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La filière karité : un potentiel à exploiter, mais aussi une ressource à protéger

Les experts sont unanimes, l’arbre à karité, connu sous le nom de Taaga en mooré et o santibu en gulmacema, reste encore aujourd’hui essentiel dans sa contribution à la sécurité alimentaire des populations locales. Et pour cause, l’arbre à karité a prouvé sa prévalue dans le levier de nos économies paysannes. Il est la principale source d’huile alimentaire, de protéines. Il sert de coupe-faim pour les agriculteurs lors des travaux champêtres. Cet or vert joue également un grand rôle dans le développement des collectivités territoriales mais est aujourd’hui une espèce menacée d’extinction.

Selon l’Agence pour la promotion des exportations au Burkina (Apex-Burkina), le pays des Hommes intègres compte 280 802 860 pieds d’arbres de karité avec un potentiel de production d’amandes de karité évalué à 1 247 295 tonnes par an, dont seulement un taux réel d’exploitation évalué à environ 32%, soit 404 412 tonnes. Environ 68% de ce potentiel, soit 842 883 tonnes, restent inexploités. Malgré cela, la filière karité occupe de nos jours le 7e rang des produits d’exportation du Burkina Faso après l’or, le coton, le sésame, l’anacarde, le zinc et la filière bétail/viande, avec une contribution de 0,6% au PIB.

L’arbre à karité.

L’arbre à karité pousse à l’état naturel sur toute la bande sahélo-soudanaise dans environ 18 pays que sont le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Sénégal, le Niger, le Cameroun, le Tchad, la RDC, la Guinée-Bissau, l’Ouganda, l’Ethiopie, la Sierra Leone, le Soudan et la République centrafricaine.

Il existe deux espèces d’arbres de karité, à savoir la variété vitellaria paradoxa et la variété vitellaria nilotica. En termes de peuplement d’arbre à karité, le Burkina Faso occupe le deuxième rang après le Nigeria. Le peuplement d’arbres de karité au Burkina Faso est passé de 190 millions d’arbres à 280 802 860 millions d’arbres (MEEVCC, 2017). Le potentiel de production d’amandes de karité du Burkina Faso est passé de 850 000 tonnes d’amandes par an à 1 247 295 tonnes par an, avec seulement un taux réel d’exploitation situé à environ 32%, soit 404 412 tonnes (MEEVCC, 2017).

Excepté le Sahel, toutes les 12 autres régions du pays sont dotées de parc de Vitellaria paradoxa.
En matière d’importance en peuplement, les six régions les plus peuplées sont la région des Hauts-Bassins avec un taux de 16,19%, la région des Cascades avec 15,65%, la région du Centre-Ouest avec un taux de 15,48%, la région du Sud-Ouest avec un taux de 14,97%, la région de l’Est avec un taux de 12,43% et enfin la région de la Boucle du Mouhoun avec un taux de 10,54% (Apex-Burkina, Monographie de la filière karité, 2019).

Par rapport au potentiel de production, le classement est un peu différent. Ainsi, la région des Hauts-Bassins vient en tête avec un taux de 20,47%, suivie de celle des Cascades avec un taux de 20,21%. La région du Sud-Ouest vient en 3e position avec un taux de 18,93%, suivie de la région du Centre-Ouest avec un taux de 17%. Par ailleurs, la région de la Boucle du Mouhoun vient en 5e position avec un taux de 13,32% et, enfin, la région de l’Est vient en 6e position avec un taux de 3,41% (Apex-Burkina, Monographie de la filière karité, 2019).

Répartition de la population et potentiel de pieds de karité par région.

On note l’existence de la norme burkinabè de qualité NBF 01-004-2006 sur les amandes de karité et la norme burkinabè NBF 01-005-2006 sur le beurre de karité non raffiné. Les exportations de beurre de karité du Burkina Faso en 2015 étaient de 2 263 tonnes, soit une part de marché mondial, en volume de 2,1% (Apex-Burkina, Monographie de la filière karité, 2019).

Des feuilles à la noix, plusieurs produits bien utiles sont issus de l’arbre à karité.

Boulettes de beurre de karité.

