Vous êtes ica: Accueil > Actualité > Insécurité (Nord ) : Les populations du Loroum sur le qui-vive mais, (...)

Insécurité (Nord ) : Les populations du Loroum sur le qui-vive mais, résilientes

Depuis 2015 le Burkina Faso en général et la province du Loroum, dans la région du Nord en particulier, est en proie aux attaques terroristes répétées ayant fait plusieurs morts et des milliers de déplacés internes. Aujourd’hui, à la date du 20 octobre 2021, à Titao, chef lieu de la province du Loroum, les populations sont sur le qui-vive à cause de cette situation sécuritaire difficile.

Si la ville de Titao a pu maintenir son ambiance ou son rythme de vie presque normale, malgré les attaques perpétrées par des groupes armés aux encablures de ladite ville, notons cependant que le climat a beaucoup infecté le quotidien de la population. Nous avons effectué un reportage pour découvrir ce quotidien de la population.

Un couvre-feu respecté à la lettre.

Le couvre-feu instauré par le gouverneur de la région du nord depuis le 15 octobre 2019 dans le ressort du Loroum, demeure toujours en vigueur. Des changements d’horaires (le temps de 19h 00 minutes à 5h00 est passé de 21h à 5h00) sont certes intervenus au cour des reconductions, mais il n’a jamais été fait l’objet de suspension, ce couvre-feu.

Durant presque deux ans sous couvre-feu, dire que les « Loroumois » se sont habitués à ce mode de vie, ne souffre d’aucun débat. C’est pourquoi, à l’approche de l’heure fixée, tu ne trouveras personne dans les grandes rues, sauf devant les portails dans les six-mètres.

Les 04 départements que comptent la province du Loroum.
Titao, Bahn, Sollé et Ouidiguin

À la question de savoir pourquoi les gens rentrent si tôt, même quand il n’est pas encore l’heure du couvre-feu, un habitant de la ville nous répond : «  les gens ont peur et ils ont raison. Le couvre-feu instauré à cause de l’insécurité est différent d’un couvre-feu instauré pour un maintien d’ordre. La différence est que pour celui du maintien d’ordre, si la sécurité t’aperçois après les horaires fixés, elle peut te frapper ou te manœuvrer. Mais pour le cas d’ici, celui instauré à cause de l’insécurité, si les Forces de Défense et Sécurité ou les Volontaires pour la Défense de Patrie te voient durant l’heure du couvre-feu, ils te prennent pour un ennemi. Là, je n’ai pas besoin de vous faire le dessein de ce qui peut se passer ».

« C’est parce que les gens veulent le couvre-feu qu’ils le respectent à la lettre. Sans le couvre-feu, Titao n’allait plus exister. Il aide beaucoup la sécurité. Quand il est l’heure, si tu es toujours dehors, c’est que tu es un ennemi  », a renchérit Alima, (nom d’emprunt) vendeuse au marché de Titao.

Dénonciation mais, pas de changement significatif.

La recrudescence des attaques a obligé des milliers de « Loroumois » à manifester leur mécontentement. En effet, les populations de la province du Loroum, ont arpenté, le 26 juin 2021 dernier, les artères de la ville de Titao, à l’appel du Mouvement pour un Loroum Libre et Emergent pour dénoncer la dégradation continue de la situation sécuritaire dans leur province, exiger un détachement militaire à Titao et des vivres pour les déplacés internes. Quatres mois après cette marche de protestation qui a mobilisé des milliers de personnes, les habitants ne sentent toujours pas de changement significatif. Un détachement est maintenant présent à Titao certes, mais sur le terrain, l’amélioration reste un défi à relever selon les habitants.

Pancarte lors de la marche du 26/06/2021 à Titao.
Une foule dépassée par la dégradation continue de la situation sécuritaire.

«  La situation sécuritaire n’a guère changé positivement après cette marche. Au contraire, nous avons assisté au pire après cette marche. Par exemple, Noogo (un village situé au à l’ouest de Titao, à approximativement 11 km) s’est vidé de sa population suite à une attaque, durant laquelle quatre personnes ont été tuées. Les assaillants ont également emporté des motos du centre de santé, des produits pharmaceutiques, du bétail et incendié des greniers. Ça c’est juste un cas sinon, il y en a plusieurs. Dans ce cas, est-ce qu’on peut dire qu’il y a eu du changement  ? » Avait répondu un habitant dans un ton désarrois.

