Dans la ville de Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, on constate dans la nature d’énormes objets usés abandonnés avec son corollaire d’effets dévastateurs probable sur la santé de la population et sur l’environnement. Pour atténuer cesdits effets, Zakaria KONATÉ, tailleur et styliste au secteur 13 de Ouahigouya, a eu l’ingénieuse idée de ramasser ces objets et de les recycler, pour leur donner un second souffle. Il les utilise pour fabriquer des objets artistiques décoratifs et utilitaires. Ce samedi 20 mai 2023, nous sommes allé nous entretenir avec lui. Il nous explique les raisons, les implications et l’impact de son activité.

Faire de l’art à partir d’objets récupérés n’est pas nouveau, mais il évolue avec les époques, les pays, les mentalités et bien entendu les types d’objets jetés dans nos sociétés. Nombreux sont ces artistes qui se font les porte-paroles de messages écologiques et éthiques. Ils prennent du plaisir à redonner une nouvelle vie à ces objets tout en appréciant la contrainte qu’ils offrent. Offrir une nouvelle vision avec des matières sans aucune valeur apparente prend chez ces artistes tout son sens. Zakaria KONATÉ, tailleur et artiste à Ouahigouya, en est un.

Zakaria KONATÉ, artiste styliste.

Pour lui, l’idée au départ est une sorte de prise de conscience écologique. L’appartenance à un environnement qui garantit son existence lui implique des droits et des devoirs par rapport son environnement. « J’ai le droit de jouir d’un environnement sain et le devoir de ne pas le polluer. Mais, le plus grand devoir c’est de contribuer d’une manière ou d’une autre à l’assainir », a déclaré Zakaria KONATÉ. C’est pourquoi il a d’abord eu l’idée de collecter les bidons, les pneus usés, etc. et de les déposer. Les pneus, lorsqu’ils se dégradent, sont une source de pollution pour l’environnement en raison de leur composition chimique et représentent un réel frein à la transition énergétique. Les sachets plastiques également durent en moyenne 200 ans sur la terre.

« Après cette collecte, je me suis dit qu’il est possible de se servir de ces pneus et de ces bidons usagés pour fabriquer des objets artistiques de décoration extérieure ou intérieure, que ce soit pour du mobilier, c’est-à-dire des tables, des fauteuils, etc., ou pour fabriquer des sacs », a souligné Zakaria KONATÉ.

Un exemple de fauteuil en fabrication à l’aide de pneus usagés.

Ces dernières années, effectivement, dans de nombreux maquis et de restaurants publics, dans des hôtels à Ouahigouya, le monde de la décoration s’est également peu à peu approprié ce matériau issu du recyclage pour en faire des objets artistiques décoratifs.

Il les utilise également pour fabriquer des jeux pour enfants.

Cette mesure permet aux concepteurs de tirer des ressources financières et de vivre de leur art. « Aujourd’hui, au-delà de l’action citoyenne, on tire des profits », a soutenu Zakaria KONATÉ.

Un sac fabriqué à l’aide de bidons usagés et de sachets plastiques abandonnés.

Le recyclage n’est cependant pas une chose aisée. Le manque d’outils de travail appropriés est un frein. Également, il y a le risque d’exposition à des maladies infectieuses et le souci de commercialisation. À cela se greffe le manque de qualification et de formation pour une meilleure appréhension des styles autour des objets usés.

Abdoulaye OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Ouahigouya