Manni, ville située à 35 km de Bogandé, province de la Gnagna, est devenue depuis quelque temps un grand carrefour de transport.

En avril 2023, le pont de Naré, sur la route nationale n°3 (RN3) entre Kaya et Dori, a été dynamité par des groupes armés terroristes. Depuis lors, les cars et camions quittant cette partie du Sahel et les pays voisins du Burkina Faso, tels que le Niger, à destination de Ouagadougou sont obligés de changer de trajet. A partir de ce pont, aucun passage n’est possible sur la RN3. Toute tentative de déviation court le risque de sauter sur un engin explosif improvisé. Pour rallier Dori et ses environs, les véhicules ont trouvé un autre itinéraire qui les amène à traverser la province de la Gnagna, faisant ainsi de Manni un grand carrefour de transport.

En effet, la tragédie qui s’est produite sur la RN3 a poussé les transporteurs à ne plus emprunter cet axe devenu trop risqué. Ne pouvant pas laisser tomber leur gagne-pain, ils se retrouvent obligés de dévier leur route habituelle, passant ainsi par Manni afin de pouvoir arriver à leurs destinations respectives. Une situation qui profite un tant soit peu aux habitants de Manni. Cette ville, qui d’antan était un petit carrefour, est devenue maintenant un grand carrefour de trafic routier. Parmi les moyens de transport, l’on retrouve des camions, des minibus (dinas), des cars du Sahel et ceux du Niger.

Une opportunité d’affaires
Ce vendredi 12 mai 2023, un nouveau jour se lève sur la ville de Manni. Il faut vite se dépêcher de sortir pour ne pas rater les premiers clients. Plus tôt que d’habitude, la ville est vite bondée de monde et surtout de commerçants. Parmi eux, nous avons des vendeuses de fruits, de poisson frit, de condiments... Si certains s’empressent de quitter la route pour ne pas se faire renverser par un car, les autres, en l’occurence les vendeurs, courent vers ces derniers afin d’avoir de la clientèle.

Grâce à ce nouveau changement dans la ville, le chiffre d’affaires de certains commerçants connaît une croissance. « Habituellement quand je sors pour mon commerce, la vente n’est pas toujours fructueuse mais depuis que les cars passent par Manni je peux rentabiliser trois fois plus qu’auparavant », explique, tout heureux, Lamoussa, jeune vendeur ambulant d’eau et de boisson.

Mêmes avis au niveau des différents restaurants aux abords de la route et surtout les vendeuses de poisson frit. Mais ce n’est pas ce que pense tout le monde. C’est le cas de Mme BOURGOU, vendeuse de condiments : « Nous les vendeuses de condiments ne sentons pas une grande différence malgré le fait que la ville soit devenue un carrefour. Les passagers n’achètent pas de condiments. Ce n’est que quelques rares fois qu’ils en prennent. »

Qu’à cela ne tienne, la situation ne semble pas arranger seulement les commerçants. Il y a aussi tout l’ensemble de la population de Manni qui se réjouit. En effet, avant, elle ne possédait qu’une société de transport pour rejoindre la capitale Ouagadougou. Mais maintenant elle se retrouve avec plusieurs sociétés de voyage et aux horaires voulus.

Solange COULIDIATY, Observatrice Civitac, Bogandé