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A la découverte de Solidar Suisse

Solidar Suisse est une structure qui intervient au Burkina Faso depuis plusieurs années. Elle accompagne d’autres structures, programmes et projets locaux et à plusieurs niveaux dans la mise en œuvre de leurs activités. Il est d’ailleurs l’un des partenaires du Laboratoire Citoyennetés. Qui est-elle ? Quelles sont les actions qu’elle mène au Burkina Faso et avec le LC ? Dieudonné ZAONGO, Représentant Pays de Solidar Suisse au Burkina Faso, nous en dit davantage sur la structure.

Dieudonné ZAONGO, représentant pays Solidar Suisse.

Pouvez-vous nous présenter Solidar Suisse ?
Solidar Suisse est une ONG suisse dont le siège est basé à Zurich, en Suisse. Elle intervient au Burkina Faso depuis 1974. Elle a deux thématiques prioritaires au Burkina. La première est démocratie, société civile et aide humanitaire. Au niveau de cette thématique, on retrouve des projets en lien avec la gouvernance locale, la paix et la cohésion sociale et des projets d’innovations éducatives. La deuxième thématique est économie et travail. C’est un sous-thème qui englobe des projets comme la sécurité alimentaire, l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, l’entrepreneuriat agricole, la lutte contre le travail des enfants. Elle travaille dans 8 régions du Burkina avec une forte concentration de ses programmes dans les zones frontalières du Mali et du Niger.

Quel est le bilan actuel de l’implantation de Solidar Suisse au Burkina ?
Avant 1991, qui est l’année d’ouverture du bureau de l’ONG au Burkina, Solidar Suisse travaillait directement avec le gouvernement burkinabè dans le domaine du développement de matériels agricoles et des matériels de forage avec l’usine qu’on appelait Happy coma. C’est Solidar Suisse qui a financé la formation des artisans ruraux qui fabriquaient des pompes, des semoirs, des charrues, etc.

Après, le programme s’est tourné vers l’alphabétisation en accompagnant le gouvernement à mettre en place la première imprimerie chargée de produire des documents en langues nationales. Pour le monde rural, elle a accompagné des organisations paysannes dans le domaine de l’agriculture en construisant des centres de formation continue. Elle a également travaillé pour la promotion des droits avec le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples. Pour la promotion des droits des travailleurs, Solidar Suisse a travaillé avec le Syndicat national des enseignants africains du Burkina, la CGTB. Depuis 2001, elle a orienté son intervention vers le monde rural, là où il y a beaucoup de préoccupations en matière de développement, de paix, de cohésion sociale. C’est un programme qui met l’accent sur le renforcement des capacités des organisations locales. Elle a collaboré avec une trentaine d’organisations. Avec la crise sécuritaire, Solidar Suisse a développé des programmes en lien avec la paix et la cohésion sociale et aussi avec des actions de développement.

Depuis quand a débuté le partenariat entre Solidar Suisse et le Laboratoire Citoyennetés ?
La collaboration avec le LC a commencé autour de 2015, puis il y a eu une phase de 2017 à 2020 avec un programme axé sur la démocratie et la participation. Ce programme a mis la focale sur la région du Plateau central. C’est un programme que nous avons bien apprécié parce que le LC est, il faut le dire, une organisation que nous trouvons avec une grande expertise en matière de promotion de la gouvernance locale.

Quels sont vos objectifs avec le LC ?
L’objectif de cette collaboration avec le LC est de faire en sorte qu’au niveau des collectivités il y ait une véritable expression démocratique. « Il y a les conseillers des collectivités qui sont élus par les communautés et qui doivent veiller à ce que le développement local puisse répondre aux préoccupations des communautés pour lesquelles ils sont élus. Vous avez les citoyens qui doivent bénéficier des services offerts par les collectivités et ils doivent bénéficier des services de qualité. Vous avez aussi les radios communautaires qui sont des cadres d’expression pour promouvoir la gouvernance locale. Solidar Suisse et LC sont partis sur la base de ces trois composantes que sont les conseillers, les citoyens et les radios communautaires pour voir comment ils peuvent renforcer leurs capacités et amener chacun à jouer pleinement son rôle.

Quel bilan faites-vous du partenariat entre LC et Solidar Suisse dans le cadre du programme Démocratie locale et participation citoyenne ?
Depuis cette collaboration, les projets que nous avons conduits ensemble produisent des résultats sur le terrain. Le travail a consisté à ce qu’il y ait un synergie d’action de la part des Organisations de la société civile dans les zones d’intervention du programme. Cela est salutaire parce qu’elle a permis à 40 associations de travailler ensemble pour interpeller les conseils des collectivités sur la qualité des services sociaux de base offerts au niveau des communes ; elle a également permis que les besoins des communautés puissent être pris en compte dans les plans locaux.

L’Etat ne peut pas tout faire, c’est pour cela que des organisations comme le LC sont là pour aider à renforcer les capacités de la société civile afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de contrôle citoyen de l’action publique. Sur 8 communes choisies pour expérimenter ce projet, on est arrivé à mettre en place des fédérations d’associations que nous appelons des cadres de concertation citoyenne qui jouent également ce rôle de contrôle citoyen de l’action publique afin de permettre aux communes de rendre compte de leur gouvernance. Je salue aussi le lien qui s’est instauré entre les cadres de concertation et les radios locales qui ont été soutenues, parce qu’il faut trouver un cadre où on peut interpeller, et cette collaboration avec les radios a été salutaire.

