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Session ordinaire de l’Observatoire régional de prévention et de gestion des conflits communautaire de l’Est : conflits, paix et responsabilité des acteurs au menu des échanges

Ce 23 novembre 2021, l’Observatoire régional de prévention et de gestion des conflits communautaires (OREPREGECC) de l’Est a tenu sa session ordinaire de l’année 2021. La session du palier régional de coordination en matière de conflits a permis de passer en revue l’état des lieux de la prévention et de la gestion des conflits communautaires dans la région, et de dégager des pistes d’action pour une meilleure prise en charge de ceux-ci. La session a bénéficié de l’accompagnement de la Coopération suisse à travers le Programme DEPAC-2.

Quatre cent treize (413) conflits ont essaimé la vie des populations de la région de l’Est au cours de la période de 2020 au 3e trimestre de 2021. Les conflits fonciers et coutumiers sont les plus fréquents et représentent respectivement 62% et 21% des conflits enregistrés dans la région. C’est ce qu’a relevé Amidou SORÉ, Secrétaire général de la région de l’Est, dans sa communication sur « L’état des lieux des conflits communautaires dans la région de l’Est et perspectives ». Cette communication a mis le doigt dans la plaie de la situation des conflits communautaires au royaume de Diaba-LOMPO et s’est investie à une brève présentation des différentes typologies de conflits rencontrés, leurs manifestations et leurs résolutions. Incidemment, ces conflits communautaires, qu’ils soient liés au foncier, à la chefferie traditionnelle, ou entre agriculteurs et éleveurs, participent tous à de nombreuses « violations des droits humains en termes de pertes en vies humaines, de destruction de biens publics et privés », a-t-il déploré, rappelant la nécessité de bien les gérer.

Les conflits ont trouvé en général une résolution pacifique malgré quelques difficultés rencontrées auprès des protagonistes. Sur les 413 conflits répertoriés, 113 ont été résolus. Il s’agit de 99 conflits fonciers, 12 conflits de chefferie, 9 conflits miniers, 6 conflits agriculteurs-éleveurs, 7 conflits sociaux. Certains conflits, quant à eux, seraient en cours de traitement.

Les communicateurs ont fait remarquer que la présence de la Commission de conciliation foncière villageoise (CCFV) et de la Commission foncière villageoise (CFV) a permis de réduire de manière drastique le nombre des conflits transférés au niveau des préfectures.

Les membres de l’Observatoire régional de prévention et de gestion des conflits communautaires de l’Est (OREPREGECC).
Jean Damase Roamba

Un résultat rendu possible grâce à l’action conjuguée des différents démembrements de l’OREPREGECC tant aux niveaux régional, communal que départemental, a indiqué M. SORÉ. Mais à plusieurs égards, l’opérationnalité et le bon fonctionnement des démembrements font figure de parents pauvres du système, malgré la volonté et les efforts de l’Etat et des projets et programmes. C’est ce qu’a relevé Règma KABORÉ dans sa communication. En cause, la non-appropriation de l’Observatoire à l’échelle du village, la non-tenue des sessions des observatoires, le manque de moyens financiers pour le fonctionnement des observatoires, le tout sur fond d’insécurité ambiante dans la région de l’Est.

Le directeur régional des Droits humains et de la Promotion civique de l’Est, Règma KABORÉ, a expliqué qu’à la date de novembre 2021, les 27 Observatoires départementaux de la région sont créés. Il s’agit de 7 pour la province de la Gnagna, 6 pour le Gourma, 3 pour la Komandjari, 3 pour la Kompienga et 8 dans la Tapoa. Si les 27 Observatoires départementaux de la région ont tous été créés, il n’en est pas de même pour ceux villageois où 242 environ restent à mettre en place.

Règma KABORÉ, Directeur régional des Droits humains et de la Promotion civique de l’Est.
Jean Damase Roamba

Stratégie à développer
En termes de perspectives, les participants ont plaidé pour un meilleur fonctionnement des démembrements et une meilleure synergie entre les acteurs. Le SGR SORÉ, par exemple, a préconisé de renforcer les capacités des structures intervenant dans la prévention et la gestion des conflits, à savoir les membres de l’Observatoire régional de l’ONAPREGECC, les organisations et associations intervenant dans le domaine, les structures locales de gestion foncière - Commission de vonciliation foncière villageoise (CCFV) et Commission foncière villageoise (CFV) -, et de renforcer les campagnes de sensibilisation sur certains dangers, risques de radicalisation et de stigmatisation des communautés.

