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« Pendant longtemps, on a traité les jeunes d’irresponsables », Saïdou KOANDA, président du Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest

L’année 2020 a été marquée par la grave crise de la maladie à coronavirus, qui a mis en berne plusieurs activités à tous les niveaux. Malgré tout, le Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest est parvenu à développer beaucoup d’initiatives aussi bien pour participer à la lutte contre la maladie que pour l’épanouissement des jeunes de la région. Pour mieux comprendre la motivation d’un tel engagement, nous sommes allé à la rencontre de Saïdou KOANDA, président de cette faîtière des structures de jeunesse du Centre-Ouest. Dans cette interview qu’il nous a accordée le 8 février dernier dans les locaux de l’organisation, il évoque également les difficultés rencontrées et les perspectives pour l’année 2021.

Comment se porte le président du Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest ?
(Rires). Le président du Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest se porte bien. On se réveille le matin avec beaucoup de motivation parce qu’on a la conviction qu’on participe à faire avancer les choses dans notre pays. Du coup, c’est avec beaucoup de joie et de fierté qu’on débute chaque semaine et chaque journée.

Comment a-t-on-vécu l’année 2020 au Conseil régional de la jeunesse ?
L’année 2020 a débuté avec beaucoup de difficultés liées au contexte sanitaire que vous connaissez (la pandémie de Covid-19, ndlr). Beaucoup d’activités ont été mises en difficulté, que ce soit au niveau des partenaires financiers pour la mobilisation des ressources, ou que ce soit au niveau de la disponibilité des gens, et aussi tenant compte du respect des mesures barrières, nous avons dû nous réadapter et faire preuve de résilience. Tout cela nous a conduits à développer des initiatives pour apporter également la contribution de la jeunesse de la région du Centre-Ouest à la lutte contre la maladie à coronavirus.

Quelles sont les grandes activités que vous avez pu développer au cours de l’année 2020 ?
Nous avons commencé avec le processus de rédaction de notre plan stratégique de développement par la mise en place du comité de pilotage. Il y a eu également des tournées au niveau des provinces pour prendre la mesure des difficultés que les différentes associations et conseils de jeunes rencontrent. Avec l’avènement de la Covid-19 qui a mis en berne ces initiatives, nous avons développé beaucoup d’activités pour faire face à la maladie. Nous avons pour cela mis en œuvre trois programmes en marche.

Formation de couturiers de la commune de Koudougou pour la confection de bavettes dans le cadre du projet "Bouclier Covid-19", financé par le PNUD et la République du Japon.

Dans un premier temps, de façon spontanée et avec l’appui des aînés et de certains partenaires, nous avons pu mettre en place l’opération « Stop coronavirus », qui a mobilisé des associations de jeunesse autour de trois types d’activités. D’abord, il y a eu une opération de communication de masse sur les réseaux sociaux, notamment WhatsApp et Facebook, où nous avons diffusé des messages de sensibilisation sur la maladie. Nous avons ensuite confectionné des panneaux de sensibilisation que nous avons installés à des endroits stratégiques, et qui peuvent toujours être constatés dans la ville. Enfin nous avons fait une distribution de matériel de protection dans les différentes provinces.

Avec le bureau national, nous avons aussi lancé le projet « Bataillon 20-20 », qui a consisté à renforcer les capacités de résilience d’une centaine de jeunes, notamment en les formant dans la production de savon liquide et de solutions hydro-alcooliques. Toujours dans le cadre de ce projet, nous avons mobilisé une cinquantaine de volontaires pour la sensibilisation de la population et la distribution de matériel de protection. Le dernier programme c’est le projet « Bouclier Covid-19 », qui a reçu l’appui du PNUD et de la République du Japon. Il a permis de mettre en place des activités contre la pandémie dans les communes de Koudougou et de Léo.

A ces activités s’ajoute la journée internationale de la jeunesse que nous avons célébrée. Elle a été une opportunité pour rappeler le rôle et la responsabilité des jeunes dans la participation citoyenne. Elle a été marquée par l’ouverture officielle du siège du Conseil régional, qui représente pour nous une étape décisive et un pas important vers la professionnalisation des organisations de jeunesse. Pour clore cette grande activité, nous avons organisé une soirée de reconnaissance de mérite de certaines organisations de jeunes et de personnalités qui nous ont toujours soutenus.

Coupure de ruban pour l’ouverture officielle du siège du Conseil régional de la jeunesse par Madame le gouverneur, le 10 octobre 2020.

Au regard de tout ce que le Conseil a pu mener comme actions, est-ce que l’on peut dire qu’il y a un sentiment de satisfaction qui se dégage à votre niveau ?
Oui ! Disons que malgré le contexte, nous avons réussi à amener le Conseil régional à un niveau où l’on peut dire qu’il compte parmi les faîtières qui impactent le vécu des jeunes. Je pense d’ailleurs que c’est l’objectif que nous nous sommes fixé, à savoir que l’on considère les jeunes comme une force de proposition et d’action. On peut dire avec satisfaction que nos actions ont participé à l’avancée de notre région en matière de développement. Nous sommes d’autant plus fiers que nous avons été les premiers (parmi les organisations de jeunesse, ndlr) à lancer l’initiative contre la Covid-19.

