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Gnagna (Est) : lieu de refuge et de calvaire des déplacés de Zéguédéguin

Bogandé, chef-lieu de la province de la Gnagna, abrite depuis près de deux semaines des déplacés venus de la commune de Zéguédéguin. Suite aux différentes attaques perpétrées, courant avril 2023, par des hommes armés non identifiés dans la province du Namentenga et particulièrement dans la commune sus-citée, ils sont venus trouver refuge dans la ville de Bogandé. Nous sommes allés nous entretenir avec eux ce vendredi 5 mai 2023.

A notre arrivée aux environs de 10 h, nous sommes entrée en contact avec le responsable du service de l’Action sociale de Bogandé. Celui-ci nous déclare : « Au jour du 3 mai 2023, nous avons comptabilisé 3 800 déplacés venus de Lilougou (village attaqué), Dassambimba, Ouabédi et bien d’autres villages de la commune de Zéguédéguin. » Selon les témoignages recueillis, ces derniers fuient les représailles et les menaces des groupes terroristes qui sévissent dans leurs localités respectives.

Venus à pied avec le strict minimum de bagages, ces déplacés, composés de vieillards, de femmes, d’enfants et d’hommes, n’ont pas pu prendre de quoi se nourrir ni prendre soin d’eux. Ils ont fui leurs villages afin de sauver leur vie et celle des membres de leurs familles. Ils se sont retrouvés sans abri, sans nourriture et manquant de tout.

Condamnés à vivre une nouvelle vie, ils sont exposés à toutes sortes de difficultés : manque de logement, de nourriture, de vêtements et de soins sanitaires. Le responsable du service de l’Action sociale plaide et appelle à l’aide : « Chaque jour que Dieu fait, nous enregistrons de nouveaux déplacés. Et pour cela, nous demandons l’aide des âmes sensibles. Ils ont besoin de logement, surtout avec la saison hivernale qui s’annonce, de nourriture, de vêtements ainsi que des toilettes. Nous précisons qu’aucune aide n’est petite. Même un verre de riz est la bienvenue. Aider ces personnes déplacées, c’est aussi aider le Burkina Faso à se sortir de la crise qu’il traverse. »

Un calvaire
« Nous étions en route pour enterrer notre mère qui venait de rendre l’âme, lorsque des hommes armés non identifiés sont venus nous donner l’ordre de quitter notre village dans les deux heures qui suivent. Dans la panique, nous avons juste eu le temps de rassembler les membres de notre famille pour fuir, en laissant la dépouille de notre mère », témoigne DABILGOU Guigriroago, porte-parole des personnes déplacées.

Logement des déplacés.

Les réfugiés venant de Zéguédéguin disent avoir choisi de suivre leur chef coutumier pour se retrouver dans la ville de Bogandé. Ils estiment également que leur présence à Bogandé s’explique par le fait que la ville de Boulsa abrite déjà assez de déplacés. Grâce aux relations du chef, certains d’entre eux sont logés dans une cour. Cette cour ne possédant que quelques maisonnettes, les hommes ont préféré céder la place aux femmes et aux enfants et se contentent de dormir à la belle étoile. Les autres déplacés qui n’ont pas eu cette opportunité sont logés ailleurs dans la ville. M. LANKOANDÉ, l’un des déplacés, dit : « Aujourd’hui (à la date du 5 mai) fait huit jours que je suis là sans nouvelles de ma femme et de mes enfants. J’aurais appris par des gens qu’ils sont à Boulsa, mais la voie la plus facile pour y accéder est bloquée par des hommes armés. Il me faut faire alors le grand tour pour passer par Pouytenga afin de les ramener. Mais là aussi, les moyens financiers me manquent. »

Bagages des déplacés.

Solange COULIDIATY, Observatrice Civitac, Bogandé

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