Solidar Suisse et le LC ont accompagné les conseils des collectivités à organiser des cadres de concertation afin que les communes puissent organiser des rencontres avec les citoyens et rendre compte de leur gouvernance. Il y a eu également des radios communautaires qui ont mené des enquêtes sur la qualité des services sociaux de base et qui ont permis aux citoyens d’interpeller directement leur maire ou leur conseil municipal et il y a des élus qui sont allés à la radio pour y répondre. Les cadres de concertation ont été créés dans 8 communes. Nous travaillons à ce qu’ils gagnent en autonomie à travers leur évolution vers une reconnaissance juridique, mais également à renforcer leurs capacités à élaborer eux-mêmes leur plan d’action, à mobiliser des ressources pour continuer à jouer leur rôle.

Il y a également les journaux de liaison qui ont été créés au niveau des communes et qui permettent à chaque fois de pouvoir, dans un document, rendre compte de ce qu’ils ont pu faire. Les thématiques qui ont été abordées pendant les cadres de concertation sont aussi pertinentes. C’est, pour moi, un bilan très positif.

Quels sont les défis auxquels vous avez fait face dans ce partenariat ?
Les défis c’était d’abord de faire accepter les Organisations de la société civile. Vous savez, en milieu rural, très souvent, les Organisations de la société civile sont politisées et les gens n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble pour des questions d’intérêt de la collectivité. Arriver à amener les gens à comprendre qu’ils doivent jouer un rôle de contrôle citoyen de l’action publique, accepter d’élaborer des plans d’action communs et les mettre en œuvre étaient un des défis que nous avons pu relever. L’autre défi est comment amener les communes à accepter que ces organisations qui ont été mises en place sont légitimes, parce que, très souvent, les communes, les conseils de collectivités, les maires voient les OSC comme des gens qui peuvent leur créer des problèmes. Alors, dans le cadre de ce programme, il y a eu une franche collaboration entre les communes, les conseils des collectivités et les OSC. Naturellement ce n’est pas partout que ça s’est bien passé, on ne peut pas mettre en place une organisation qui veut faire la veille citoyenne et vouloir qu’elle plaise aux collectivités. Mais c’est un défi qui a été relevé.

Quels sont les défis auxquels vous faites face actuellement ?
Pendant maintenant près de 5 ans, nous avons évolué sur la région du Plateau central. Il y a des acquis et c’était comme un projet pilote que nous avons mené là-bas. Les défis auxquels nous faisons face en ce moment, c’est de travailler à ce que le cadre démocratique que nous avons créé à l’échelle communale, nous puissions faire la même chose à l’échelle village. Que ces organisations qui ont été mises en place soient légitimes, parce qu’on a remarqué que les conseillers municipaux qui participent au niveau du conseil municipal, une fois qu’ils sont élus, la redevabilité au niveau village reste le maillon faible. Et on a déjà commencé avec la deuxième phase dans la région de la Boucle du Mouhoun. On va aussi accompagner la réalisation de certaines infrastructures au niveau village.

Pourquoi le choix de la région de la Boucle du Mouhoun dans cette deuxième phase ?
Le Plateau central et la Boucle du Mouhoun sont deux cultures assez différentes. Pour développer ces genres de projets assez différents, il faut être dans des zones de cultures différentes pour pouvoir comparer les résultats, mais également avoir toutes les chances nécessaires pour réussir un tel projet. Ce sont nos zones traditionnelles d’intervention avec d’autres projets et le LC aussi connaît la zone, donc c’est un avantage pour commencer un tel projet. C’est une zone aussi à fort défi sécuritaire, et comme nous sommes dans la dynamique de la paix et la cohésion sociale, si les thématiques que nous pourrions y développer peuvent contribuer à les promouvoir, c’est une zone potentiellement indiquée pour entreprendre ce genre de projet.

Nous sommes dans une phase de 4 ans (2021-2024). On a fini la phase 2017-2020. Le renouvellement d’un programme dépend de plusieurs facteurs, dont la disponibilité des ressources financières, la qualité des résultats obtenus, la pertinence de la thématique. Au regard des différentes évaluations et en tenant compte de ce que je viens de citer, ça peut nous amener à continuer.

Quelles sont vos ambitions avec le Laboratoire Citoyennetés ?
Notre ambition c’est de travailler à ce que nos acquis puissent être capitalisés et vulgarisés. Les thématiques ou les modèles que nous avons développés et qui ont produit à des résultats, que ça soit au Plateau central ou à la Boucle du Mouhoun, qu’ils puissent être portés par les acteurs qui développent les mêmes thématiques et que nous puissions aller au-delà du Plateau central et de la Boucle du Mouhoun avec notre partenaire le LC, et que ça puisse être utilisé par les collectivités qui disposent des ressources.

Votre mot de la fin ?
Le mot de la fin c’est de remercier et féliciter le LC pour la qualité des résultats obtenus dans le cadre du programme Démocratie locale et participation citoyenne dans le Plateau central et la Boucle du Mouhoun ; c’est également de saluer la mise en place de cet outil qu’est Civitac. Civitac c’est vraiment un outil que nous accompagnons. Nous voulons vous encourager à l’utiliser. Ainsi, au niveau de chaque commune les gens pourront être informés et donner des informations sur ce qui se passe dans leur commune.

Interview réalisée par Céline SÉOGO, Observatrice Civitac, Ouagadougou

     

 

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Jeudi 11 janvier 2024 à Ouagadougou

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