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« En finir avec la loi de la jungle ! Être cet arbitre impartial », les vœux de 2024 de Raogo Antoine SAWADOGO, Président du Laboratoire Citoyennetés

A travers les lignes qui suivent, Raogo Antoine Sawadogo, Président du Laboratoire Citoyennetés, formule comme vœux, le retour de la paix au Sahel en 2024.

Un beau matin, une grande averse a forcé les animaux de la brousse à se réfugier dans une caverne sous une montagne de la contrée. Or, chaque espèce animale a ses principes et ses interdits de vie. Par exemple, le cobra n’aime pas qu’on lui caresse l’anus. Le lion, quant à lui, a horreur d’être fixé dans les yeux par qui que ce soit. Le scorpion, on le sait, est irascible quand on lui marche dessus. L’Homme aime la paix et la quiétude dans son environnement et ne supporte pas la coexistence avec les animaux sauvages. Il s’est retranché loin, dans la case, entouré de ses animaux domestiques.

Les règles de vie étant connues, chacun est tenu au respect strict des consignes. Malheureusement, l’irréparable et l’imprévu s’invitent souvent dans l’affaire et compliquent la situation. Le singe a la bougeotte et aime sauter de branche en branche quand il est dans les arbres, mais au sol il sautille d’un point à un autre sans se soucier de là où il atterrit. Par mégarde, il marcha sur la queue du scorpion qui réagit spontanément en piquant l’anus du cobra. Celui-ci se dressa et se mit en position d’attaque en scrutant les horizons autour de lui. Ainsi, son regard vient à se poser sur celui du lion, qui se mit lui aussi en position de défense. Tout en rugissant, il donna des coups de griffes et de morsures par-ci, par-là et chaque protagoniste reçut sa part. Dès lors, la coexistence pacifique se transforma en tohu-bohu généralisé.

Raogo Antoine SAWADOGO, Président du Laboratoire Citoyennetés

L’Homme lui-même, qui vivait tranquillement retranché dans son village avec ses animaux domestiques, a vu son territoire envahi suite au sauve-qui-peut des animaux sauvages qui craignaient d’être victimes du roi de la brousse. L’Homme se saisit alors de ses armes (coupe-coupe, arc, fusil, lance-pierres, etc.), frappant par-ci, par-là et faisant feu à vue sur tout ce qui bouge. Finalement le village s’est vidé. La caverne aussi s’est vidée de ses habitants. La pluie a douché tout le monde.

Depuis plus d’une décennie, la caverne du Sahel s’est vidée. Les villages « tranquilles » des autres régions du monde parfois inquiets, par moments compatissants et de temps en temps solidaires, sont de plus en plus exposés aux mêmes intempéries. Au Sahel, la complexité et la profondeur de la crise a presque réussi à déréguler les rapports entre États et Citoyens, à tel point qu’il devient presqu’utopique de construire un consensus pour un retour à la normale.

1. L’État tente vainement par tous les moyens (militaires, économiques, politiques, etc.) d’imposer son hégémonie, d’arbitrer et de réguler la vie de la nation pour faire revenir l’ordre.

2. Les partis politiques veulent réimposer la gestion de la cité par l’application du multipartisme et la gouvernance légitime.

3. Les religieux s’en remettent à Dieu à travers leurs dogmes nouveaux (Christianisme, Islam) ou ancestraux pour le retour de la paix sociale.

4. Les syndicats aspirent à continuer leur lutte contre la vie chère et pour l’amélioration des conditions de travail des salariés en général.

5. Les jeunes coalisés dans des mouvements divers (panafricanistes, anti-impérialistes, etc.) s’abonnent à la manifestation publique de leur colère.

6. Les médias, toutes tendances confondues (NTIC, influenceurs média traditionnels), accusent tous azimuts la vieille garde et l’Occident d’être responsables du pillage de nos ressources.

7. Les traditionalistes crient à l’abandon de nos us et coutumes ancestraux qui ont prévalu à la gestion des cités.

8. Certains acteurs de la communauté internationale pensent que la solution est de réinstaurer à tout prix la démocratie et l’État de droit à travers des élections.

9. Les partenaires techniques et financiers activent ou réactivent des sanctions de suspension de l’aide au développement.

10. Les citoyens des villages et des villes subissent les conséquences désastreuses et se donnent divers moyens de sécurisation sans tenir compte des valeurs de la société. Etc.

Mais tous récusent le rôle de l’arbitre. Et très peu sont prêts à assumer cette tâche d’arbitre et de régulateur impartial. Dans ces conditions, la vraie question est de savoir comment mieux s’ajuster, s’accepter mutuellement et opter pour des moyens de luttes communs partagés. Quelles sont les urgences, les priorités à établir dans une perspective de court, moyen et long terme ?

Pour sortir de cette jungle, commençons à reconnaître nos propres limites. Mettons les vrais et justes mots sur nos maux déjà au quotidien, dans nos familles, nos quartiers, nos services, nos temples et mosquées. Nous sortirons aussi de cette jungle en devenant chacun et chacune cet arbitre impartial, ce régulateur légitime capable de concilier les citoyens avec leur État, les communautés entre elles, les États entre eux.

Ce sont là mes vœux pour un retour de la paix au Sahel en 2024.

Ouagadougou, le 3 janvier 2024

Raogo Antoine SAWADOGO
Président du Laboratoire-Citoyennetés/ACE-RECIT
Officier de l’Ordre National
Ambassadeur de la Paix

     

 

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