués à Ouagadougou pour la vente.

Aidé de ses trois fils, cet entrepreneur peut récupérer et vendre plusieurs dizaines de tonnes par an, au prix de 150 000 ou 140 000 F CFA la tonne ; mais n’arrive pas à le savoir avec précision. « Je n’ai pas été à l’école, donc je n’arrive pas à écrire. C’est un handicap. En outre, on n’a pas de soutien. Tout le monde néglige notre métier. Je ne sais pas pourquoi. C’est parce que ça ne se trouve pas dans papier de blanc ? » s’offusque-t-il. Pour lui, la récupération de la ferraille, au-delà de l’aspect économique, est un véritable service d’intérêt public. « Grâce à nous, le tétanos se fait rare. On a nettoyé la ville jusque dans les brousses, des vieux morceaux de fer rouillés… », justifie l’homme, impassible.

M. Inoussa LANKOANDÉ demande un accompagnement du secteur par les autorités.

Moderniser le secteur ?
C’est une interrogation qui vaut la peine d’être posée devant la réalité des faits. La plupart des entrepreneurs dans le secteur de la récupération et du recyclage sont dans l’informel. Face au développement des villes, et plus particulièrement à la modernisation du secteur de la construction, du bâtiment et des travaux publics, l’usage des métaux devient un enjeu stratégique. Il sied donc pour l’autorité d’envisager un programme d’accompagnement et d’encadrement des acteurs de ce secteur afin d’optimiser la portée économique et environnementale du secteur de la récupération/recyclage. L’accompagnement sous forme de sensibilisation et d’appui-conseil est d’autant plus nécessaire pour réduire l’exportation du fer, dont, à en croire certains experts, porte préjudice au secteur du recyclage de la ferraille sur le plan local du fait de la rareté de la « matière première ». Et cette rareté de la matière première « risque de mettre en péril l’activité de nos artisans » qui, avec le fer de récupération, arrivent à façonner divers produits allant des jouets aux objets d’art en passant par des ustensiles de cuisine et le matériel d’agriculture (pioche et daba).

Des transformations artisanales de certains métaux sont faites dans l’atelier.

En attendant que le secteur connaisse de lendemains meilleurs sur les plans organisationnel et institutionnel, des milliers de personnes au Burkina Faso - comme M. LANKOANDÉ - et de familles continueront à risquer leur santé pour s’en sortir.

Tûwênd-Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, région de l’Est

     

 

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