Allant dans la même dynamique, le directeur KABORÉ a insisté sur la nécessité d’une appropriation des observatoires par tous les acteurs, ce qui permettra non seulement de fédérer les efforts des différents acteurs de prévention ou de gestion des conflits communautaires, d’optimiser la mobilisation des ressources financière, mais aussi d’éviter la multiplication des structures. C’est pourquoi, selon lui, une cartographie des projets et programmes intervenant dans le domaine de prévention des conflits, d’une part, et l’adoption et la mise en œuvre d’un plan de travail annuel, d’autre part, sont des mesures à même de faire progresser la cause. Par ailleurs, la session a pointé la nécessité de doter lesdites structures de moyens adéquats afin de leur permettre de remplir pleinement leur rôle.

La contribution du programme DEPAC-2 dans l’alerte et le suivi des conflits locaux
Henri YANOGO, chargé de programme au Laboratoire Citoyennetés (LC), a, dans une communication, présenté à la session la démarche d’observation à travers l’outil dénommé « cartographie des conflits ». Cet outil est développé par sa structure en étroite collaboration avec l’ONAPREGECC dans 30 communes du Burkina Faso dans le cadre du programme DEPAC, pour améliorer l’alerte précoce des conflits. A l’en croire, ce travail d’observation des conflits s’appuie sur des organisations de la société civile. Dans la région de l’Est, l’Association pour le développement du Gulmu (APDG) travaille en tandem avec les acteurs locaux pour observer les conflits liés notamment aux conflits agriculteurs-éleveurs, au foncier, à la gouvernance, aux services sociaux de base et à la gestion des ressources naturelles.

Henri YANOGO, chargé du programme DEPAC-2 au sein du Laboratoire Citoyennetés pendant son exposé.
Jean Damase Roamba

Il explique le processus : « A Fada, l’APDG, grâce à ses observateurs communaux, collectent l’information au niveau communal via l’outil Kobo-Collecte », a-t-il indiqué. Ces observateurs de conflits recensent donc les cas de conflits latents ou ouverts depuis la base et les font remonter d’abord au niveau communal-départemental, ensuite provincial, puis au niveau régional où ils sont tour à tour validés par le coordonnateur de l’APDG. Ces informations collectées et consolidées des 30 CT sont disponibilisées sur la plateforme Civitac. Dans l’année 2021, c’est environ 400 alertes qui ont été observées dans la région. In fine, « l’objectif ultime [de l’outil] est d’alerter l’autorité et les communautés sur les cas de conflits et de contribuer à construire et prévenir la paix », a-t-il laissé entendre.

En rappel, c’est sous la présidence du Secrétaire général de la région de l’Est, Amidou SORÉ, représentant le Gouverneur, président de l’OREPREGECC, que Fada N’Gourma a refermé les portes de la session ordinaire de l’instance régionale chargée de la gestion des conflits communautaires avec une vingtaine de participants.

Amidou SORÉ, Secrétaire général de la région de l’Est.
Jean Damase Roamba

Le SGR s’est notamment réjoui, au nom du Gouverneur, pour la tenue de l’instance et réitéré ses remerciements au Secrétariat permanent de l’ONAPREGECC et à la Coopération suisse, respectivement partenaire technique et partenaire financier de la session, et d’en appeler à sa pérennisation. Aux membres de l’instance, invitation a été faite « d’actionner les leviers nécessaires pour mobiliser les différents partenaires intervenant dans le domaine afin de les orienter vers les zones vulnérables. » Pour les jours et semaines à venir, une campagne pour « faire changer les mentalités » doit être envisagée sur certaines localités comme Diabo pour « sensibiliser les populations » et « colmater les brèches », foi du Secrétaire général SORÉ.

Tûwênd Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, Fada N’Gourma

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