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Crise humanitaire sans précédent à Madjoari : des appels pressants à agir pour sauver la commune avant le pire

Plus de 8 000 déplacés à Pama, Nadiagou et Kompienga, plus de 900 têtes de bétail emportées, 1 litre d’essence à 3 000 F CFA, embargo total sur la commune. C’est le triste bilan de ce qu’est devenue Madjoari. Dans une conférence de presse tenue le lundi 05 juillet 2021, les membres de l’Association des ressortissants de la commune de Madjoari ont crié leur ras-le-bol face à la situation sécuritaire délétère qu’ils vivent depuis des mois.

Ils dénoncent l’inaction des autorités et le délaissement total de leur commune aux prises avec des attaques terroristes. Madjoari est une commune située dans la province de la Kompienga, à une centaine de kilomètres de la ville de Fada N’Gourma, dans la région de l’Est. Depuis quelques semaines, des voix se sont élevées pour prévenir que des groupes armés ont barré toutes les voies de la commune et y dictent leur loi aux populations impuissantes. « Nous ne nous sentons plus chez nous, nous ne nous sentons plus protégés par l’État. Nous ne nous sentons plus Burkinabè », ont laissé entendre les animateurs de la conférence de presse. Ils ajoutent que tandis qu’un détachement militaire est installé dans leur commune, des populations sont tuées à proximité et aucune réaction n’est constatée. Quelques jours plus tôt, c’est une sortie du deuxième adjoint au maire, Dierigou KOARÉ, à la presse qui donnait la mesure de la situation. « Madjoari se vide », prévient-t-il. Seul un millier de personnes sur les 14 000 que compte la commune sont encore sur place. « Les terroristes sont venus pour déguerpir tous les villages. Sur les huit villages, seul un quartier du village de Tambarga existe, parce qu’étant à proximité du détachement. Nous, nous voulons dénoncer cela pour dire franchement que Madjoari se vide », a déploré l’élu local.

Les conférenciers appellent à une action urgente pour sauver la commune.

Pour les ressortissants de la commune, la situation est bien plus critique : « C’est très grave. Le peu d’habitants qui s’y trouvent sont bloqués. C’est un embargo total de sécurité. On ne peut plus sortir parce que les terroristes ont bloqué toutes les voies. Les autorités sont au courant et, ce qui est très grave, c’est que le litre d’essence coûte 3 000 francs, l’huile pour la cuisine coûte 3 000 francs. Il n’y a plus de sel, on n’a plus rien, tout est fini. » Le maire de Madjoari, Adjima THIOMBIANO, explique qu’à « chaque excursion des terroristes, on ne compte que des dégâts, des enlèvements et des morts ». Sur les réseaux sociaux, des internautes rapportent que cinq (5) personnes auraient succombé le 4 juillet 2021 par épuisement en cherchant à rallier le village de Nadiagou à pied, distante de (80 km). DICKO, un jeune de Fada N’Gourma qui a tiré la sonnette d’alarme depuis trois semaines, s’offusque : « Nous dénonçons cela depuis trois (03) semaines, mais les autorités restent muettes. »

L’édile THIOMBIANO et le conseil municipal dénoncent l’inaction des autorités.

Bassirou BADJO, un ressortissant de la région de l’Est, quant à lui, estime que l’Etat doit réagir immédiatement pour lever le blocus imposé par les terroristes dans cette partie du Burkina Faso. « Pitié pour toutes ces personnes qui meurent dans la forêt entre Madjoari et Nadiagou à cause de la faim, de la soif et de la peur. Pitié pour ces Burkinabè qui ont aussi droit à la vie, à la sécurité et à la protection », a-t-il supplié. Ces citoyens menacent de marcher de nouveau si la situation ne change pas. « Nous n’allons pas laisser nos parents mourir », prévient Ibrahim MAÏGA, un leader de la société civile.

Tûwênd Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, Région de l’Est

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