La Fédération associative des étudiants ressortissants de la région du Nord (FAERRN) a organisé une conférence sur le thème ‘’Ba-yiri pa lobgd ne kugr ye, ba-yir lobgda ne tãn-dagre’’, transcris en français par : « On ne jette pas une pierre à sa patrie, mais une motte de terre ». C’était le samedi 22 juillet 2023 à l’Université Norbert-ZONGO de Koudougou, en présence de plusieurs étudiants et hommes de culture.

La spécificité de cette conférence est qu’elle a été entièrement animée en langue mooré, une façon pour la Fédération associative des étudiants ressortissants de la région du Nord (FAERRN) de montrer qu’elle reste attachée à la culture. Et qui mieux que Lassané SAWADOGO, artiste culturaliste et animateur radiophonique venu tout droit du Nord, pour animer cette conférence. Il dit avoir été stupéfait de voir des étudiants qui ont décidé d’épouser le mooré le temps d’une soirée au détriment du français. « La patrie est importante parce que c’est elle qui fait notre identité. Celui qui n’oublie pas sa culture sera toujours en avance », selon Issaka SORO, président de l’Association des étudiants ressortissants de la province du Yatenga, par ailleurs Secrétaire général de la FAERRN.

Le conférencier Lassané SAWADOGO (à droite) a salué le choix porté sur sa personne pour animer cette conférence.

Plusieurs angles ont été pris en compte par Lassané SAWADOGO dans son développement du thème « Ba-yiri pa lobgd ne kugr ye, ba-yir lobgda ne tãn-dagre » en mooré et traduit en français par : « On ne jette pas une pierre à sa patrie, mais une motte de terre ». Il explique qu’autrefois à l’école, les élèves étaient méprisés quand ils parlaient le ‘’mooré’’, mais aujourd’hui les choses ont changé. « Pour preuve, vous êtes revenus à vos sources et le fait de m’avoir choisi pour animer la conférence montre que vous n’avez pas lapidé la patrie avec une pierre mais avec une motte de terre », a fait savoir M. SAWADOGO. Il est allé plus loin en montrant l’importance de la culture dans la résolution des différents conflits que vivent les populations. Il a notamment fait cas de la parenté à plaisanterie ou rakiré qui existe dans les familles, entre les groupes ethniques, les villages, et qui constitue le ciment du vivre-ensemble de ces communautés.

Photo de famille du conférencier avec le comité d’organisation.

Cette conférence a réuni plusieurs participants avec en majorité les étudiants ressortissants de la région du Nord. Pour le Secrétaire général de la FAERRN, la conférence a été bénéfique pour les étudiants car elle leur permet de « cultiver des valeurs » pour un retour de la paix au Faso. Même son de cloche chez son adjointe, Jeanine Gloria SAWADOGO, qui, tout en se réjouissant de l’intérêt de la conférence pour les étudiants, n’a pas manqué d’aborder les difficultés rencontrées par le comité d’organisation. Celles-ci ont été d’ordre financier et sécuritaire, surtout parce qu’il fallait braver la crise sécuritaire pour déplacer le conférencier depuis la région du Nord jusqu’au Centre-Ouest, a-t-elle terminé.

Aziz KABORÉ, Observateur Civitac, Koudougou