La commune de Kaya, à l’instar des autres communes du Burkina, est confronté à la pollution du cadre de vie. Ainsi, les dépôts des ordures en plein centre-ville de Kaya, la stagnation des flaques d’eaux usées au milieu des concessions et dans les caniveaux sont sources des maladies comme le paludisme. Fort de ce constat, la population de la commune de Kaya a procédé à des travaux d’intérêt général avec l’engagement de la mairie dans la gestion des ordures.

Pour remédier à ce phénomène de pollution du cadre de vie, la mairie de Kaya dispose d’une cellule d’hygiène et de l’assainissement ; laquelle cellule est en partenariat avec des associations. Ces associations partenaires sont tenues de mettre en œuvre des stratégies pour le ramassage des ordures dans les ménages.
Le 22 mai de 2023, nous avons rencontré les membres du service Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) de la mairie de Kaya. Leur rôle régalien consiste à lutter contre l’insalubrité, la pollution et la nuisance sonore.
La situation actuelle de l’assainissement notamment la gestion des déchets solides suscite moins l’engouement des populations. Le nombre des abonnés est relativement faible au regard du nombre de ménages que compte la commune de Kaya. Pour preuve, sur 14000 ménages que comptait la ville de Kaya, seulement 2480 étaient abonnés au ramassage des déchets en 2020. Soit un taux de 17,71% d’abonnement. Pour l’année 2023 en cours le nombre d’abonnés n’a pas connu une hausse considérable. On note cependant 2645 abonnés. La quantité de déchets collectée par mois est de 84,5 tonnes selon les données de la mairie de Kaya.
En ce qui concerne l’assainissement, la mairie dispose de trois grands volets à savoir la gestion des eaux usées et excréta qui concerne principalement la gestion des latrines ; le volet évacuation des eaux pluviales qui consiste essentiellement à la gestion des caniveaux, et le volet gestion des déchets solides qui met l’accent sur la gestion des ordures ménagères. Notons qu’avant, la mairie gérait directement la gestion des déchets solides mais actuellement, elle a opté pour une gestion déléguée, fait savoir Augustin Ali TOU, Chef du service Hygiène et Assainissement de la mairie de Kaya.

Augustin Ali TOU, Chef du service Hygiène et Assainissement de la mairie de Kaya

Le service Hygiène et Assainissement a aménagé une décharge des ordures à Tiwêga à 6km de la mairie pour la circonstance. Concernant la gestion des déchets, nous avons le tri, la valorisation des déchets solides et l’enfouissement des déchets inutilisables. La création d’un partenariat avec les associations à travers les contrats de concession qui sont chargées à priori du ramassage des ordures et de sensibiliser les ménages s’abonner davantage. De même, des cellules de veille sont créées dans chaque secteur de la ville de Kaya, elles sont chargées de sensibiliser la population et de faire remonter l’information sur les cas récalcitrants.

Le partenariat dans la gestion des ordures

Le lundi 22 mai 2023, nous avons rencontré Youssouf OUEDRAOGO, le président de l’Association Jeunesse et Action pour le Développement Durable (AJADD). Pour une meilleure gestion des déchets solides, la mairie a engagé des associations pour la mise en œuvre du ramassage des ordures. Ces associations sont chargées de sensibiliser la population sur le bien-fondé de la gestion des déchets dans la ville de Kaya. Leur rôle consiste aussi à interpeler les ménages sur leur devoir en ce qui concerne leur implication citoyenne. En sus, elles sensibilisent la population à s’abonner à ce programme afin d’éviter le jet des ordures de façon incontrôlée. C’est le cas de l’Association WASONGMA et l’AJADD. L’AJADD compte environ 39 personnes. Elle est spécialisée dans le tri des déchets. Le prix d’abonnement mensuel varie d’un ménage à un autre comme le dit Youssouf OUEDRAOGO, président de l’AJADD. « Le prix mensuel varie d’un abonné à un autre, parce qu’il y a des abonnés qui produisent beaucoup d’ordures et ceux qui produisent moins n’ont pas la somme. Donc les prix varient entre les 750 Francs CFA à 5000 Francs CFA » , a-t-il expliqué.

