Lors d’un bref passage dans la commune de Bani le 21 mars 2019, Civitac en a profité pour visiter le centre de collecte de lait de Bani, afin de découvrir une autre facette des potentialités de cette région sahélienne. Ce fut l’occasion également de s’enquérir des conditions de travail de ces femmes qui œuvrent quotidiennement pour valoriser ce qu’il convient certainement de considérer comme un patrimoine culturel dans cette région du Burkina Faso.

Zone d’élevage par excellence, la région du Sahel est, par conséquent, un grenier de lait local. Pour la transformation de ce lait, plusieurs unités ont été installées un peu partout dans les chefs-lieux de commune de la région. Le centre de collecte de lait de Bani est l’une de ces unités de transformation qui mettent à la disposition des populations locales des produits dérivés du lait, tels le yaourt, le « dèguè », ou encore le « gapal ».

Installé en 2016 grâce au projet « Seeds for solutions », financé par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’autres partenaires, le centre emploie sept (07) femmes. La collecte de lait se fait au centre et dans les villages environnants de la ville de Bani. Le centre a une capacité de production journalière de quarante (40) à cinquante (50) litres de lait, tous vendables dans la même journée. Le yaourt et le dèguè y sont essentiellement produits pour le moment.

Ce centre de collecte de lait est l’un des exemples parfaits de l’autonomisation économique des femmes. Grâce à cette activité, ces femmes parviennent à subvenir un tant soit peu à certains besoins basiques de leurs familles. Les questions de scolarité des enfants ou de santé de la famille en général sont très souvent résolues avec leur appui. Annata SANDÉ était auparavant dans l’orpaillage. Aujourd’hui elle est très heureuse de travailler dans le centre. Avec ce qu’elle gagne, elle dit pouvoir prendre soin de sa famille, même en l’absence de son époux.

Cependant, le centre est confronté à des problèmes qui freinent son plein essor. Le manque de lait, d’eau, de matériel et l’insuffisance d’électricité constituent les points noirs de cette jeune unité. Si la quantité de lait transformé est faible, il y a bien une raison. « En saison sèche, le lait se fait rare parce que les animaux n’ont plus suffisamment de quoi se nourrir comme pendant la saison hivernale. Ce qui fait que leur productivité est faible », explique Hindatou CISSÉ, notre guide du jour, par ailleurs secrétaire du centre.

En plus, à cause du manque de robinet dans la cour, les femmes sont obligées de se rendre à la borne-fontaine pour s’approvisionner en eau. Toute chose qui leur fait perdre du temps dans la transformation du lait. Quant au matériel, le centre ne dispose que de deux réfrigérateurs pour la conservation des produits, ce qui est insuffisant, selon la secrétaire.

Pour ce qui est du courant, tout fonctionne grâce au solaire, le centre étant situé dans une zone que la société nationale d’électricité ne couvre pas jusqu’à présent. Mais le solaire à lui seul n’arrive pas à alimenter suffisamment les réfrigérateurs.

A travers cette activité, les femmes démontrent une fois de plus leur volonté à s’émanciper économiquement. Mais ce désir de voler de leurs propres ailes se réalisera très difficilement tant qu’elles n’auront pas l’appui nécessaire. Les accompagner à prendre leur envol, c’est faire en sorte qu’elles jouent pleinement leur partition dans le développement local, et par ricochet du pays tout entier.

Romuald Windenonga OUEDRAOGO, Observateur Civitac, Dori