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Gorom-Gorom : hausse des prix des animaux à immoler

A Gorom-Gorom, le prix des animaux augmente considérablement. Le jeudi 15 juillet 2021, jour de marché, à quelques jours de la fête de la Tabaski, les animaux sont excessivement chers. Gorom-Gorom, une ville située au nord-est du Burkina Faso, est par excellence le chef-lieu de la province de l’Oudalan. La ville de Gorom est à 57,3 km de Dori, chef-lieu de la région du Sahel, et à 324,7 km de Ouagadougou, la capitale du pays. Au cœur du Sahel, cette commune est aux portes du désert saharien et a comme boucliers les communes sœurs de Déou, Markoye et Tin-Akoff. De cette brève situation géographique on peut retenir de Gorom-Gorom son important marché qui se tient conjointement avec celui du bétail tous les jeudis.

Nous sommes le jeudi 15 juillet 2021, jour de marché de Gorom. Nous nous sommes rendue au marché à bétail pour en savoir plus sur cette augmentation du prix des animaux. Nous avons recueilli quelques témoignages des acheteurs et des vendeurs afin de comprendre les raisons qui pourraient justifier une pareille hausse jamais égalée dans la province.

Bonjour, madame ! Vous avez acheté un gros bouc. A combien de nos francs l’avez-vous acheté ?
Bonjour. Ah ! ma fille, c’est gros mais c’est extrêmement cher. Vraiment, un bouc qu’on payait les années précédentes à 25 000 F CFA, aujourd’hui on ne peut l’acquérir qu’au prix minimum de 50 000 F CFA. Les vendeurs pensent qu’on vole l’argent ou quoi ? Vraiment, ma fille, je suis dépassée. Je voulais un mouton, mais sur ce marché je suis loin d’en avoir, car le prix du mouton commence à partir de 100 000 F CFA. Ces vendeurs veulent profiter de la Tabaski pour s’enrichir et aller à la Mecque.

Mais qu’est-ce qui explique ce coût élevé des animaux ?
C’est à cause de cette situation sécuritaire dans laquelle nous vivons. Avant cette situation les gens étaient solidaires et il suffit juste de te rendre chez un parent pour lui dire que tu n’as pas de mouton de fête et il te l’offre en même temps.

Marché de bétail de Gorom-Gorom.

Selon M. MAÏGA, un acheteur, le coût élevé des animaux est lié à l’insécurité que connaît la région du Sahel, et plus particulièrement la province de l’Oudalan, jadis havre de paix. Les gens ont fui, laissant leurs animaux, et certains ont été délestés de leurs animaux, voilà pourquoi. Et c’est avec émotion qu’il nous dit ceci : « C’est la première fois que je paie des animaux. J’avais des animaux chez mon berger, et chaque année je prélevais là-bas pour la Tabaski. Mais cette année les HANI (Hommes armés non identifiés) ont retiré des mains de mon berger tous mes animaux. Mais Dieu merci, ils ont juste retiré les animaux et lui ont laissé la vie sauve. Que Dieu nous donne la paix, ma fille ! »

Pour Souleymane, un autre acheteur, cette hausse du prix des animaux est due au fait que c’est la Tabaski et qu’aujourd’hui c’est le dernier marché hebdomadaire d’avant-fête (NDRL : le marché de Gorom-Gorom se tient tous les jeudis), donc les vendeurs augmentent le prix car ils sont sûrs que les gens sont dans le besoin et n’ont d’autre choix que d’acheter.

Nous avons tendu également le micro à certains vendeurs pour qu’ils nous expliquent cette hausse du prix du bétail.
Nous ne vendons pas cher, c’est la situation qui l’exige. Nous aussi nous mangeons grâce à la vente des animaux. Je suis une personne déplacée interne ici, à Gorom-Gorom. J’ai quitté mon village, pour ne pas dire fuir, avec trois moutons. Pourtant j’avais un troupeau chez moi, mais je n’ai pu fuir qu’avec trois moutons. J’ai pris soin d’eux pour pouvoir les revendre pendant la Tabaski et partir à l’aventure, à la recherche d’un mieux-être, afin de subvenir aux besoins de ma famille.

Mademoiselle, chacun mange dans son travail. Je suis un revendeur, et comme j’ai payé mes animaux chers, il faut qu’à la moindre des occasions je me fasse des bénéfices. Je ne vais quand même pas vendre mes animaux comme si je les avais volés. Ça fait une année que je les ai payés sur ce même marché. Les animaux c’est le sable ils mangent ou quoi ? Je les alimente en achetant de l’herbe tout en faisant appel au service du vétérinaire pour un suivi ; et avec tout cela on veut que je vende mes animaux moins cher ! Regarde, eelé (fille en langue tamashek), comment sont mes animaux. Je les ai bien engraissés !

Les moutons.

Ceux-mêmes qui se plaignent du prix élevé là, si je vends ces animaux moins cher ils vont venir dire que le monsieur en turban est un voleur car il vend de gros animaux à un prix trop moins cher. Moi, mon travail, c’est l’élevage d’embouche, et on ne fait pas un travail de ce genre pour s’appauvrir. A l’heure actuelle, faire de l’embouche c’est prendre des risques énormes, parce que l’animal peut mourir ou être volé. De plus, on peut venir un beau jour te chasser de ton village et retirer tous tes animaux.

« Venez payer mes animaux, c’est Dieu qui est fort, et prions pour que la paix revienne, là vous pouvez même avoir les animaux gratuitement (rire) », répond M. SIDI, un vendeur.

La situation sécuritaire ressort comme le véritable problème de cette hausse du prix du bétail. A cette allure le Sahel restera-t-il cette zone pastorale qu’il a toujours été ?

Tini TRAORÉ, Observatrice Civitac, Gorom-Gorom

     

 

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