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Koudougou : le CIFDHA et ses partenaires à la recherche de solutions concrètes au chômage des jeunes

Il s’est tenu, ce 24 février 2020 dans la salle des fêtes de la mairie de Koudougou, un café citoyen des jeunes avec comme thème : "Le chômage des jeunes au Burkina Faso, parlons-en". Portée par le Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA) avec l’appui technique et financier de la Coopération suisse, et en partenariat avec l’ONG Diakonia, la Direction régionale de la jeunesse du Centre-Ouest et le Conseil régional de la jeunesse du Centre-Ouest, cette rencontre, qui a eu comme panélistes des responsables de partis politiques et d’organisations de jeunesse, a permis d’échanger sur les solutions concrètes au chômage des jeunes.

C’est un café citoyen qui a mobilisé une jeunesse en grand nombre dans la salle des fêtes de la mairie de Koudougou qui a tenu toutes ses promesses. Des présentations en passant par la qualité des interventions des différents panélistes, les participants ont été servis à la hauteur de leurs attentes. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il a été procédé à une présentation de la plate-forme présimètre, cet outil développé par Diakonia à l’issue des élections de 2015 et de 2016, et qui permet aux différents acteurs de faire un travail de monitoring de la mise en œuvre des politiques publiques. Au-delà de la plate-forme, il y a l’émission dialogue citoyen sur les antennes de la télévision nationale où les membres du gouvernement passent pour être interrogés sur les initiatives prises par leurs départements dans le cadre de la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES).

Le chômage des jeunes, une responsabilité partagée

Pour échanger autour du thème choisi pour ce café citoyen, des acteurs issus du monde politique et des associations de jeunesse ont été invités à partager leurs points de vue sur la question. Il s’agit de Adama OUÉDRAOGO, représentant du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), de André SEMDÉ, représentant de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), de Abdoul Kader Fatogoma BARRO, représentant de l’Organisation Démocratique des Jeunes (ODJ), et de Saïdou KOANDA, président du Conseil régional de la jeunesse du Centre-ouest. Si les uns et les autres ont reconnu que des actions sont menées contre le chômage des jeunes, ils n’ont pas manqué de fortement critiquer non seulement leur insuffisance, mais également l’inadéquation de certaines. Des programmes qui ne permettent pas aux jeunes, soit d’avoir du travail sécurisant et durable, soit de créer des entreprises durables.

L’absence de structuration du marché de l’emploi est aussi pointée du doigt comme l’autre cause du chômage des jeunes. En effet, selon les explications de M. SEMDÉ qui a souligné ce point, c’est un marché où l’offre et la demande ne peuvent pas se rencontrer, et ce en raison du fait qu’il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui permettent la création d’emplois. Quant à M. BARRO, il a insisté sur la mal gouvernance qui se manifeste par la corruption et les détournements. « Ces richesses pouvaient permettre la création d’entreprises qui absorberont les jeunes en quête d’emplois », a dit le représentant de l’ODJ avant de déplorer l’absence de volonté du gouvernement à mettre en place de véritables programmes au profit des jeunes. S’exprimant à son tour, le président du Conseil régional de la jeunesse a laissé entendre que les jeunes doivent prendre conscience qu’il est certes important de faire de grandes études mais, en même temps, il faut penser avant la fin de ses études à ce que l’on pourrait faire.

Si selon lui il y a lieu de reconnaître que les opportunités existent de nos jours, il n’en demeure pas moins, malheureusement, qu’elles sont soit méconnues des jeunes, soit difficilement accessibles à une catégorie de jeunes. « Ces opportunités s’orientent beaucoup plus vers les jeunes qui sont dans les grandes villes et oublient ceux qui sont dans les zones rurales. La preuve est que des centres professionnels sont dans leur majorité situés dans les chefs-lieux de région. C’est pareil avec les dispositifs de financement », explique-t-il, avant d’ajouter que : « Des mécanismes ont été mis en place pour permettre aux jeunes d’avoir de l’expérience, comme par exemple le Programme national de volontariat. Mais est-ce que les jeunes ont l’information sur ces opportunités ? C’est pourquoi la première des choses c’est de changer de paradigme. Plutôt que d’encourager les jeunes à faire uniquement de grandes études, il faut les encourager aussi à faire des études professionnelles et techniques. Pour cela, il faut créer les conditions. Il faut également améliorer la communication sur les opportunités de formation et de création d’emplois. »

Ne pas toujours tout attendre du Gouvernement
À la suite de toutes ces interventions, les participants ont eu droit à la parole et se sont exprimés sans langue de bois. Tout comme les panélistes, ils ont reconnu la part de responsabilité de l’Etat sans occulter la leur. A l’issue de la rencontre, certains participants ont donné leurs impressions. Étudiant en deuxième année d’économie à l’Université Norbert-ZONGO, Ibrahim SOMTORÉ confie : « C’est une rencontre qui nous a permis d’avoir un aperçu sur l’état du chômage dans notre pays et aussi de se prononcer en vue de trouver des solutions. Pour que le changement s’opère, les uns et les autres se doivent au préalable de changer leur manière de faire. On ne peut passer son temps à dormir comme si l’on était en compétition avec les morts et vouloir être excellent dans le monde des vivants. Il faut conscientiser la jeunesse afin que chacun prenne son destin en main. Sinon, quelle que soit la capacité du pouvoir en place, on n’y arrivera jamais. »

Ibrahim SOMTORÉ, étudiant en deuxième année d’économie

Gilberte KONDOMBO, étudiante en 1ère année de Lettres modernes, toujours à l’Université Norbert-ZONGO, souhaite, pour sa part, que l’on revoie les conditions d’attribution des fonds aux jeunes afin que le maximum puisse en bénéficier. Elle invite par ailleurs ses camarades à souvent essayer de faire quelque chose par eux-mêmes en attendant d’autres opportunités, plutôt que de toujours tout attendre de la part du Gouvernement. De son côté, le président du Conseil régional de la jeunesse a beaucoup apprécié le niveau des débats. Toute chose qui, selon lui, les réconforte que l’activité était nécessaire et utile. Et celui-ci de lancer son cri de cœur aux participants, composés essentiellement d’étudiants : « Quels que soient les politiques et programmes pour les jeunes, la solution au chômage des jeunes viendra des jeunes eux-mêmes. Tant que nous allons continuer à être des étudiants ‘carriéristes’, tant que nous allons continuer à être des étudiants triangulaires, c’est-à-dire restaurant-rue-maison, tant que nous n’allons pas aller à la recherche des opportunités, il est clair que nous allons finir nos études, mais nous allons entamer notre carrière de chômage. Le plus gros boulot revient aux jeunes. Il faut que l’on puisse s’assumer. Il faut se former, se créer un réseau suffisamment fort pour faciliter son accès à l’emploi. C’est une interpellation pour que nous puissions dès maintenant commencer à réfléchir sur les moyens d’être beaucoup plus autonomes bien avant la fin de nos études. »

Romuald Windenonga OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Koudougou

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