• Les feuilles sont utilisées en médecine traditionnelle comme bains de bouche, ou comme infusion contre les maux oculaires, les névralgies dentaires, les maux de ventre, les maux de tête. Il est possible d’en tirer des huiles essentielles. Elles sont aussi utilisées dans les cérémonies traditionnelles pour protéger les nouveau-nés et confectionner des masques. Selon les périodes de l’année et les régions, elles peuvent aussi être utilisées comme fourrage.
• Les fleurs sont préparées en salade et utilisées dans la fabrication du miel. Elles produisent aussi des huiles essentielles.
• Les écorces sont utilisées dans la maroquinerie pour adoucir les peaux, et dans la médecine traditionnelle pour traiter l’amibiase, la lèpre, ou les morsures de serpents, mais aussi pour faciliter l’accouchement et la production de lait chez la femme allaitante. Le bois de karité est utilisé d’une part dans la construction de maisons et palissades (il est très résistant face aux termites), et d’autre part dans la production de charbon de haute qualité. Cette dernière est fortement déconseillée en regard des problèmes environnementaux analysés précédemment.
• Les racines sont utilisées comme remède contre la diarrhée, les maux de ventre et de dents.
• La chenille Cirina forda (défoliateur du karité, plus connu sous le nom de Chitoumou) est comestible, très riche en protéines, et peut être consommée séchée ou frite.
• Les fruits sont convoités pour leur pulpe très sucrée. La pulpe peut être consommée directement, préparée en confiture, ou utilisée pour la fabrication d’alcool. Elle est également utilisée pour l’alimentation animale.
• Les noix de karité contiennent des amandes, qui sont utilisées dans la médecine traditionnelle pour lutter contre le paludisme, et servent à la fabrication du beurre de karité.
• Les coques des noix servent à la fabrication de briques. En outre, elles sont utilisées comme fertilisant pour le compost, comme insecticide, comme exfoliant corporel, ou encore comme matière première dans la fabrication de contreplaqués.
• Le beurre est très utilisé localement comme graisse de cuisine et combustible pour les lampes. Il sert également de matière première dans l’industrie cosmétique, et entre dans la fabrication de nombreux produits (shampoing, soins de visage et de corps, produits capillaires, savon, etc.). Dans l’industrie agroalimentaire, il est raffiné et sert à la fabrication de la margarine, ou fractionné pour venir se substituer au beurre de cacao dans la fabrication du chocolat. Il est également utilisé dans l’industrie pharmaceutique. Le karité possède également des composants bioactifs qui entrent dans la composition de nombreux produits cosmétiques.
• Les tourteaux sont les résidus restant à l’issue du processus de production du beurre. Ils peuvent être utilisés comme combustible, comme composant du crépi pour les maisons, comme compost, comme produits bioactifs ou encore comme alimentation pour le bétail.

Les femmes jouent un grand rôle dans la filière mais pas toujours récompensées.
La filière karité est l’une des rares filières ayant un potentiel économique important où le rôle des femmes est reconnu.

Des femmes travaillant les noix de karité pour la fabrication du beurre.

Elles représentent 90% des intervenants, dont une grande partie est regroupée au sein d’organisations professionnelles (groupements, associations, coopératives, unions ou fédération) réparties le long de la chaîne de valeur. On compte plus de 1 600 organisations de ce type qui travaillent au développement de la filière. Mais la pénibilité du travail est largement disproportionnelle aux recettes engrangées, surtout pour celles travaillant en indépendantes, car on voit rarement ces dames sortir de la pauvreté.

Un arbre en voie de disparition qu’il faut nécessairement protéger.
La baisse de la pluviométrie, la déforestation et surtout l’action de l’homme fait de l’arbre à karité une espèce menacée d’extinction. Il est cependant protégé par CITES et le code forestier national. Malgré ce fait, l’arbre à karité continue d’être exploité pour son bois comme moyen de chauffage et pour la production de charbon. Il est constamment agressé. Son habitat souffre de l’empiétement croissant des cultures et des populations humaines.

Un arbre de karité sauvagement agressé.

Il est donc de l’intérêt des différents acteurs d’œuvrer avec rigueur à la protection de cette ressource en développant des parcs à karité, car il est évident que sans arbre il n’y a pas de chaîne de valeur. En plus, il est connu que l’établissement de parcs forestiers (système traditionnel d’exploitation des terres dans lequel des végétaux ligneux pérennes sont délibérément conservés en association avec les cultures, Wala et al., 2005) à karité dans des zones protégées, l’organisation du processus de cueillette des noix et la définition géographique d’aires de récolte figurent parmi les nombreuses initiatives qui contribuent à la certification bio, ce qui générera de meilleures opportunités de revenus pour tous les acteurs de la filière. La Table filière karité (TFK) créée en février 2000 pour regrouper tous les acteurs doit engager et maintenir un cadre permanent de réflexion sur la question.
Emmanuel DIABOUGA, cadre au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie et consultant en études environnementales et sociales, tout en interpellant à la protection accrue des peuplements de karité notamment dans les champs, rassure qu’il y a de la place pour les investisseurs nationaux et étrangers qui disposent de projets d’investissement dans la filière, notamment pour son maillon transformation qui est le maillon le plus faible de la chaîne de valeur de la filière.

Personnes ressources et références documentaires :
-  Centre du commerce international, 2014, Stratégie de développement durable de la filière karité du Burkina Faso, 2015-2019
-  Apex, 2019, Monographie de la filière karité au Burkina Faso
-  Badini Z., Kaboré M., Van der Mheen-Sluijer J. et Vellema S., 2011, Chaînes de valeur de la filière karité au Burkina Faso ; Value Chains for Pro-poor Development (VC4PD) Research Paper, No. 14
-  Emmanuel Diabouga, agent au ministère de l’Environnement du Burkina

Tûwênd-Nooma Jean Damase ROAMBA, Observateur Civitac, région de l’Est

     

 

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