Youssouf OUEDRAOGO, Président de l’AJADD

Par contre, l’Association WASONGMA, qui nous a reçue à la date du 30 mai 2023, dans l’exercice de ses activités se trouve confrontée à une insuffisance de matériels de travail. Comme le relate Abdoulaye SAWADOGO, représentant du Président de ladite association. « Le nombre de tricycles est réduit, donc ça ralentit un peu le travail et les gens ont l’impression que nous ne travaillons pas », dit-il. L’AJADD est aussi confrontée aux mêmes problèmes logistiques et elle lance un appel de soutien à l’endroit de la mairie de quelque nature que ce soit.

La participation et la mobilisation citoyenne sur la question de l’hygiène de l’assainissement

Depuis le 12 mai 2023 la population de Kaya se mobilise pour le curage des caniveaux afin de faciliter le passage des eaux de pluies. Comme l’affirme Asalfo ZAGRE, habitant au secteur 01 à Kaya : « Nous ne faisons pas partie d’une association, c’est l’OCADES et le PAM qui nous ont demandé de rendre propre notre quartier et les habitants de chaque secteur sont sortis pour les travaux d’intérêt général ». Mais on assiste à une faible implication des habitants dans certains secteurs comme celui de M. ZAGRE en matière de propriété. « Nous avons les habitants de ce quartier qui jettent les ordures à leur guise et en plein centre villes de tous ordres », s’est-il indigné.

Les habitants du secteur 01 de Kaya en plein curage des caniveaux

Le plus souvent, les caniveaux sont bouchés par les ordures jetées par les riverains, ce qui provoque les inondations chaque année au secteur 1 de Kaya. En plus des inondations, les habitants sont confrontés à des maladies comme le paludisme chaque année pendant la saison pluvieuse. La population se plaint de cette maladie, affirme la présidente des femmes du secteur 01 et, par ricochet, elle salue l’initiative et l’opportunité qu’on leur offre. « Je voulais dire merci encore pour cette opportunité de rendre notre cadre de vie propre à travers le curage des caniveaux. Ceci va nous permettre d’éviter les maladies telles que le paludisme ».
Ainsi, avec le dépotoir des ordures en plein centre-ville, les riverains s’en plaignent, car vivre au milieu des ordures est une source de maladie. C’est le cas de Honorine SANDWIDI, habitante au secteur 01 de Kaya : « Nous sommes nez à nez avec les ordures, ce n’est pas simple, nous respirons ces mauvaises odeurs ce qui nous rend malade et pendant la saison des pluies ce dépotoir est un nid de moustiques ». Par ailleurs, elle déplore l’attitude de son voisinage en ces termes : « Nous avons interpelé plusieurs fois le voisinage de cesser de jeter les ordures mais il continue. Nous avons aussi essayé de les mobiliser pour rendre propre notre milieu de vie mais personne ne s’est présenté. Nous avons aussi demandé de l’aide à la mairie mais jusqu’à présent rien ».

Dépotoir des ordures en plein centre ville, près des habitations

Suite à toutes ces tentatives de mobilisation restées vaines, un jeune commerçant du nom de Firmin SANDWIDI prend l’initiative de curer les ordures de son entourage. « Les ordures nous dérangent beaucoup, donc nous avons pris l’initiative de donner un coup de balai à ce dépotoir. Nous demandons à la mairie de nous aider afin que nous puissions en finir avec. J’ai mis assez de moyens pour qu’aujourd’hui ce lieu puisse être accessible, mais il reste toujours des efforts à faire vu l’étendue du terrain », a-t-il indiqué.
Au regard de tous ces maux qui minent le bien-être des Kayalais.es, le service de l’hygiène et de l’assainissement ambitionne, en termes de perspectives, de mettre en place une police de veille pour sensibiliser et surtout sanctionner tous ceux ou toutes celles qui déverseront les ordures dans les lieux publics. M. TOU interpelle la population à plus d’implication sur la question de l’hygiène et de l’assainissement de notre milieu de vie, car, pour lui, la cause de plusieurs maladies réside dans la mauvaise gestion des déchets solides.

Pélagie Talo, Observatrice CIVITAC, Kaya