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« Les ressources transférées aux collectivités sont insuffisantes », Baoui NAMA, maire de Sapouy

À l’issue de la troisième session ordinaire du Conseil municipal de l’année 2019 de Sapouy, tenue le 1er octobre dernier, le maire de la commune a bien voulu accorder un moment d’échange à Civitac. Dans cet entretien, il a essentiellement été question, avec Baoui NAMA, des ressources de la commune pour la mise en œuvre de ses actions, de l’accompagnement des partenaires à la commune, du foncier et des difficultés que rencontre la commune. Lisez plutôt !

Civitac : Le Conseil municipal vient de tenir sa troisième session ordinaire lors de laquelle d’importantes décisions pour la mobilisation des recettes ont été prises. Comment compte-t-il s’y prendre pour que leur mise en œuvre soit effective ?

NAMA Baoui : Je crois qu’il y a certaines qui seront faciles à mettre en œuvre. Il suffit de mobiliser les documents nécessaires qui permettent d’avoir les tickets de taxes et, une ou deux fois, faire sortir la police pour que les gens sachent qu’ils doivent payer des taxes à la mairie. Mais avant cela, des communiqués dans les différentes langues seront faits à la radio pour informer les populations.

Pour l’année 2019, comment jugez-vous la mobilisation des recettes ?

Au point de vue mobilisation des recettes connues au niveau des impôts, l’évolution est bonne. Mais nous pouvons mieux faire, comme je le dis toujours, parce que nous constatons qu’au niveau de certaines locations notre force de frappe devait être plus lourde que cela. Mais malheureusement c’est le contraire. Je prends l’exemple des chaises qui sont pratiquement toutes cassées. C’est pourquoi nous sommes en train de revoir la formule de leur location. Désormais, lorsqu’elles seront louées, ce sera sous forme de contrat, à ce moment s’il y a des dégâts ce ne sera plus à la mairie de se charger de la réparation mais à la personne qui les aura louées. Il y a aussi beaucoup de demandes d’occupation gratuite de la mairie par les administrations alors que nous aurions bien voulu louer notre salle pour pouvoir avoir de l’argent.

Quel regard portez-vous sur les ressources transférées de l’Etat aux collectivités territoriales ?

Il est triple. Premièrement, je trouve que les ressources transférées aux collectivités sont insuffisantes. Elles sont d’autant insuffisantes que nous ne comprenons même pas comment elles sont transférées. Par exemple, dans le domaine scolaire, on dit que tout est transféré à la commune. C’est ce qui est même dit aux instituteurs et autres. Je prends le cas de Sapouy que je connais le mieux. Cette année, j’ai vu près de 300 tables-bancs posés à la Direction provinciale de l’éducation nationale. Lorsque je me suis renseigné, on m’a fait savoir qu’ils viennent du ministère qui dit être en train de voir, en fonction de ses statistiques, comment il va les partager. Pendant ce temps, nous avons beaucoup de demandes de tables-bancs qui, souvent, ne dépassent pas les 3 ou 5, question de compléter certains besoins. Nous estimons que les ressources transférées sont donc insuffisantes. Autant nous donner tout pour que l’on puisse gérer les problèmes qu’on a.

Deuxièmement, il y a le rythme d’arrivée des ressources. Pour moi, normalement, elles doivent être disponibles au niveau de la commune au plus tard la fin du deuxième mois de l’année. Mais très souvent on attend à la fin du trimestre, voire même celle du deuxième trimestre, sans bénéficier de ces ressources. On finit d’exécuter des marchés, on émet des mandats et le trésorier est obligé d’expliquer que les ressources ne sont pas encore arrivées. Ce sont des choses déplorables qu’il faut s’atteler vraiment à corriger.

Troisièmement, il y a la mauvaise répartition des ressources, surtout au niveau de la santé. La santé continue à virer à la commune de Sapouy des ressources pour quatre CSPS, alors qu’elle en dispose actuellement d’une dizaine qui sont opérationnels. On a évolué de quatre à dix, soit six de plus, et on continue à nous envoyer la même ressource. On se demande si c’est la Direction régionale qui ne reçoit pas les vraies statistiques que le médecin-chef leur envoie, ou si c’est elle qui ne les transfère pas au niveau central pour que le ministère puisse tenir compte de tous nos CSPS. Tout cela fait qu’on est obligé de jongler, ce qui ne devrait pas être le cas.

Quelle appréciation faites-vous de l’accompagnement des partenaires dont bénéficie la commune de Sapouy, notamment celui de la Coopération suisse à travers le Laboratoire Citoyennetés ?

Au niveau de tout ce qui est accompagnement Coopération suisse avec CADEPAC et Labo Citoyennetés, nous sommes satisfaits, à part cette année où ils ont quand même diminué l’aspect investissement. Ils ont toujours été opérationnels. Ils nous ont appuyés sur le plan institutionnel, à travers le Labo Citoyennetés, pour que l’on puisse fonctionner normalement. Vraiment nous leur tirons notre chapeau parce que nous sommes satisfaits de la façon dont ils réagissent assez rapidement dès qu’ils ont tous les documents justificatifs.

La participation citoyenne est un élément clé de la bonne gouvernance. Qu’est-ce qui est fait au niveau de Sapouy pour impliquer davantage les populations dans le développement de la commune ?

