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Les femmes et leur autonomie sacrifiées sur le lys de l’insécurité

Dans ses poussées paroxysmiques, l’insécurité ambiante à l’Est ne cesse de faire des victimes. Elle impacte sérieusement la vie des communautés et a des effets érosifs sur la condition des femmes. Civitac vous propose ci-dessous, un compte rendu des communications délivrées au panel sur le genre en contexte d’insécurité, organisées par l’Association pour la Promotion et le Développement au du Gulmu (APDG) avec le soutien du Fonds commun genre.

Difficile résilience des communautés face à l’insécurité à l’Est

Boukari SANA, le préfet du département de Fada N’Gourma, dans la première communication du panel a campé le décor sur l’impact de la situation actuelle dans la région : inaccessibilité de beaucoup de communes, villages et hameaux de culture, fermeture des services publics (mairies, préfecture, écoles, CSPS), pertes en vie humaines, etc. Pour s’adapter à la difficile situation et faire face aux conséquences désastreuses de la situation sécuritaire, il a noté que la population a usé de plusieurs stratégies. Si les uns ont mobilisé la solidarité et la culture pour reconstruire les liens communautaires et développer une solidarité agissante pour assister les personnes en détresse, d’autres ont choisi la voie de résignation, préférant collaborer avec l’ennemi pour sauver leurs vies. Une attitude que le communicateur dit ne pas « juger ». D’autres encore ont opté pour la migration vers les centres urbanisés. A la date du 31 août 2021, il y a par exemple 66 430 personnes déplacées internes pour le compte du seul département de Fada N’Gourma.

Boukari SANA, préfet du département de Fada N’Gourma, a reconnu que des organisations humanitaires auraient aidé les populations à développer des stratégies de résilience dans plusieurs secteurs

La mise en place de groupes d’auto-défense (VDP) dans certains villages et la délocalisation des services sociaux de base et services administratifs pour limiter le choc, l’essor du développement du commerce en ligne et le développement des échanges commerciaux à travers les services en ligne ont eu entres autres pour effets de réduire la vulnérabilité des populations, la réinsertion sociale des personnes déplacées au sein des communautés hôtes où elles sont acceptées. C’est pourquoi, « il est souhaitable que l’ensemble des populations travaillent au renforcement des cellules d’auto défense, de la solidarité entre populations et l’amélioration de la collaboration entre FDS et populations civiles », a-t-il préconisé pour renforcer la résilience des populations. Car hélas, l’impact économique de l’insécurité sur l’autonomisation des femmes est énorme.

Sacrifiées sur le lys de l’insécurité
Elles sont sacrifiées sur le lys de l’insécurité et en paient le plus lourd tribut. La situation est telle que les villages qui servaient de points d’approvisionnement sont vidés de leur production. L’interdiction aux femmes par les Individus non identifiés de mener certaines activités génératrices de revenus sous peine de représailles comme la vente de boissons alcoolisées (dolo), l’élevage de porc, etc., pratiqués par beaucoup de femmes, a fragilisé celles-ci. « Sur le plan économique, on a fait un pas en arrière. », regrette Issa DOUSSA, le chef du service femme et genre à la Direction régionale de femme de l’Est. Il s’explique : « Dans la dynamique de développement, beaucoup d’activités étaient menées pour contribuer à ce que la femme soit autonome sur le plan économique. La situation d’insécurité est venue fragilisée les efforts, dans la mesure où les structures institutionnelles de promotion et de protection des droits des femmes ne fonctionnent plus correctement », a-t-il indiqué. Pourtant, insiste Issa DOUSSA, le conseiller en promotion du genre, le renforcement de l’autonomisation économique des femmes est une « condition indispensable à l’instauration d’un développement durable et d’une croissance pro-pauvre et à la réalisation de tous les ODD. C’est aussi dire que nous devons nous adapter, demander aux partenaires de réorienter leurs stratégies pour permettre qu’on accompagne les femmes dans des activités génératrices de revenus pour qu’elles puissent reprendre leurs activités. »

Issa DOUSSA, de la direction régionale de l’action sociale de l’Est

Il a terminé son exposé en exhortant les différentes parties prenantes à accroître l’autonomisation des femmes pour leur permettre d’accéder au conseil ainsi qu’aux financements, d’orienter l’assistance des femmes PDI en appui à la réalisation de projets durables et la formation de celles-ci sur les métiers porteurs.

L’éradication des VBG, un problème sisyphéen

La communication était en lien avec les violences basées sur le genre en contexte d’urgence. Le communicateur Issa DOUSSA a fait constater qu’à l’instar du Sahel, cette région de l’Est fait régulièrement face à des cas de rapt, de mariages forcés. Le contexte d’insécurité est venu exacerber ces violences, eu égards au cas de viols, de violences physiques, de traumatismes. Une situation qui appelle à une prise en charge psychosociale et dont la direction générale a pris à bras le corps. « Au niveau de l’Est nous avons mis en place des sous clusters comme le sous cluster VBG, une tribune grâce à laquelle nous discutons des difficultés et tout ce qui est problème en lien avec les violences basées sur le genre », fait savoir Issa DOUSSA. A l’en croire, il y a une structure à la direction provinciale où des gestionnaires de cas y reçoivent ces femmes qui sont victimes pour la prise en charge psychosociale et éventuellement pour une réorientation vers une prise en charge médicale. Son cri de cœur, est « [..] d’interpeller les uns et les autres à multiplier leurs efforts pour freiner ces violences basées sur le genre, car bien qu’elles soient invisibles et cachées, elles sont bien réelles. » Il a encouragé les participants à faire usage des numéros verts comme le 80 00 12 87, le 16 et le 17 pour joindre respectivement la police et la gendarmerie et le 116 pour dénoncer les violences faites aux enfants. « Ce n’est qu’à ce prix que nous pouvons avoir un développement inclusif. », espère-t-il.

Les participants au panel

Issa DOUSSA a également relevé une difficulté qui limite l’intervention des acteurs. C’est le manque de données actualisées sur les cas VBG. « Nous manquons de chiffres et d’outils. » Au niveau du ministère, ils ont mis en place un dispositif de collecte de données à travers les directions provinciales. « Mais ça c’est au niveau de la direction provinciale. Il y a des cas qui ne viennent pas des départements et des communes, car nous ne sommes pas partout. » Il se veut toutefois optimiste. Avec les acteurs, ils veulent uniformiser le processus. « Il y aura un canevas où chaque acteur peut renseigner tout ce qu’il fait. Et s’il y a des données chiffrées sur les violences basées sur le genre, qu’on puisse avoir un outil de gestion de l’information et des chiffres à terme. »

Tûwênd Nooma Jean Damase, Observateur Civitac, Fada N’Gourma

     

 

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