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Crise sécuritaire et accès à l’eau potable dans la ville de Ouahigouya : la résilience et l’entraide des habitants

La crise sécuritaire qui a provoqué le déplacement massif des populations des villes et villages environnants vers Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, a un impact humanitaire pour l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. La pression de besoin en eau a considérablement augmenté. Nous sommes allé nous imprégner du quotidien des populations sur ce sujet ce 12 juin 2023.

Plusieurs raisons expliquent l’augmentation du besoin en eau dans la ville de Ouahigouya. Il y a l’afflux massif des personnes déplacées internes (PDI) qui crée une pression accrue sur les points d’eau existants, déjà défaillants avant la crise. Le nombre de déplacés internes a augmenté de façon exponentielle à Ouahigouya ces deux dernières années. Plusieurs communes et villages limitrophes ont trouvé refuge dans la ville au regard du contexte sécuritaire difficile.

Sous la pression également des groupes armés, marquée par des vols de bétail, assassinats, enlèvements et autres formes de violences, les éleveurs se sont déplacés en ville. Le pâturage se fait presque en ville avec tout son corollaire.

Le changement climatique impacte aussi négativement sur les ressources en eau et l’asséchement des sources réduit encore davantage la disponibilité d’eau.

En plus de ces raisons, on peut citer les attaques ciblées contre les points d’eau de plus en plus récurrentes qui diminuent la disponibilité d’eau dans les zones.

Installation ONEA au barrage de Goinré.

Au niveau de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), pour un besoin journalier en eau de 7 000 m³, il n’est fourni actuellement qu’environ 3 000 m³ par jour selon les responsables dudit service. Le déficit en besoin d’eau de la ville s’élève ainsi à 4 000 m³ selon les données de l’agence ONEA à Ouahigouya.

Tous ces facteurs occasionnent un déficit en eau potable dans la ville de Ouahigouya, augmentant ainsi les risques de tensions sociales.

Plusieurs mesures sont prises par les ONG, les populations et les autorités pour atténuer ou faire face aux situations présentées. Parmi lesquelles, au niveau de l’autorité, on note la réalisation du barrage de Guitti. Financé par l’Agence française de développement (AFD), le projet de ce barrage va permettre, à terme, une production journalière de 30 000 m3 d’eau potable. Le projet va également permettre la desserte des localités situées entre Ouahigouya et Guitti, situé à 60 km. En attendant donc la réalisation de ce projet tant attendu, l’ONEA s’appuie sur des mesures palliatives. « Pour faire face à des situations de pénurie et pour alléger les souffrances des populations, nous procédons souvent à une distribution alternée dans les quartiers et secteurs chaque deux jours », explique un responsable de l’ONEA.

Les ONG également sont dans une démarche de soutien des populations. On note à leur niveau l’installation des polytank d’eau et des forages dans les quartiers populaires de la ville. Ces points d’eau aident les populations.

Un point d’eau d’un particulier installé à l’entrée de Ouahigouya.

Au-delà de ces mécanismes, il y a les installations des points d’eau par les particuliers. Certes, ces eaux sont vendues aux populations, mais cela pallie les difficultés de manque d’eau. « Actuellement à Ouahigouya, nous ne rencontrons presque pas de soucis d’accès à l’eau. Vous voyez dans notre zone non lotie, il y a des installations un peu partout. Il y a aussi les puits dans les bas-fonds qui nous soulagent », a souligné Azéto GANAMÉ, PDI à Ouahigouya, quartier Gondologo. « C’est vrai qu’on paie, mais cette année, comme le barrage ne s’est pas tari totalement, Ouahigouya ne souffre pas assez. Certes, il y a de temps en temps des coupures au niveau du robinet, mais on s’en sort tout de même, car il y a de livreurs d’eau ambulants pour pallier certaines difficultés », a renchéri Bibata OUÉDRAOGO, habitante au quartier Tamsin à Ouahigouya.

Des femmes recevant de l’eau auprès d’un distributeur mobile d’eau.

Ces mesures sont ainsi une sorte de bouée de sauvetage pour les habitants de Ouahigouya.

Lire aussi : Ouahigouya : le maraîchage, une activité rentable, intégratrice et socle de cohésion sociale.

Abdoulaye OUÉDRAOGO, Observateur Civitac, Ouahigouya

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