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« Réussir seul ne rend pas heureux. On est heureux quand on réussit ensemble », conseils de l’inspecteur François Xavier OUÉDRAOGO aux élèves

Dans un contexte mouvementé voire difficile où contradictions et incompréhensions sont foisons, où dialogue intergénérationnel, résilience et changement de paradigme sont prônés à tous les échelons de la vie publique, Civitac a tendu son micro à François Xavier OUÉDRAOGO, inspecteur de l’éducation et directeur provincial des enseignements du Gourma. Il s’adresse aux élèves et aux parents d’élèves pour un système éducatif optimum. Tribune.

« Aux parents, nous devons être très proches de nos enfants. De plus en plus nous sommes éloignés d’eux. On n’a pas le temps pour nos enfants, nous pensons que l’enfant, c’est lui donner du matériel, c’est lui donner tout ce qu’il demande et l’on ne s’en occupe pas. Il y en a qui, à part le bonjour et le bonsoir, n’ont rien à dire à leurs enfants. Or, il faut s’asseoir avec eux, échanger et écouter leurs préoccupations. Tant que nous n’allons pas faire cela, nous aurons l’impression que les élèves ne nous écoutent pas. Ils aimeraient bien nous écouter, mais est-ce que nous leur parlons ? De plus, est-ce que nous sommes exemplaires, est-ce que nous sommes des modèles ? Non, on n’est pas du tout modèles. Nous avons parlé des établissements non clôturés où des usagers passent et perturbent les cours. Ce ne sont pas, hélas, les élèves qui traversent en vitesse, mais plutôt des adultes. Ce sont les adultes qui brûlent le feu, ce sont les adultes qui sont dans la corruption. Si nous ne sommes pas modèles, comment nous voulons que les enfants dont nous avons la charge soient des exemples ?

Grappe d’élèves dans la cour de récréation du Lycée Diaba-LOMPO de Fada N’Gourma. Image d’illustration.
Jean Damase Roamba

Maintenant, je veux dire aux élèves, je veux que chaque élève appartienne à un club ou à une association. Ce sont des cadres d’éducation. Ces sont des cadres où, mutuellement, l’on s’enrichit. Il y a le club UNESCO, le Groupe biblique, le MEJ [Mouvement eucharistique des jeunes], la JEC [Jeunesse étudiante catholique], l’AEEMB [l’Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina], le scoutisme, etc. Mais aujourd’hui, il est triste de constater qu’il y a des élèves qui n’appartiennent à aucune association. Comment apprendre alors à se frotter avec des adultes ? Or dans ces associations, il y a des adultes qui les encadrent, qui leur apprennent à être responsables et critiques… Et c’est seulement ce qui manque.

Je leur demande ensuite de travailler, parce que c’est facile aujourd’hui de se décourager parce qu’on peut [se] dire [que] devant, nous avons nos grands frères qui ont des diplômes mais qui n’ont pas de travail. Mais pourquoi ceux qui ont des diplômes n’ont pas de travail ? Parce qu’ils attendent peut-être que quelqu’un leur donne du travail. Or aujourd’hui, il faut que nous puissions étudier pour nous-même, nous trouver du travail pour soi-même, s’employer et employer d’autres personnes. C’est pourquoi aujourd’hui je demande aux jeunes de s’intéresser à l’enseignement technique et professionnel. Si vous prenez quelqu’un qui fait de la mécanique auto, il n’a pas besoin qu’on l’emploie. Lui-même, après ses stages, s’il a les moyens il peut s’auto-installer. Quelqu’un qui va faire un BEP en coiffure, à la fin il installe son atelier. Et aussi, il faut qu’ils croient en leurs capacités. Nos élèves aujourd’hui se découragent parce que le professeur a mal parlé. [Ils dépriment avec des pensées du genre : ‘’Moi-même, je n’ai plus envie d’étudier. Donc, ils doivent se dire : ce que les autres ont réussi-là, moi aussi je peux réussir et je vais les surpasser. Je vais donc aussi inviter chaque élève à être orgueilleux. Sans orgueil on ne réussit pas. Il faut se dire : ‘ce n’est pas moi qu’on va mettre à l’index, qu’on va renvoyer, qui vais redoubler, que j’ai fait ceci ou cela.’ Et c’est ce sain orgueil-là qui va nous pousser à aller de l’avant. Il faut qu’entre les élèves il y ait une saine concurrence. Si un tel a eu 14, je lui demande : ‘Comment tu as fait ? On va étudier ensemble.’ […] Ça c’est de la saine concurrence, mais en travaillant mutuellement. Et je vais leur dire enfin qu’on ne réussit pas seul. Réussir seul ne rend pas heureux. On est heureux quand on réussit ensemble. Donc il faut qu’ils soient solidaires. »

Propos recueillis par Tûwênd Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, Fada N’Gourma

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