Peinture de la triste situation sécuritaire dans la province, durant ces derniers jours.

  • La situation sécuritaire dans la province est restée au cœur de l’actualité burkinabè. Les événements récents datent du 26 septembre 2021 où une femme avec son enfant avait sauté sur une mine artisanale sur l’axe Titao-Hargo. L’incident a provoqué la mort de la femme et blessé son enfant. Cela a occasionné des représailles entre communautés.
  • Pour rappel, un cas similaire s’était produit le 18 juillet 2021, où deux enfants, âgés respectivement entre 11 et 14 ans, avaient perdu la vie dans l’explosion d’une mine artisanale sur l’axe Titao-Toulfé, pendant qu’ils étaient sur une charrette.
  • Le 17 octobre 2021 également, une position des VDP a été attaquée par des individus armés non identifiés à Hitté dans le département de Ouidiguin. Le bilan a fait état de 03 VDP tombés et des boutiques incendiées.

Entre peur et crainte, c’est le qui-vive.

De ce constat, les populations de cette zone vivent dans des conditions psychologiques instables. Entendre que le marché de Titao a été perturbé, souvent suite à de simples explosions d’un pneu de vélo ou de moto, ou de sachets n’est plus du tout rare à Titao. La plupart des cas, le marché peut se vider d’une bonne partie sans que l’autre partie ne sache de quoi il s’agit.

Aussi, les lanceurs d’alerte sur les réseaux sociaux entretiennent indirectement cette situation de panique dans ces zones. Il n’est pas du tout rare de voir sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, ce genre de message : « urgent : un nombre important de HANI… ».

Commune de Titao.
Plaque indiquant la limite du secteur 06.

Selon un fonctionnaire récemment affecté à Titao : « on m’a affecté à Titao et le lendemain je vois sur les réseaux sociaux qu’il y a possibilité de minage de l’axe Ouahigouya-Titao. En ce moment, j’étais à Ouagadougou. J’ai appelé immédiatement mon supérieur hiérarchique, il m’a dit d’emprunter seulement. Avec son assurance, j’ai pris la voie, mais je frissonnait en cours de route. Mais je suis bien arrivé et jusque-là, il n’y a pas eu d’incident de cette nature sur cette axe ».

C’est donc un climat délétère frappé par la peur qui caractérise le quotidien des habitants de Titao et des villages de la province.

Une population tout de même résiliente.

Grâce à l’action conjuguée entre FDS et VDP, les populations arrivent à travailler malgré le contexte. « des fois, nous entendons des tires la nuit, mais le lendemain matin, nous montons au travail comme si rien ne s’est passé. C’est notre forme de lutte, puisque cette guerre est aussi psychologique », a souligné avec assurance un habitant. Les habitants espèrent des jours meilleurs dans le futur.

Abdoulaye OUÉDRAOGO, Observateur, Civitac Titao

     

 

  • Espace OSC

Vous souhaitez disposer d’informations relatives au fonctionnement et aux activités des organisations de la société civile présentes dans les territoires communaux, cet espace est le vôtre. Des (...)

Lire la suite
  • Espace COLLECTIVITÉ

« L’espace collectivité » met à votre disposition des données actualisées ainsi que des informations-clés en lien avec les activités des collectivités territoriales membres de Civitac. Les données que vous (...)

Lire la suite

 

Agenda

Forum régional de la jeunesse du Nord

Du 02 au 03 février 2024.

Atelier bilan sur la mise en œuvre de l’axe 1 de DEPAC-3 avec les collectivités territoriales partenaires du programme les plus touchées par la crise sécuritaire

Jeudi 11 janvier 2024 à Ouagadougou

Cadre de Concertation Communal (CCCo) de TITAO sur la résilience de la santé et l’eau potable dans un contexte de crise sécuritaire

Lundi 18 décembre 2023 à la direction régionale de l’environnement du Nord

 

Civiteam

Aller sur Civiteam CIVITEAM Web Hits