Depuis 2016, le projet Target Malaria, expérimenté dans la ville de Bobo-Dioulasso, tente de venir à bout du paludisme en modifiant génétiquement les moustiques. Ce projet est dénoncé ce samedi 9 mars 2024 par la Coalition pour la souveraineté sanitaire lors d’une conférence de presse.

Le projet Target Malaria est aujourd’hui à sa deuxième phase de son ambition annoncée de venir à bout du paludisme à travers la modification génétique des moustiques. Huit ans plus tard, la mise en place de ce projet a conduit à des expérimentations au laboratoire sur les moustiques mâles en tenant compte que ce sont les femelles qui transmettent la maladie du paludisme. Après observation de ces résultats, un premier lâcher des moustiques génétiquement modifiés est survenu dans le village de Bana en 2019. Cette étape a permis d’étudier et de recueillir des données sur les comportements de ces moustiques issus du laboratoire avant de les récupérer. Bien que l’usage de l’expérimentation génétique manque parfois d’être encadré par les lois, son usage pour le traitement de certaines maladies, dont le paludisme, est encouragé au niveau de l’OMS et a le soutien du Burkina Faso à travers son Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS).

De la gauche vers la droite : Ali TAPSOBA, Nestor PODASSÉ et Abou Alifata TÉGUÉRA.

Cependant, la Coalition pour la souveraineté sanitaire (COSOUSA) met en garde contre ces expérimentations qu’elle qualifie de forçage génétique. Elle soutient notamment que le lâcher de Bana a eu plusieurs conséquences indésirables sur la population, dont une baisse de la natalité, et appelle à un arrêt immédiat des expérimentations en cours parce que les populations ne seraient plus consentantes et que le consentement libre et éclairé n’a jamais été donné pour ces expérimentations.

Un aperçu des participants.

Les conférenciers ont ajouté aussi qu’il y a pléthore de méthodes et de moyens pour lutter contre le paludisme, parmi lesquels le Plan d’action du ministère de la Santé, les tradipraticiens, la Commission nationale de lutte contre le paludisme. Ils estiment qu’un plan d’assainissement plus adéquat dans les villes permettront de venir à bout des moustiques.

D. Mouniratou GOUMBANÉ, Observatrice Civitac, Bobo-Dioulasso