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Élevage au Burkina Faso : quand les femmes se frottent les mains dans l’asinerie à Boussouma

L’élevage au Burkina semble être le secteur porteur pour la majorité des Burkinabè. Cependant, c’est dans pratiquement le même format que plusieurs personnes s’y adonnent. Soit on élève des poules, des bœufs, des moutons, soit c’est des chèvres. L’âne, l’ami de l’homme, est négligé dans cette gamme d’élevage. Souvent élevé juste pour les travaux ménagers, deux têtes suffissent à l’éleveur pour combler le besoin. Avec ces femmes, les ânes sont comme les autres espèces qu’il faut élever en grand nombre. Mercredi 10 mai 2023, nous nous sommes intéressé à ces femmes de Boussouma, province du Sanmatenga, région du Centre-Nord, et nous avons cherché à comprendre leurs sources de motivation.

Découvrons pourquoi ces femmes s’intéressent à l’asinerie (l’élevage des ânes). Un groupe de femmes s’intéresse à l’élevage des ânes dans la commune de Boussouma, province du Sanmatenga, région du Centre-Nord. Ces femmes sont membres de l’Association Song-Taaba des Femmes de Boussouma. Depuis 2009, ce type d’élevage a beaucoup marqué les femmes dans leurs ménages, même s’il faut reconnaître qu’elles font d’autres types d’élevage, notamment les bœufs, les lapins et la volaille.

Les lapins sont également élevés par ces femmes.

De la naissance de l’idée
Ce type d’élevage est beaucoup négligé par la plupart des éleveurs et ceux qui en pratiquent le font dans un grand mépris. Ces femmes pensent le contraire, pour elles, ce secteur est accessible à tous et peut sauver des ménages vulnérables. « L’élevage des ânes est beaucoup négligé par les citoyens et pourtant ce sont des animaux incontournables dans la vie de l’homme. Dans nos ménages, nous puisons de l’eau avec les ânes. Nos bois de chauffe, c’est grâce à l’âne que nous nous ravitaillons. Nous labourons nos champs grâce à l’âne. Son fumier nous aide dans nos récoltes. Son élevage est moins cher et l’âne résiste aux fardeaux et aux épidémies », a expliqué Fatimata OUÉDRAOGO.

Dame Fatimata est fière de cet élevage et pense même qu’il est rentable.

L’âne est un animal sacré dans la famille moaga
L’on ne tue pas l’âne parce qu’on est boucher. Il faut être initié pour le faire et ceux qui le font sont d’une famille dotée des pouvoirs de le faire. Selon les explications des anciens, l’abattage des ânes porte malheur pour ceux qui le font sans respect des normes. « Les ânes sont un héritage de nos arrière-grands-parents. C’est dans cet élevage qu’on nous a surnommés “chef d’ânes“. L’âne a une grande importance pour nous car la présence de l’âne dans une famille marquait également la bienséance dans la famille. Son entretien est simple et nous aide dans l’agriculture. Nous vivons aux dépens des ânes », nous a confié Moumini SAWADOGO, dit “Chef d’ânes“.

Moumini SAWADOGO, dit "chef d’ânes ", encourage les femmes dans leur activité.

D’habitude, l’âne est un héritage de l’homme dans le ménage, mais dans cette partie du Burkina Faso la femme tente de redonner de la valeur à cet animal. En effet, l’Association Song-Taaba des femmes de Boussouma, une structure purement féminine, a fait de l’asinerie un véritable secteur de l’économie rurale. Des dizaines d’ânes et ânesses sont élevés par les membres de cette association. « Nous avons eu l’idée d’initier l’élevage des ânes parce que nous sommes des femmes et nous sommes vulnérables, et dans ce type d’élevage nous pouvons être moins victimes de vol. Nous avons pensé également au fumier et à l’accessibilité de ses produits de consommation », témoigne Jacqueline LOUGUÉ/SAWADOGO, coordonnatrice de l’Association Song-Taaba des Femmes de Boussouma et par ailleurs présidente de ladite structure sur le plan national.

La coordonnatrice de l’Association Soong-Taaba salue l’engagement des femmes et demande un soutien pour renforcer leur activité.

Si d’autres pensent que ce secteur n’est pas prometteur, ces femmes, elles, voient en cette activité le chemin accessible à tous dans le cadre du développement local. Elles s’y mettent, même avec les primes d’encouragement qu’elles reçoivent. « En 2019, lors de la célébration des meilleures associations féminines, Plan Burkina nous a décerné un trophée avec une enveloppe financière. Nous n’avons pas gardé l’argent en banque, mais nous l’avons pris pour acheter des ânesses que nous avons données à des ménages. Présentement nous avons au total douze ménages où nous avons des ânes », a ajouté la coordonnatrice, avant de préciser que dans ces ménages, si le nombre dépasse trois à quatre, le surplus est redistribué ou vendu pour acheter de nouvelles ânesses au profit d’autres ménages.

L’âne se nourrit de l’herbe, des tiges et des graines de mil.

Un animal qu’on peut nourrir facilement
Si ces femmes n’abandonnent pas dans leur élan, c’est bien parce qu’elles tirent leur gagne-pain, et c’est aussi parce qu’à moindre coût, on peut démarrer cette activité. L’autre secret de ces femmes est que, contrairement aux autres animaux, l’âne est moins convoité par les voleurs et sa nourriture n’est constituée que de tiges de mil et de graines de mil. L’on n’est pas obligé d’aller toujours sur l’espace du marché pour se procurer sa nourriture.

Il est vrai que l’âne résiste aux épidémies, mais il est des moments où il est vulnérable à certaines maladies. Outre ces maladies, les moyens matériels et financiers sont des tas d’entraves à l’essor de cette activité. C’est pourquoi l’Association Song-Taaba des Femmes de Boussouma lance un cri du cœur à l’endroit des bonnes volontés afin de réaliser ce projet qui, selon elles, sera très bénéfique pour les ménages vulnérables.

Pour rappel, l’Association Song-Taaba des Femmes de Boussouma est basée à Boussouma et a pour objectif la lutte contre la pauvreté et la promotion des actions endogènes.

Bédaré OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Boussouma

     

 

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