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L’Union européenne à l’école du Laboratoire Citoyennetés

Dans le but de repenser sa manière d’aborder le développement territorial et la décentralisation, l’Union européenne (EU), à travers une équipe de trois personnes, a rencontré, le 14 septembre 2021, le Président et le Secrétaire permanent du Laboratoire Citoyennetés (LC), afin de bénéficier de l’expertise du père de la décentralisation au Burkina Faso et des multiples expériences du Laboratoire Citoyennetés sur le terrain. Les échanges qui se sont tenus au siège du Laboratoire Citoyennetés à Ouagadougou ont porté sur comment aborder la décentralisation avec de nouvelles stratégies d’intervention.

La présence de l’équipe de l’EU au Burkina, selon Jorge Rodriguez, chef de la mission, fait partie d’un long processus qui a été enclenché par l’EU. Il affirme que c’est sa volonté de réviser sa manière de voir la décentralisation. Entre 2004 et 2011, l’EU a repensé toute son approche du développement territorial. Une approche territoriale du développement qu’elle applique depuis de longue date. C’était une manière pour l’EU de « promouvoir le développement territorial qui met l’accent sur les rôles clés - c’est-à-dire la reconnaissance des avantages comparatifs par rapport à toute la panoplie d’acteurs au niveau local - des collectivités locales, décentralisées, comme chef d’orchestre de ce processus ». Il poursuit en spécifiant que cette manière d’aborder le développement territorial a été un parcours du combattant et c’est pour cela qu’il est nécessaire pour l’UE de revoir son approche de la décentralisation.

Jorge Rodriguez, au milieu, exposant l’objet de la mission de l’Union européenne au Burkina, au Président du Laboratoire Citoyennetés.

Selon l’équipe, l’UE a envie d’aller vers le local avec une vision territoriale en prenant les populations locales non pas comme des bénéficiaires, mais comme des acteurs actifs du processus. « L’Union européenne a vraiment envie d’aller vers le local, ce n’était pas le cas il ya cinq ans où elle partait pour faire des projets et ce n’était pas avec cette vision territoriale. Ça fait maintenant quelques années que la marmite bouillonne surtout au Burkina et l’UE s’est dit qu’elle ne doit plus mettre ses œufs dans un même panier comme elle le faisait depuis 30 ans. C’est le temps d’aller au niveau local et c’est pour cela qu’on vient vers vous pour en savoir davantage sur comment on peut s’y prendre pour éviter les mêmes erreurs d’injecter beaucoup d’argent sans résultats. On est nous-mêmes ignorants des réalités du terrain », explique Jean Bessuyt, membre de l’équipe.

Les préoccupations de l’EU
• Comment l’Etat voit la collectivité territoriale au Burkina (politique nationale de la décentralisation, politique nationale urbaine, rurale) ?
• Comment les mouvements et associations voient les collectivités territoriales ?
• Est-ce que peut penser à concrétiser cette approche dans un territoire et dans un domaine particulier ?
• Est-ce qui aurait des domaines qui seraient plus prometteurs dans ce processus ?
Voilà autant de questions auxquelles l’UE essaie de répondre en cherchant des éclaircissements auprès du Laboratoire Citoyennetés.

Les réponses du Laboratoires Citoyennetés
Pour l’ensemble des préoccupations soulevées par l’équipe, Raogo Antoine SAWADOGO, Président du LC, et Armand KABORÉ, son Secrétaire permanent, ont ensemble apporté des réponses.

Le Président du Laboratoire Citoyennetés a salué la démarche de UE pour cet esprit de repenser leur intervention avant d’affirmer que « La décentralisation formelle est en panne, faisons les funérailles de cette décentralisation formelle et allons à la renaissance d’une réelle décentralisation ».

En effet, selon le président du LC, la décentralisation, en tant qu’entité vivante, a été noyée par la multitude d’intervenants. « Il y a actuellement plus de 1 000 bureaux d’études et de consultations sur la décentralisation, de la gouvernance locale, contre 1 en 1990-1991. » Il reconnaît que le message sur la décentralisation a été entendu mais mal compris. « L’Etat et les citoyens ont toujours fonctionné comme des entités différentes qui se côtoient, chacune avec sa dynamique de développement, qui se croisent, s’affrontent : c’est un face-à-face », précise-t-il.

Raogo Antoine SAWADOGO, Président du Laboratoire Citoyennetés (à gauche), Jorge RODRIGUEZ (au milieu), Jean BOSSUYT (à droite).

Le Laboratoire Citoyennetés croit en l’Etat de droit. « L’Etat reste un cadre normal susceptible d’être le meilleur régulateur, et c’est dans ce sens que le Laboratoire Citoyennetés agit », assure son Secrétaire permanent, Armand KABORÉ.

Selon lui, le problème qui se pose est comment on connecte le territoire avec l’Etat dans cet environnement de la décentralisation. « Parce qu’on constate, ajoute-t-il, que les territoires formellement constitués par la décentralisation contribuent eux-mêmes à fragiliser l’esprit et la dynamique de la décentralisation. Il y a 13 régions, et plus de 300 communes. Le Laboratoire Citoyennetés, dans son intervention actuelle à travers ses programmes, travaille avec les entités beaucoup plus homogènes et cohérentes. On travaille avec des communes qui partagent plus ou moins les mêmes préoccupations, les mêmes centres d’intérêt et prêtes à se constituer en communauté au-delà des frontières et à soutenir les sociétés civiles locales pour qu’elles soient présentes dans la planification, l’application et le suivi des politiques publiques locales. »

Armand KABORÉ, Secrétaire permanent du Laboratoire Citoyennetés (à droite) et Amagoin KÉITA, membre de l’équipe de la mission.

Le Laboratoire Citoyennetés, à travers son expérience, a relevé des problèmes tels que : les conflits d’intérêt, la question de la représentativité de ceux qui sont chargés d’administrer la dynamique politique, la corruption au niveau local, le dialogue avec les communes, la gestion des passations de marchés. Ces problèmes constituent, selon le LC, des défis que l’UE devrait relever sur le terrain lors de ses prochaines interventions auprès des collectivités territoriales.

« Il faudra également travailler sur la qualité de la gouvernance, de la représentation et sur les dynamiques locales qui sont portées par les acteurs eux-mêmes pour leur permettre de se retrouver dans leur espace, dans leur territoire », conclut le Secrétaire permanent du LC.

L’équipe de l’Union européenne était composée de Jorge RODRIGUEZ, de Jean BOSSUYT et de Amagoin KÉITA.

Une collaboration étroite entre le LC et l’EU est envisagée dans la suite du processus.

Céline SÉOGO, Observatrice Civitac, Ouagadougou

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