Quelles ont été les insuffisances selon vous ?
Il y a des choses que nous avons voulu faire mais qui n’ont malheureusement pas abouti. Mais nous les prenons comme des défis. Nous n’avons pas pu boucler la validation de notre plan stratégique de développement, eu égard non seulement aux difficultés que le pays a traversées, mais aussi parce que les acteurs concernés étaient sur d’autres fronts. Nous n’avons pas non plus pu boucler la mise en place de tous les conseils communaux. Ce sont des activités qui n’ont pas pu se réaliser parce qu’il y a la question financière qui se pose, la disponibilité des ressources humaines également parce que nous sommes des bénévoles qui sont professionnellement engagés ailleurs.

Le Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest est sans doute l’une des OSC les plus actives au niveau de la région, sinon la plus active, qu’est-ce qui motive autant d’engagement ?
Déjà, ça me donne l’opportunité de remercier tous ceux qui sont mobilisés autour des activités du Conseil régional, depuis les conseils provinciaux et communaux jusqu’aux membres qui sont à mes côtés. Pour beaucoup d’activités, je n’étais pas disponible mais elles ont pu être réalisées parce que j’ai une équipe suffisamment engagée et qui partage la vision globale que nous avons de la gestion et du fonctionnement du Conseil. La motivation, c’est la volonté surtout de changer le regard que beaucoup de gens ont des organisations de jeunesse. Pendant longtemps, on a traité les jeunes d’irresponsables. Evidemment, il y a beaucoup de brebis galeuses, mais nous pensons être en mesure de changer cette perception. Et la meilleure façon d’y arriver, c’est tout simplement de travailler.

Quel est votre message à l’endroit des partenaires grâce auxquels vous arrivez à dérouler toutes ces activités ?
Je leur traduis toute la satisfaction du bureau exécutif du Conseil et de l’ensemble des jeunes de la région que je représente pour la collaboration. Il est vrai que très souvent ce n’est pas facile, mais on arrive à se comprendre. Je veux parler du Laboratoire Citoyennetés et du PNUD. Sur le plan administratif, il y a le gouverneur et toute son équipe, le Centre d’écoute et de dialogue des jeunes de Koudougou, la direction régionale de la jeunesse et toutes les autres directions qui nous impliquent dans leurs initiatives. Mon chapeau à la direction régionale de la santé, qui a facilité beaucoup de nos activités. Je profite leur demander de rester à nos côtés pour les défis à venir.

Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez dans la mise en œuvre de vos activités ?
En termes de difficultés, il y a le manque de personnel. Nous travaillons en tant que bénévoles comme je l’ai dit, alors que nous avons des responsabilités professionnelles ailleurs, ce qui fait que l’on n’est pas forcément disponible, entrainant ainsi le piétinement de certains dossiers. Avec certains partenaires très regardants par rapport aux délais et aux timings, ce n’est pas toujours simple. Mais je pense que ce sont des difficultés que l’on pourrait résoudre en 2021 en recrutant du personnel, notamment des chargés de programme et des gestionnaires, mais aussi en essayant de nous libérer davantage pour pouvoir être efficace. Au-delà de tout ça, c’est la question que tout le monde connaît, à savoir l’argent. Pour pouvoir réaliser nos ambitions et faire en sorte que les jeunes de toute la région puissent être une force d’action, il nous faut assez de moyens pour les accompagner.

Pour 2021, quelles sont vos perspectives ?
C’est d’abord l’adoption de notre plan stratégique de développement. On est suffisamment avancé. C’est juste que ces temps-ci il y a des difficultés qui font qu’on a ralenti avec le travail. Ensuite, ça sera l’achèvement de la mise en place des conseils communaux. Enfin il y a trois domaines dans lesquels nous comptons nous mobiliser cette année, à savoir l’entrepreneuriat. A ce titre, il y a le Programme d’Appui à a Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole (PAPEA) avec lequel nous avons commencé à travailler et comptons poursuivre. Nous sommes aussi en train de prospecter au niveau du Programme d’Amélioration des Moyens d’Existence Durables (PAMED).

Nous avons la question de la représentativité des jeunes dans les sphères de décision. Avec les élections municipales qui arrivent, nous allons nous mettre au charbon pour mobiliser le maximum de jeunes afin de faire le plaidoyer et le lobbying pour leur positionnement sur les listes électorales, mais également travailler à avoir beaucoup de jeunes qui votent. Nous avons aussi des initiatives pour renforcer les capacités des organisations de jeunesse. L’autre ambition c’est de pouvoir acquérir un terrain et commencer la construction d’un siège fixe pour le Conseil régional parce que nous sommes actuellement en location.

Si vous avez un message, à qui souhaitez-vous l’adresser ?
Mon message va à l’endroit des jeunes. C’est celui de faire en sorte que notre génération puisse participer de façon significative à la transformation de notre société. Pour moi, nous devons non seulement poursuivre ce que nous faisons, mais également innover en apprenant à faire autrement. Cela passe par la formation que nous n’allons pas hésiter à développer.

L’autre message c’est à l’endroit des autorités au niveau régional. Je pense à notre directeur de tutelle et au gouverneur. Je leur demande de continuer à nous supporter et à nous soutenir.

Aux partenaires qui sont déjà là, je voudrais leur demander de continuer à nous apporter leur appui.

A tous ceux qui souhaitent travailler avec le Conseil régional de la jeunesse, que ce soit des organisations de jeunes, des ONG ou des structures étatiques ou inter-Etats, nous sommes ouverts. Nous avons des idées que nous pouvons proposer. Nous avons également des initiatives et nous avons seulement besoin de leur accompagnement pour les réaliser afin que les jeunes puissent occuper leur place dans le développement.

Propos recueillis par Romuald Windenonga OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Centre-Ouest

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