Plateau central/Boussé : au cœur des boulangeries traditionnelles
Le pain traditionnel, bien que concurrencé par le pain moderne, a réussi à se faire une place et pas des moindres dans les habitudes alimentaires de la population de Boussé et des villages environnants. Ce pain, ou ‘’taab nin non’’ en langue nationale mooré, les Bousséens en raffolent, à tel point que l’on dénombre plus d’une dizaine de boulangeries traditionnelles dans le chef-lieu de la province du Kourwéogo. Celles-ci produisent régulièrement de grandes quantités de pain pour satisfaire leurs clientèles. Curieux d’en savoir davantage sur le fonctionnement de ces petites unités de production locale, l’Observateur Civitac, de passage dans la localité, s’est entretenu avec le responsable de l’une d’elles.
Issouf OUÉDRAOGO, originaire de la ville de Ouahigouya, est le propriétaire de la boulangerie Yadéga sise au secteur 1 de Boussé, à proximité de la route nationale N°2. Pour ce père de famille de 45 ans, la production des baguettes de pain local n’a plus de secret, puisqu’il totalise prés de 20 ans dans le milieu. « Je travaillais avec mon grand frère de 2004 à 2011, et en 2012 je me suis installé à mon propre compte. »
Dès 2h du matin, M. OUÉDRAOGO est déjà affairé dans sa boulangerie à pétrir la pâte, à former les baguettes et à les passer au four afin d’espérer avoir une bonne quantité de pain pour assurer le petit-déjeuner de ses clients, car, selon lui, « tu ne peux pas te réveiller après 2h du matin et faire du pain pour que quelqu’un l’accompagne avec son café. Ce n’est pas possible. » Au regard de la diversité de la clientèle de la boulangerie Yadéga, composée de grossistes et de détaillants, son propriétaire et ses employés produisent entre 1 000 et 1 500 baguettes de pain par jour. Ces baguettes sont distribuées aussi bien dans la ville de Boussé que dans les villages environnants comme Yaartenga, Laarlé, Kinkilma, etc.
L’activité semble nourrir son homme
Selon Issouf OUÉDRAOGO, les recettes enregistrées par jour varient entre 50 000 F CFA et 75 000 F CFA - à raison de 50 F CFA la baguette de pain - et souvent un peu plus quand ce sont les week-ends. Il explique : « Les week-ends nous arrivons à avoir beaucoup de clients, parce que la route est beaucoup fréquentée, les voyageurs sont nombreux et font escale pour acheter le pain, surtout quand nous venons tout juste de le faire sortir du four. Ils aiment ça. » Avec ces recettes, le métier semble nourrir son homme, mais M. OUÉDRAOGO n’est pas totalement de cet avis car, nous fait-il remarquer, en déduisant les dépenses qu’il y a derrière, notamment pour l’achat des ingrédients et du combustible, les employés à payer, etc. il ne reste plus grand-chose. Cependant il reconnaît que ce qu’il gagne permet à sa famille et à lui d’être à l’abri du besoin, ce qu’il estime comme le plus important.
Les difficultés, il n’en manque pas...
Comme dans toute entreprise, les difficultés, si minimes soient-elles, ne manquent pas, et M. OUÉDRAOGO ne dit pas le contraire dans la mise en œuvre de son activité : « C’est un travail qui demande beaucoup d’effort physique, parce que, comme je vous l’avais dit, chaque jour que Dieu fait, à 2h du matin, nous sommes sur pied pour travailler. Ce qui fait que nous ne nous reposons pas assez. En plus, pétrir la pâte à la main n’est pas chose aisée. C’est l’une des raisons mêmes qui effraient beaucoup de jeunes dans ce métier. » Aussi déplore-t-il un manque d’accompagnement dans le domaine de la boulangerie dans la commune : « Souvent on lance des subventions pour accompagner les entreprises du secteur informel, et quand on est informé on n’hésite pas à postuler, mais sans succès. Nous ne connaissons pas la raison, mais quand on chercher à savoir, on nous fait comprendre que ça ne concerne pas les boulangeries. »
Un cri de cœur des boulangeries traditionnelles de la commune est alors lancé par la voix du propriétaire de la boulangerie Yadéga auprès des autorités. Il exhorte ces dernières à prendre en compte à l’avenir, dans les projets, l’accompagnement des boulangeries traditionnelles. Il justifie ainsi cette doléance : « Le pain local de Boussé a quand même maintenant une renommée au Burkina et ne doit pas rester sans progresser. Il serait intéressant que les autorités accompagnent les boulangers locaux dans leur activité afin d’améliorer et d’augmenter leur productivité. »
Abdramane ZERBO, Observateur Civitac, Plateau central
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