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Portrait : Sabine OUÉDRAOGO, l’amazone de la région du Sahel

Des femmes qui contribuent de manière significative au développement local, il en existe en grand nombre dans notre société. Par leur engagement, elles ont réussi à s’imposer au point de faire l’unanimité et de constituer des sources d’inspiration pour beaucoup de personnes. Le nom de Madame Sabine OUÉDRAOGO, née COMPAORÉ, est inscrit sur cette liste de personnes qui sont arrivées à impacter positivement leurs communautés. Installée à Dori depuis deux décennies, elle est aujourd’hui l’une des figures incontournables dans la lutte pour l’épanouissement des femmes de la région du Sahel. Portrait d’une femme qui a donné de sa personne et continue d’en donner pour que la femme occupe la place qui lui revient de droit dans une société où cet être pourtant si cher a toujours été relégué au second plan.

Avec la soixantaine bien sonnée, cela fait plus de vingt (20) ans que Sabine OUÉDRAOGO, née COMPAORÉ, est résolument engagée pour le bien-être de l’autre moitié du ciel. Originaire de la province du Boulgou, dans la région du Centre-Est, c’est en 1997 qu’elle pose ses valises à Dori avec son mari. Un déménagement qui, au départ, n’était pas du goût de celle que beaucoup appellent affectueusement aujourd’hui à Dori ‘’Mme OUÉDRAOGO’’, ou encore ‘’Tantie’’. Mais, encouragée par son beau-père, elle se décide finalement à s’y installer. De militante en passant par première responsable de plusieurs associations, son engagement a fait d’elle aujourd’hui une véritable référence pour les femmes et une personne-ressource dans la région sur bon nombre de questions relatives au développement local.

L’association Dotinogo, le début d’un engagement sans repos
Si Mme OUÉDRAOGO a fait du monde associatif sa véritable passion, rien ne laissait pourtant présager qu’elle allait aujourd’hui en être l’une des figures emblématiques dans la région du Sahel. Pour comprendre les débuts de ce parcours hors du commun, il faut remonter aux premières années de son arrivée dans la ville de Dori. Elle raconte : « Lorsque nous sommes arrivés à Dori, il n’y avait pas assez d’organisations féminines. Je participais cependant aux rencontres des ressortissants de la province du Boulgou, et c’est là que j’ai constaté que les femmes étaient en marge du fonctionnement de ces structures. J’ai alors décidé de créer le groupement féminin Dotinogo, qui signifie en langue bissa ‘’Il fait bon vivre ensemble’’. »

Après la création du groupement, elle remarque que beaucoup de membres sont analphabètes. Elle a alors l’idée d’approcher l’O.N.G. DANIDA à l’époque, afin de voir dans quelle mesure elle pouvait appuyer la structure pour l’alphabétisation de ses membres. Une demande qui sera acceptée par cette O.N.G. qui, pour la première année, apporte son soutien au groupement en prenant en charge les fournitures des apprenantes et l’animatrice des cours. N’ayant pas beaucoup de moyens, c’est au domicile de Mme OUÉDRAOGO que les cours se déroulent. A la deuxième année, l’Union fraternelle des Croyants de Dori poursuit le processus d’alphabétisation avec le groupement. Année après année, le groupement, fort de son apport à l’épanouissement des femmes, se voit faciliter l’accès à des fonds d’appui, parmi lesquels le Fonds national pour l’éducation non formelle (FONAEF).

Une dame aux multiples casquettes
Des casquettes, Mme OUÉDRAOGO en a porté et continue d’en porter. En 2006, elle est élue à la tête de la Coordination communale des femmes de Dori. En plus d’être la présidente de l’association féminine Dotinogo du Sahel, elle est, à ce jour, point focal de la Coalition burkinabè des droits de la femme, coordinatrice régionale de l’Association des femmes rurales du Sahel, présidente de la Corporation des métiers de l’hygiène et alimentation du Séno, présidente de l’Union régionale de l’hygiène et alimentation du Sahel, présidente du Cadre de concertation des femmes artisanes du Sahel, membre de la Confédération syndicale burkinabè.

Mme OUÉDRAOGO est également point focal du Laboratoire Citoyennetés au Sahel, point focal de la COPEFAX au Sahel, coordinatrice régionale des Organisations féminines du Sahel, Secrétaire générale de la Fédération Femme et Développement Antenne du Séno, coordinatrice de la Cellule WILPE Dori pour la lutte contre la prolifération des armes légères et le rétablissement de la paix et la cohésion sociale. Plus récemment, soit en 2019, elle a été portée à la tête de la Coordination régionale des organisations féminines du Sahel.

Le sentiment d’un devoir accompli
Après tant d’années de don de soi pour le bonheur des populations du Sahel, Mme OUÉDRAOGO peut se réjouir de ce qui a été accompli grâce à elle. « Aujourd’hui, c’est une satisfaction morale que j’ai. Si je me réfère à une vingtaine d’années lorsque je suis arrivée à Dori, c’était compliqué parce qu’on disait que les femmes ne pouvaient pas se rendre aux rencontres. Mais aujourd’hui, non seulement elles s’y rendent, mais aussi elles y participent activement. Il y a un plus chez celles qui ont compris qu’en réalité dans un foyer ce n’est pas l’homme uniquement qui doit mettre la main à la poche. La femme doit aussi contribuer, tout en gardant son rôle de mère. »

Elle est davantage satisfaite car ses mérites ont été reconnus par les plus hautes autorités. En 2013, lors des festivités du 11-Décembre à Dori, elle a reçu la médaille d’honneur des collectivités locales. En 2014, à l’occasion de la Journée nationale du paysan à Fada N’Gourma, elle est faite chevalière de l’Ordre du mérite, agrafe artisanat. En 2020 à Ouagadougou, elle obtient la médaille de chevalier de l’Ordre de mérite, agrafe action sociale. Des distinctions qui, selon l’amazone, « sonnent comme une invite à poursuivre le combat et à se dire qu’on ne s’est pas trompé de route. Tant qu’on a la vie, il faut lutter. »

Mme OUÉDRAOGO recevant son attestation de participation à un atelier de formation sur la communication publique et multimédia à Dori.

Lutter, c’est justement ce que Mme OUÉDRAOGO n’a eu de cesse de faire. Aujourd’hui, elle est devenue ce bel exemple d’engagement citoyen qu’il convient d’enseigner aux nouvelles générations. Du haut de ses nombreuses années d’expérience, elle constitue un patrimoine vivant qui, malgré un âge bien avancé, semble avoir encore assez de ressources pour continuer, aux côtes des femmes du Sahel, à relever les défis. Pour ces femmes, d’ailleurs, son message est le suivant : « La vie associative et la vie politique c’est la même chose, en ce sens qu’il faut constamment lutter pour arracher des résultats. Rien ne sera gagné si l’on reste assis. J’invite mes jeunes sœurs à s’engager, parce que nous arrivons au stade où la force est en train de nous lâcher. Il faut que les femmes soient conscientes que notre monde de demain sera à l’image de leurs efforts d’aujourd’hui. »

Romuald Windenonga OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Centre-Ouest

     

 

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