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Les déplacés internes à Fada et leur combat pour une insertion économique

Ils ont fui et tout laissé derrière eux : maison et champs, bétail et greniers. Eux, ce sont les déplacés internes qui ont trouvé refuge à Fada N’Gourma. Venus de lieux divers comme Barsalogho dans le Centre-Nord, Logobou, Thion ou encore Nagré, ils ont relié Fada pour sauver leur vie. Mais le cauchemar perdure. Car, s’ils ne craignent plus maintenant pour leur vie, ce n’est le cas pour leur survie. En l’absence de possibilité d’insertion économique, manger et subvenir aux besoins de base sont des défis existentiels. « C’est vraiment dur. Cela fait maintenant une semaine que je n’ai pas mangé un bon plat (soupirs). Ça fait pitié, hein (rire nerveux). Je cherche du travail qui peut juste me donner à manger chaque jour », confie K.S, un déplacé de Pensa.

Quelle ironie du destin qu’un agriculteur manque de vivres ! déplore KS.
Jean Damase/Civitac

La situation de KS et des trois personnes à sa charge a fortement détérioré ces derniers mois. Aux premiers moments de son arrivée à Fada, il a beaucoup bénéficié du soutien de son frère qui l’a accueilli, lui et sa famille. « Cela fait 10 mois que je suis là. On a fui notre cour en septembre 2019 quand ils [des individus armés non identifiés] sont venus égorger 5 hommes dans notre village. On est parti le même jour. On s’est d’abord réfugié à Barsalogho, et en février, on est venu ici retrouver mon frère qui fait du commerce », raconte K.S.

Mais la situation économique de son frère a périclité sous le poids des bouches à nourrir. Et depuis, c’est la croix et la bannière pour KS et sa famille. « On a pris nos noms deux fois, qu’on va nous aider. Mais on a eu un kilo de riz depuis juin ! Ce n’est pas de leur faute, aussi. On est nombreux. »

BL, une autre déplacée, a été plus chanceuse. Venue de Logobou en mai passé avec une de ses coépouses, elles ont été dotées à plusieurs reprises de rations alimentaires d’organismes humanitaire et gouvernemental. Embauchée dans un groupement de transformation de beurre de karité, elle a laissé entendre que son réseau familial a été déterminant dans son insertion économique. « Quelque temps après mon arrivée, j’accompagnais la voisine de ma belle-sœur pour aller laver des habits dans des familles. Je gagnais 1 500 ou 2 000 F CFA par semaine. Cela me permettait de subvenir à mes besoins et à ceux de la famille. Et un jour, après le djouma [grande prière du vendredi], on m’a dit qu’un groupement recherchait de la main-d’œuvre. En tout cas j’arrive à avoir quelque chose. C’est vrai que le travail est en fonction des périodes, mais en tout cas je ne me plains pas, ça va. Et maintenant c’est ma coépouse qui va laver les habits quand je travaille. Quand il n’y a pas de travail, on va ensemble. »

Interrogé à la mairie de Fada, un agent confie que le soutien de la municipalité et de ses partenaires se limite pour le moment à l’aide humanitaire. « Il est difficile de parler d’insertion socio-économique. La situation est relativement complexe. C’est pourquoi nous appelons à la solidarité de tous pour permettre d’abord à tous les déplacés de se loger et de manger. C’est le défi. »

En attendant que les choses se calment pour qu’elle retourne dans sa maison, BL fait des pieds et des mains pour prendre soin de sa famille.
Jean Damase/Civitac

Et ce défi demeure entier pour MB, un autre déplacé venu de Nagré. Il regrette son village et nous l’exprime éloquemment en ces termes : « On n’a jamais connu cette situation au village. Un chef de famille qui compte sur les gens pour nourrir sa famille ! Astaghfiroul-Laaha ! [J’implore le Pardon]. Ironie du destin. Avant c’est nous qui envoyions des vivres à nos parents ici en ville. Mais voilà aujourd’hui ! (soupirs) Ironie du destin. » Pour Blaise TINDANO, agent à l’Ocades Caritas de Fada N’Gourma, il est important de soutenir la résilience de ces populations. « Nous souhaitons que la situation s’améliore pour que chaque déplacé puisse retrouver sa maison. Mais en attendant, c’est un devoir pour chacun de nous de les assister. Nos frères ont beaucoup souffert et ont besoin de nous. L’Ocades est dans cette dynamique, mais c’est loin d’être suffisant. »

A en croire M. TINDANO, grâce à la charité des fidèles, l’organisation caritative catholique est à l’avant-garde de l’accompagnement des déplacés avec des produits de première nécessité. Un petit noyau de la structure est installé dans chaque communauté chrétienne de base (CCB) et ils alertent le comité paroissial dès qu’un nouveau déplacé vient dans leur localité. Ça nous permet de tenir à jour une liste des personnes nécessiteuses qui sont dans le besoin et on les soutient sans distinction aucune.

Blaise Tindano, agent à l’Ocades Fada.

En attendant de lendemains meilleurs où il pourra repartir chez lui, KS veut aller tenter sa chance plus loin, à Bagré. « J’ai un parent à Tenkodogo. Il dit que là-bas [Bagré], il y a du travail dans les champs et dans les usines de transformation. »

Tûwênd-Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, région de l’Est

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