La vente de dolo est une activité à laquelle s’adonnent bon nombre de femmes. Elle est le plus souvent pratiquée par des femmes qui ont embrassé ce métier il y a de cela plus d’une trentaine d’année. Activité génératrice de revenu, elle attire pas mal d’amateurs qui aiment boire ce liquide rouge communément appelé tchapalo. A cet après midi du samedi 11 décembre nous faisons une descente dans quelques cabarets de dolo de Manni afin de voir l’ambiance qui y réside.

Samedi 11 décembre 2021, il est 15h lorsque nous franchissons le portail du cabaret de dolo de Mme Margueritte TINDANO. Nous sommes frappés par une odeur de dolo et de soupe. Le dolo communément appelé « tchapalo », est une boisson fermentée à base de mil. Fabriqué à base de sorgho, le goût du dolo est assez aigre. Il est consommé majoritairement dans les cabarets de dolo, mais peu aussi être emporté chez soi. Les dolotières sont des femmes qui préparent le dolo ; ce qui est un processus long qui demande une bonne connaissance de cette boisson pour obtenir un produit de qualité.

Quelques clients dégustent déjà le précieux liquide et nombre d’entre eux ont les yeux brillants. Et s’il est vrai que l’on ne doit pas boire le ventre vide, certains clients commandent de la soupe ou de la viande grillée pour accompagner la dégustation.
Mme Margueritte TINDANO « je ne vends que les vendredis, samedis et dimanches les autres jours je les consacre à mon repos et à la préparation de mon dolo. Les clients il n’en manquent pas surtout les week-ends. J’ai un foyer avec quatre marmites que j’utilise pour la préparation. J’avoue ne pas me plaindre car j’arrive à joindre les deux sans difficulté » nous confesse-t-elle.

Foyer de Mme Margueritte TINDANO

De l’ambiance à gogo

Les cabarets connaissent une affluence les week-ends car c’est le moment de repos et où chacun peu venir se distraire un tant soit peu. C’est surtout pendant ce moment que certaines personnes découvrent les avantages et autres bienfaits du liquide rouge. Gaston LOMPO est un consommateur de dolo. Il nous affirme que le plaisir tiré dans la boisson, c’est surtout les relations que l’on tisse. Fulbert NATAMA soutient a son tour qu’ « ici, une somme d’informations de toutes sortes circulent dans les cabarets », avant de poursuivre « cela prouve que ce n’est pas seulement pour se saouler que l’on fréquente ces cabarets. » Pour Delphine LANKOANDE une tenancière de cabaret affirme qu’elles sont souvent victimes des paroles offensantes, bizarres de la part des consommateurs. « On peut te vexer par des paroles en te traitant de toutes sortes de noms » lance Mme HARO qui précise qu’elles sont obligées de ne pas répliquer sinon on dira que tu l’as chassé.

La musique est une des manières qui retient les clients et longuement dans les cabarets. Pour faire face aux railleries de mauvais gouts et autres provocations, certaines tenancières optent pour de la musique dans leurs établissements. C’est le cas de Mme Marie LANKOANDE « avec la musique, je n’écoute personne et c’est tout » affirme-t-elle. « Comme on le dit la musique adoucit les mœurs. »

Mme Delphine LANKOANDE

Les cabarets sont souvent de simples maisons en banco, avec parfois un hangar équipé de bancs pour les clients et occasionnellement de petites tables basses rudimentaires.

Landry NIKIÈMA, Observateur Civitac, Bogandé