"Un bon travailleur ne doit pas compter sur quelqu’un, il faut compter sur soi-même pour pouvoir se développer" Michel ZERBO, Agriculteur à Dédougou
Le jeudi 15 juillet 2021, nous sommes allés à la rencontre de M. ZERBO, agriculteur à Badala, un village situé à 12 kilomètres de Dédougou, à environ 100 mètres du fleuve Mouhoun dans la commune de Dédougou. Monsieur Michel ZERBO est le président régional des commerçants de maïs de la Boucle du Mouhoun. Il détient des champs d’une superficie globale d’environ 10 hectares, où il cultive une diversité de légumes et de céréale. L’homme de 53 ans nous parle de son parcours en tant qu’agriculteur. Il nous fait cas des difficultés rencontrées et de l’évolution de l’hivernage à Dédougou.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle ZERBO Michel, producteur et commerçant. On a une coopérative dénommée Faso Daba, on fait du commerce général et la production. Je suis le président régional des commerçants de maïs de la Boucle du Mouhoun. SANKARA nous a habitué à cultiver la pomme de terre et le haricot vert. On était les 3 premiers parmi les producteurs à les cultiver et c’est devenu notre culture prioritaire. C’est pourquoi je produits du maïs en saison pluvieuse et je fais également la culture de contre-saison. J’embauche des jeunes pour m’aider dans la culture (oignons, pomme de terre, haricot vert, courgettes, poivrons, piments, papayes, etc.) Ce champ a une superficie de 2,6 hectares mais j’ai autre surface cultivable ailleurs d’environ 8 hectares.
Vous avez parlé de coopérative que vous dirigez, ce champ est-il le vôtre ou celui de la coopérative ?
Non, ce champ est personnel. La coopérative est différente du groupement qui, lui, agit en groupe. Dans la coopérative, chacun a son champ et lorsque la coopérative à un projet, c’est chaque individu de la coopérative qui en bénéficie.
Pouvez-vous dire que vous êtes un agro-business man ?
Oui, à Dédougou je suis compté parmi les opérateurs économiques. J’ai travaillé à la mission, particulièrement au petit séminaires Saint Paul de Tionkuy. J’étais chargé d’acheter des vivres pour les pauvres et c’est à partir de ça je me suis lancé dans le commerce. Les sœurs de la charité commandaient le maïs avec moi depuis le Niger et petit à petit, j’ai créé mon entreprise dénommée Groupement Faso Daba. Cette entreprise a été élargie en Coopérative Faso Daba. La coopérative est représentée dans cinq provinces (Mouhoun, Kossi, Banwa, Sourou et Nayala). C’est suite à cela que le gouvernement nous a demandé de rentrer dans une société coopérative de la loi Louada, parce qu’il avait besoin des gens pour ça. A l’issue d’un vote, j’ai été élu comme président régional des commerçants du maïs de la Boucle du Mouhoun
Bénéficiez-vous d’un appui particulier du gouvernement ou d’une autre structure ?
Il y’a souvent des encadreurs qui nous accompagnent avec des conseils sur comment on doit produire. Ensuite, l’actuel Directeur Régional nous aide avec des formations. Le Directeur Provincial de l’agriculture et ses accompagnateurs nous donnent également des idées pour le travail de l’agriculture.
Comment se déroule la saison pluvieuse ici à Dédougou ?
Cette année, la saison pluvieuse a commencé tard ici à Dédougou et il pleut rarement. Aujourd’hui même, on était obligé d’arroser notre champ parce que l’engrais qu’on a mis est en train de détruire le maïs puisqu’il n’a pas plu. Mais il n’est pas encore tard et on garde espoir que Dieu aura pitié de nous.
Quelle quantité de récolte enregistrez-vous chaque année ?
Chaque année dans les normes, sur un hectare on peut récolter 40 à 50 sacs en moyenne. Mais souvent avec les inondations, ou le manque de pluie, on n’atteint pas cette quantité. Pour cette année, personne ne peut dire avec précision : voilà ce que je vais avoir sur mon hectare. Si la pluie venait normalement, sur un hectare on peut atteindre 60 sacs. Par exemple l’année passée, j’avais atteint les 45 sacs ; mais cette année pour l’instant ça fait pitié.
Quels sont les matériaux de culture que vous utilisez ?
Les matériaux qu’on utilise c’est la daba et les charrues avec les bœufs. Mais parfois, on est obligé de louer des tracteurs pour labourer les champs
Quelles sont les autres difficultés que vous rencontrez dans cette saison hivernale mise à part le manque de pluie ?
Ce sont d’abord les inondations. On a assuré nos champs l’année passée, mais il y’a eu l’inondation et mes 8 hectares sont partis dans l’eau. L’assurance dit qu’il ne couvre pas les inondations, mais les sécheresses. C’est ce qui m’a découragé, donc cette année je n’ai pas assuré mon champ.
Ensuite, ce sont les problèmes des intrants. Je demande vraiment au gouvernement d’avoir pitié des producteurs et de les aider dans ce sens ; parce qu’ils négligent le problème des intrants. Chaque année on accuse un retard dans l’octroi des engrais aux producteurs. L’engrais vient d’arriver alors qu’on est déjà en pleine saison. Mais est-ce qu’on peut commencer les cultures maintenant ? et on exige de bons résultats. Comment cela va se faire s’il y a ce retard ? Actuellement même, ce sont les engrais de contre saison qui sont restés en terre, qui agissent encore sur le maïs que vous voyez. On n’a pas de matériels, on se débrouille avec nos propres moyens, nos propres fonds. Sur ce plan, on a besoin des gens pour nous accompagner. Ce n’est pas forcement de l’argent, mais également avec les idées novatrices et des formations.
Avec l’augmentation des prix des céréales, les sacs de 100 kg de maïs coutent combien actuellement à Dédougou ?
Le sac de mais de 100 kg plein coute actuellement à Dédougou ville 19.000f. Mais dans les villages, on peut avoir à 17.500f ou même à 16.000f, mais ça ne vaut pas les 100 kg. Cela va baisser ou augmenter suivant l’évolution de la saison. Si la saison est bonne d’ici là les prix vont baisser.
Quels conseils avez-vous à l’endroit des agriculteurs ?
Le conseil que j’ai à l’endroit des producteurs c’est de ne pas se décourager car la terre ne ment jamais. Si tu mets quelque chose en terre, tu vas les récolter même si c’est plus-tard. Un bon travailleur ne doit pas compter sur quelqu’un, il faut compter sur soi-même pour pouvoir se développer.
Céline SÉOGO, Observatrice Civitac, Ouagadougou
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