« Aux populations, est de faire recours aux mécanismes de l’ONAPREGECC qui est un mécanisme endogène de prévention des conflits » Mme Korotimi KABORÉ, Secrétaire Permanente intérimaire
Jadis havre de paix et d’harmonie entre des dizaines d’ethnies, le Burkina Faso se retrouve aujourd’hui être le théâtre d’affrontements qui mettent en face l’une de l’autre, certaines communautés. On se rappelle les affrontements intercommunautaires sanglants et représailles entre communautés qui ont fait officiellement une centaine de morts à Yirgou (2018) dans le Centre-Nord, Arbinda (2019) dans le Nord, Zoaga (2019) dans le Centre-Est. L’ONAPREGECC (Observatoire National de Prévention et de Gestion des Conflits Communautaire) est une jeune structure gouvernementale qui entend anticiper et gérer ces crises communautaires. Cinq ans après l’adoption du décret de sa mise en place, la structure s’implante progressivement dans les différentes régions. Mme KABORÉ/OUANGRE Korotimi, Secrétaire permanente intérimaire dudit Observatoire a répondu aux questions de Civitac.
Civitac : Pouvez-vous nous présenter davantage votre structure ?
Mme KABORÉ : L’ONAPREGECC est une structure née de la volonté politique. L’Observatoire a été mis en place en 2015 à la suite d’une recommandation qui a été formulée au cours de l’examen périodique universelle à Genève et à la suite d’une recommandation issue du forum national sur le civisme en 2011. Et il a été question de la mise en place d’une structure en charge de la prévention et de la gestion des conflits communautaires. C’est donc dans ce sens que l’ONAPREGECC a été créé en 2015.
Quelle est la composition l’ONAPREGEC ?
Mme KABORÉ : L’ONAPREGECC est composé de démembrements. Nous retrouvons l’Observatoire au niveau national présidé par le ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, et co-présidé par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. L’Observatoire est également présent au niveau des régions, où il est présidé par les gouverneurs de région, et la vice-présidence est assurée par les présidents des Conseils régionaux. A la suite du niveau régional, il y a le niveau provincial où il est présidé par le Haut-commissaire de province et au niveau départemental, il est présidé par le préfet. Au niveau villageois, il est présidé par le Président du Conseil villageois de Développement (CVD). Il faut dire que dans la composition globale de l’ONAPREGECC, nous retrouvons notamment les représentants des administrations ainsi que les religieux, la chefferie traditionnelle et les OSC qui œuvrent également dans le domaine des conflits communautaires. Donc ça regroupe vraiment tous les acteurs qui militent en faveur de la prévention et de la gestion des conflits communautaires.
Depuis sa création, quelles sont les activités que l’Observatoire a pu mener dans les différentes localités (régions, départements et villages) ?
Mme KABORÉ : Comme je l’ai expliqué, l’Observatoire couvre vraiment toutes les localités du Burkina Faso. Alors il y a eu des sessions de renforment de capacités qui ont été faites au profit de certaines régions mais pas toutes. Après les régions, il y a certaines provinces, de façon minime, qui ont pu également recevoir ce renforcement de capacités. L’idée est de pouvoir, à long terme capaciter tous les démembrements depuis le niveau national, régional, provincial, départemental, et villageois, de sorte à ce qu’ils puissent avoir tous les rudiments nécessaires pour pouvoir se saisir des questions communautaires, les prévenir ou les résoudre depuis la base même, au niveau de leur localités. Pour l’instant, nous avons pu former un certain nombre de démembrements et nous espérons poursuivre avec l’accompagnement des partenaires et de l’Etat pour pouvoir continuer nos attributions.
Quel message aux populations pour conclure ?
Mme KABORÉ : Le message que nous avons à lancer aux populations, est de faire recours aux mécanismes de l’ONAPREGECC qui est un mécanisme endogène de prévention des conflits, et qui invite à ce que des communautés règlent les conflits de façon pacifique en mobilisant certaines pratiques qui étaient utilisées auparavant par nos devanciers au niveau local.
C’est vraiment de pacifier les relations entre les parties et favoriser le dialogue et la cohésion au niveau de nos différentes localités et que nous puissions nous auto-saisir des questions de conflits qui pourraient survenir dans nos différentes localités et ensemble, nous asseoir avec les autres membres de l’ONAPREGECC au niveau des localités concernées, pour poser des actions de prévention ou de gestion de ces conflits.
Propos recueillis par Boris WendLasida OUÉDRAOGO et Tûwênd Nooma Jean Damase ROAMBA
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