On essaie d’impliquer les populations, d’abord par la communication. A travers le Labo Citoyennetés justement on a signé un contrat avec la radio Loudon permettant de diffuser en direct les sessions du Conseil municipal. Ceux qui le souhaitent peuvent ainsi écouter les débats. En plus de cela, nous passons mensuellement à la radio pour expliquer ce que nous faisons, et dire aux populations ce que nous attendons d’elles pour que les choses puissent avancer comme elles le souhaitent. Nous avons également une association de jeunes indépendants avec lesquels on communique. Ils travaillent avec les différents groupes sociaux qui sont à Sapouy pour que ces derniers expriment leurs doléances que nous essayons de prendre en compte autant que nous pouvons.

La commune de Sapouy connaît pas mal de problèmes liés au foncier. Comment le Conseil arrive-t-il à gérer cette épineuse question ?

Arriver à gérer, c’est trop dire. Tous les jours on en parle. Tant qu’un dossier n’est pas clair, on le rejette automatiquement. Cela permet d’éviter que les gens nous envoient des choses qui se chevauchent. Si par exemple vous venez à la mairie pour les papiers de votre terrain, et je constate que dans la zone il est dit qu’il ne faut pas avoir plus de deux hectares, si je constate également que le terrain de votre femme ou de votre fils est collé au vôtre, je signe un seul papier pour vous. Je refuse de signer les autres parce que j’estime que si on devait diviser le Burkina par le nombre d’habitants, personne n’aura ce que vous avez eu, donc vous devez dire merci. C’est pour une question d’éthique et de justice. Des fois cela devient de la cupidité. Les gens viennent, ils prennent dix-huit hectares, ils ne sont même pas sûrs de pouvoir en exploiter cinq. Le reste c’est pour spéculer après. Nous essayons donc, à chaque fois que nous avons l’occasion, de sensibiliser les populations à travers les conseillers, les CVD, les coutumiers et les religieux. Nous faisons en sorte que la pression sur le foncier diminue, sinon cela va entraîner des problèmes tôt ou tard.

Quelles sont les difficultés que la commune rencontre généralement ?

Les difficultés sont nombreuses, surtout pour une commune comme Sapouy, qui est dite urbaine mais qui est à caractère rural. Dire qu’elle est urbaine, cela signifie qu’il y a certains projets qui n’interviennent que dans les communes rurales. Dire qu’elle est rurale signifie aussi qu’il y a certaines subventions, telles l’appui pour le paiement des agents reversés dans la loi 081, que la commune doit se débrouiller pour payer, alors que c’est l’Etat lui-même qui a prévu de subventionner cela. Il n’a pourtant rien donné. La commune doit payer ces salaires, du fait de la loi.

Il y a des difficultés de satisfaction dans les différentes écoles. Il y a par exemple des écoles qui ont été construites sans forages, sans latrines, comment voulez-vous que les enfants vivent ? Il y a également cette difficulté au niveau des CSPS comme je l’ai évoqué plus haut. Au niveau de l’Action sociale aussi, ça ne manque pas, il y a beaucoup de gens qui ont reçu leurs parents qui ont fui l’insécurité dans le Centre-Nord.

Au soir de votre mandat, qu’est-ce qui ferait votre satisfaction en tant que président du Conseil municipal ?

Ce qui ferait ma satisfaction au soir de mon mandat n’est pas forcément les dispensaires, les ouvrages qu’on aura réalisés, mais le fait qu’on dise que notre Conseil a été véridique, loyal et correct, aussi bien avec les ressources de la commune qu’avec la façon dont le Plan communal de développement a été conduit. Tout ce qui reste vient en bonus.

En novembre prochain se tiendra, à Manga, la 16e édition des Journées communales. Quelles sont vos attentes par rapport à cette rencontre entre élus locaux ?

Au cours de ces grandes rencontres, on se lie des amitiés certes, mais à mon avis on ne construit pas quelque chose qui sert après à nos populations. C’est comme un syndicat de maires qui se rencontrent mais qui ne poursuivent pas après pour voir si toutes les décisions prises ont été réalisées ou non. J’aurais préféré que tout cet argent que l’on met dans l’organisation de ces journées serve plutôt à organiser une sorte d’atelier. On élabore pour cela des termes de référence qui sont envoyés à chaque commune qui va dire ce qu’elle pense. Les propositions de cette dernière seront reversées à cet atelier. Et, aussi, que l’on mette en place un comité, non pas un comité de maires, mais des gens de l’administration qui vont permettre de mieux voir la phase 3 de la décentralisation.

Le message du maire aux populations de la commune de Sapouy…

J’aimerais juste dire deux choses : mon premier message est de demander aux populations de faire beaucoup attention à ce qui se passe actuellement autour de nous. Aujourd’hui le Burkina a mal à l’Est, au Nord, etc. C’est la case du voisin qui brûle, et si nous n’y prenons garde, c’est la nôtre qui prendra feu. Il faut très rapidement mettre les dispositions en œuvre pour contrer cela, et ce en invitant tous ceux qui viennent séjourner dans la commune à se signaler à la gendarmerie ou à la police.

J’invite aussi les populations à collaborer avec les Forces de défense et de sécurité en dénonçant tout acte suspect. On ne veut pas que quelqu’un vienne avec des chemins soi-disant différents pour nous créer des problèmes. Enfin, c’est inviter mes parents à penser toujours à demain avant de poser les actions aujourd’hui, surtout pour ce qui concerne le foncier. S’ils continuent dans la lancée actuelle à vendre à tout vent les terres, on risque de le regretter.

Propos recueillis par Romuald Windenonga OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Koudougou

     

 

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