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Plateau-central /Zorgho : Immersion dans l’activité de recyclage de la ferraille

La récupération de la ferraille s’est imposée depuis de longues dates comme une activité incontournable dans nos cités. Petites et moyennes villes, villages, campements, aucun endroit n’est épargné. Nous mettons un point d’honneur ce 4 avril 2023 pour mieux comprendre le fonctionnement de ce secteur prometteur mais négligé, dans la ville de Zorgho.

Il est très fréquent de croiser des enfants, le plus souvent des élèves, qui veulent se faire quelques sous, sillonner rues et champs, sacs en main, fouillant de fond en comble les poubelles en ville ou au village à la recherche de métaux. Les vieux morceaux de fer, de plomb ou d’aluminium ne sont pas épargnés. Ces métaux sont ensuite pesés auprès des collectionneurs pour 100 FCFA le Kilogramme.

Au coeur du dépôt de la ferraille

Mahamadou Toro, installé à Zorgho précisément au secteur 2, est l’un des trois grands collectionneurs de ferraille dans le Ganzourgou. Il pratique cette activité informelle depuis plus d’une quinzaine d’années. Son entrepôt a l’air d’une cage au trésor. Devant la cour, la « marchandise » est bien empilée dans des sacs ou dans de vieux camions. A l’intérieur, en plein milieu de la cour, divers morceaux de fer, de vieilles pièces d’engins à deux roues, de frigos, de vieux fourneaux en fer sont entassées sens dessous dessus. A gauche, deux hommes s’activent dans un petit atelier de confection de fourneau, de tamisiers et autres objets utilitaires ménagers. A droite, une belle collection de marmites est bien visible. Sur cet espace de travail, une demi-douzaine de jeunes garçons, tout en sueur, coulent l’aluminium pour fabriquer d’autres marmites.

Mahamadou Toro dans son entrepôt

Toute cette petite entreprise de valorisation existe grâce aux vieux métaux recueillis. Mahamadou Toro, la quarantaine révolue, a pris du temps avant d’en arriver là. Il explique : « J’ai commencé l’activité de récupération avec les vieilles chaussures que je collectais pour aller vendre au Ghana mais aussi Nigeria. […] Et puis le besoin du fer s’est manifesté. J’ai donc abandonné les chaussures au profit de celui-ci, plus rentable. Pendant plus de 10 ans, la ferraille récupérée était alors transportée à Lomé, au Togo, pour la vente. Mais depuis la création de Cimetal, entreprise spécialisée en métaux de construction, je vends maintenant mon fer à Ouagadougou. »
Aidé par ses trois fils, cet entrepreneur peut récupérer et vendre plusieurs dizaines de tonnes par an, au prix de 140 000 ou 150 000 F CFA la tonne ; mais n’arrive pas à le savoir avec précision. « Je n’ai pas été à l’école, donc je n’arrive pas à écrire. C’est un handicap. En outre, on n’a pas de soutien. Tout le monde néglige notre métier. Je ne sais pas pourquoi. C’est parce que ça ne se trouve pas dans papier de blanc ? », s’offusque-t-il. Pour lui, la récupération de la ferraille, au-delà de l’aspect économique, est un véritable service d’intérêt public. « Grâce à nous, le tétanos se fait rare. On a nettoyé la ville jusque dans les brousses, des vieux morceaux de fer rouillés… », justifie-t-il.

Transformation de la ferraille recyclée

Comment moderniser le secteur ?
C’est une interrogation qui vaut la peine d’être posée devant la réalité des faits. La plupart des entrepreneurs dans le secteur de la récupération et du recyclage sont dans l’informel. Face au développement des villes, et plus particulièrement à la modernisation du secteur de la construction, du bâtiment et des travaux publics, l’usage des métaux devient un enjeu stratégique. Il sied donc pour l’autorité d’envisager un programme d’accompagnement et d’encadrement des acteurs de ce secteur afin d’optimiser la portée économique et environnementale du secteur de la récupération/recyclage. L’accompagnement sous forme de sensibilisation et d’appui-conseil est d’autant plus nécessaire pour réduire l’exportation du fer.

Mais de plus en plus, le secteur de recyclage de la ferraille au plan local s’essouffle dans son élan, du fait de la rareté de la « matière première ». Et cette rareté de la matière première « risque de mettre en péril l’activité des artisans » qui, avec le fer de récupération, arrivent à façonner divers produits allant des jouets aux objets d’art en passant par des ustensiles de cuisine et le matériel d’agriculture (pioche et daba).

En attendant que le secteur connaisse de lendemains meilleurs sur les plans organisationnel et institutionnel, des milliers de personnes au Burkina Faso - comme Mahamadou Toro, continueront à risquer leur santé pour s’en sortir.

Abdramane Zerbo, Observateur Civitac, Plateau-central

     

 

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