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Edification des espaces de dialogue pour la paix : des observateurs communaux de conflits à l’avant-garde.

Les locaux de la Direction Régionale de l’Agriculture de l’Est abrite depuis le 17 et ce jusqu’au 22 août 2021, la formation initiée par le Laboratoire Citoyennetés en partenariat avec l’association pour la promotion de la Culture au Gulmu (APDG) au profit de vingt-cinq personnes dont les 15 « observateurs de conflits » des 15 communes partenaires du programme DEPAC-2 dans la région de l’Est. Pendant cinq jours, ces observateurs qui sont à l’avant-garde de la prévention et de la gestion des conflits dans la région ont été désormais outillés sur l’outil humanitaire de collecte de données (KoboCollect) et sur la loi 034 portant régime foncier rural.

Edifier des espaces de dialogue pour la paix et des observatoires régionaux de prévention et des gestions de conflits, notamment en matière d’exploitation des ressources minières, de conflits éleveur-agriculteur et fonciers, et des conflits liés à la gouvernance et à la délivrance des services publics, est une préoccupation commune au Laboratoire Citoyennetés et ses partenaires. En effet, des sessions de renforcement de capacités qui ont été organisées dans les régions du Nord, du Centre-Ouest, de l’Est et (bientôt du Sahel) ont outillé les observateurs communaux, maillons forts du dispositif.

Au nombre de quinze (15), les observateurs communaux de conflits à l’Est sont des hommes et femmes chargés de veiller, d’alerter et de documenter sur les signaux de conflits communautaires qui surviennent dans leurs localités. Pionnière en la matière dans la région de l’Est, l’Association pour la promotion de la culture au Gulmu (APDG), suit depuis plusieurs années, grâce à ses observateurs, la dynamique des conflits fonciers dans plusieurs communes. Outil d’aide à la gouvernance, la veille et l’alerte sur les conflits et facteurs de conflits ont permis à plusieurs reprises aux décideurs de se saisir de certaines situations, fait remarquer Cyrille OUOBA président de l’APDG et Coordonnateur de l’observatoire régional de prévention et de gestion des conflits de l’Est.

Les observateurs des 15 communes partenaires du programme DEPAC-2 à l’atelier.
Jean Damase Roamba

Samuel COMBARY, l’observateur sur les conflits de Partiaga (159 Km de Fada), explique qu’il travaille depuis quelques années sur les conflits fonciers dans sa commune dont les plus fréquents en milieu rural sont ceux opposant agriculteurs et éleveurs. Entre l’alerte et la résolution de la crise, il doit abattre un travail fastidieux. « Cueillir » discrètement les informations pour éviter toute incompréhension de la part des populations, souligne-t-il, les renseigner manuellement sur des fiches physiques et renvoyer le tout, via les sociétés de transport. Avec l’implication des autorités locales, la résolution des crises s’est toujours faite au niveau communautaire. Dans plusieurs localités du pays comme à Diabo, commune située à une cinquantaine ou encore à Logobou (216 Km) de Fada N’Gourma, les conflits communautaires notamment ceux entre agriculteurs-éleveurs, sont récurrents et peuvent aboutir parfois à des affrontements violents. On se rappelle les affrontements intercommunautaires sanglants et représailles entre communautés qui ont fait officiellement une centaine de morts à Yirgou (2018) dans le Centre-Nord, Arbinda (2019) dans le Nord, Zoaga (2019) dans le Centre-Est.

L’Etat tente depuis 2015 de prendre en charge ces conflits communautaires qui tancent le pays, en mettant sur pied en 2015, l’Observatoire National de Prévention et de Gestion des Conflits Communautaire (ONAPREGEC), une jeune structure gouvernementale. Cette mesure qui est adoptée pour juguler la crise participe à l’anticipation et à la gestion ces crises communautaires par les populations locales elles-mêmes qui se saisissent des questions de conflits communautaires, les préviennent ou les résolvent depuis la base même. Toutefois les conditions pour que puisse se développer cette volonté politique ne sont pas encore réunies.

Le coordinateur Sylvain Ouoba (à gauche) et le formateur sur l’outil KoboCollect Djanjouma GARBA.

C’est pourquoi les acteurs de la société civile comme le Laboratoire Citoyennetés en partenariat avec des acteurs locaux tentent de jouer leurs participations en organisant les acteurs à la base pour assurer cette veille. Espace citoyen de collecte et de partage d’informations sur les conflits au niveau régional, les espaces de dialogue sont censés faire émerger et partager des expériences locales de prévention et gestion de conflits avec les différentes parties prenantes.

Initiés sur KoboToolbox et la loi 034

Deux jours durant, à l’instar de leurs pairs des régions du Nord et du Centre-Ouest, les observateurs qui composent l’observatoire régional de l’Est, ont été outillés sur la fiche qui devrait servir d’outil de travail aux « espaces de dialogue et de paix » et la collecte numérique des données via l’outil KoboCollect. La formation vient « élargir » nos possibilités d’action, se réjouit Samuel COMBARY après cette formation. Et de rappeler qu’ils font de la veille et l’alerte « des conflits fonciers à ceux miniers, de gouvernance, etc. » Une formation qui vient faciliter la tâche surtout sur la collecte des données. « Avant, la collecte se faisait sur des fiches et s’acheminait très difficilement [dans le chef-lieu de la région] au regard de la situation sécuritaire. Mais grâce à cette formation nous avons bénéficié des tablettes qui vont nous permettre de collecter des données et les envoyer rapidement si le réseau ne nous trahit pas. », espère-t-il. Une activité dont le formateur Danjouma GARBA se dit satisfait. « Ils [les observateurs] seront suivis pendant quelques temps pour voir comment ils collectent les données. », indique le formateur avant de conclure que les données collectées seront centralisées au niveau régional puis envoyer.

Les participants ont vérifié leur maîtrise des outils pendant les travaux de groupe

Maillon fort du dispositif dans la région, le travail de terrain des observateurs permettra d’une part de renseigner les signaux ou comportements liés aux conflits pour dénouer le nœud gordien de l’alerte précoce des conflits et en d’anticiper l’éclatement ou la gestion d’autre part. Cependant, faut-il le préciser, les observateurs sont dépourvus de toute prétention de remplacer le travail des chefs de circonscription.

Dans quelques mois, le rapport du travail des observateurs sera présenté, comme les années antérieures, aux Journées de Dialogue pour la Paix (JDP) pilotées par le Conseil régional de l’Est, clôt M. OUOBA.

Tûwênd Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, Fada N’Gourma

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